Ni défaitiste, ni alarmiste, Georges Terrey, le Président du Syndicat National des Directeurs et des Tourneurs du Théâtre Privé s‘est montré juste réaliste lors de la présentation de la deuxième partie de la saison théâtrale du privé au Théâtre de Paris. « Nous connaissons une érosion, il faut rester vigilant, le public fait des choix et de disperse. » Sans vouloir donner de chiffres précis sur la fréquentation depuis la rentrée de septembre, les patrons du privé doivent retrousser leurs manches pour faire tourner leurs maisons. « Là où un spectacle faisait la saison, aujourd’hui deux ou trois spectacles sont nécessaires pour tenir l’affiche d’un théâtre, souligne Georges Terrey, il faut aussi s’adapter aux nouveaux modes de consommation, le zapping…et à la concurrence culturelle. Le cinéma se porte bien grâce aux productions américaines, et le public adore les grandes expositions. Aujourd’hui le public ne peut plus s’offrir le risque d’être curieux. »
Spectateur producteur…
Le salut du théâtre privé viendra peut-être des spectateurs qui pourraient participer au financement des créations, comme c’est déjà le cas dans le domaine de la musique (www.mymajorcompany.com) ou tout récemment dans le cinéma (La distribution du film « Le Siffleur » a bénéficié de 50 000 euros émanant de spectateurs producteurs). « Un apport marginal, mais qui sera puissant », espère Georges Terrey. Un site internet créé par Pierre Michelin (www.myshowmustgoon.com) propose dès ce mois-ci aux spectateurs de participer au financement des deux productions à l’affiche de La Pépinière Théâtre (« Non, je ne danse pas » et « Promenade de santé »). L’idée étant de prendre des parts dans le financement du spectacle (25 euros l’unité), de bénéficier ainsi d’invitations et de percevoir une quote-part du Résultat d’Exploitation si le seuil de rentabilité est atteint.
Malgré cela des directeurs continuent d’avoir de l’audace…
C’est donc dans ce contexte morose que les théâtres privés abordent la rentrée, en jouant la sécurité. Quelques théâtres continuent de prendre des risques et défendent des auteurs contemporains. Ainsi à la Pépinière Théâtre, Jean-Luc Revol met en scène « Non, je ne danse pas ! » de Lydie Agaesse. Les Mathurins proposent un monologue de Wallace Shawn dans une mise en scène de Lars Norén. La Madeleine explore deux monstres du 20ème siècle. Thomas Bernhard, (Auslöschung/extinction avec Serge Merlin) et Ibsen (Maison de Poupée avec Audrey Tautou) – surtout joués dans le théâtre public. Des spectacles à défendre.
Ces poids lourds qui devraient s’en sortir…
- « Audition » de Jean-Claude Carrière, mise en scène Bernard Murat avec Jean-Pierre Marielle au Théâtre Edouard VII
- Feydeau « on purge bébé » et « léonie est en avance » de Feydeau, mise en scène Gildas Bourdet avec Christina Reali, Dominique Pinon, et Pierre Cassignard au Théâtre du Palais Royal
- « David et Edward » de Lionel Goldstein, mise en scène de Marcel Bluwal avec Michel Aumont et Michel Duchaussoy au Théâtre de l’œuvre.
- « Face au Paradis » de Nathalie Saugeon, mise en scène Rachida Brackni avec Eric Cantona et Lorànt Deutsch à Marigny
- « Colombe » de Jean Anouilh, mise en scène Michel Fagadau avec Anny Duperey, Sarah Giraudeau et Rufus au Théâtre des Champs Elysées
- « Je l’aimais » d’après le roman d’Anne Gavalda, mise en scène de Patrice Leconte avec Irène Jacob et Gérard Darmon au Théâtre de l’Atelier
- « Seznec » de Robert Hossein au Théâtre de Paris
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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