Par un communiqué de presse, Franck Riester, ministre de la Culture, a annoncé le déploiement de 1000 Micro-Folies d’ici 2022 à l’occasion du Conseil national des Tiers-Lieux. Le Syndeac est engagé sans répit en faveur d’un soutien public pour la création et l’adresse artistique aux citoyens. Il défend avec force une politique publique fondée sur l’intérêt général et la nécessité de répondre au besoin de la population de se redonner du pouvoir d’agir et d’imaginer.
Nous avons alerté le gouvernement sur le fait que la modernité dont il se prétend porteur, est potentiellement un facteur de division : division symbolique, culturelle, pouvant accentuer le sentiment de relégation de tous ceux à qui il ne se sera pas donné d’imaginer leur place et leur contribution dans une société changée. On modifie le rapport des gens à leurs corps, à leur vieillesse, à leur environnement, à leur travail, à leur géographie et à leur mobilité, à leurs moyens d’expression etc. Cela ne peut se faire sans une politique culturelle nouvelle, proche, mais aussi profonde. Nous demandons une politique historique d’implantation des artistes et des compagnies partout où elles manquent : zones rurales, pavillonnaires, péri-urbaines, cœurs de ville, banlieues. Nous demandons que la question des architectures que cette politique soulève soit envisagée avec discernement et aussi liberté, à l’heure où tant de possibilités sont développées par de grands architectes français, et qu’elle le soit en coopération évidente avec les artistes et acteurs culturels eux-mêmes, et dans le cadre actuel des Olympiades Culturelles comme de ce que peut l’Europe.
Les Micro-Folies ne sont pas la réponse à ces besoins. Elles créent de la vulgarisation, de l’animation, mais ne répondent pas au travail fondamental de ce que peut l’art pour les citoyens, l’art qu’on fait, qu’on co-élabore, qu’on pense et qui porte avec la population ses actes d’hospitalité et ses usages.
Les Micro-Folies ne doivent pas être un simulacre, le simulacre de ce que peut et doit être une action longue, profonde, amicale et têtue avec la population. Les Micro-Folies agissent à contre sens ; elles fondent leurs raisons d’existence sur le constat d’un éloignement des œuvres et des gens mais dans le même temps elles le rédupliquent. Ici n’aura lieu qu’une fausse rencontre.
Cette annonce est un mauvais coup à notre secteur. Toute approche quantitativiste et massive mobilise les ressources de l’État pour l’atteinte d’un objectif politique, alors que la culture nécessite prise au sérieux des situations vécues, délicatesse, expérimentation, expressions que le Ministre a lui-même employées à l’occasion du CNPS plénier qui s’est tenu la semaine dernière.
Les Micro-Folies, comme le Pass culture, deviennent les gadgets d’une politique culturelle qui n’est pas vraiment décidée par le Ministre, mais plutôt par l’Élysée. Tous les arguments budgétaires rationnels qu’on nous oppose à propos d’une hausse dite impossible du budget du Ministère, se trouvent disqualifiés par cette politique des petits coups aux grands budgets. Nous nous inquiétons de voir des projets dispendieux se mettre en œuvre quand la structure d’une politique culturelle qui demande que son efficacité soit renforcée, n’est pas même soutenue dans ses fondamentaux
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