Le sujet à vif 2011 au jardin de la vierge du Lycée Saint-Joseph
Au départ, cela s’appelait Le Vif du Sujet : un danseur choisissait un chorégraphe, le chorégraphe était lui-même invité à choisir un compositeur. Le Vif du Sujet a évolué et est devenu aujourd’hui Sujets à Vif. La différence ? Un cadre moins strict, une proposition de départ plus ouverte, l’idée n’étant plus de partir de l’interprète mais de proposer aussi au chorégraphe de choisir son exécutant, d’ouvrir les collaborations entre différentes disciplines. Les artistes de cirque s’inscrivent ainsi dans la manifestation. C’est déjà la quatrième édition des Sujets à Vif, ces aventures détonantes au Jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph. Ces rencontres entre interprétation et écriture, ces moments d’expérimentation, concoctés en commun et avec jubilation, par le Festival d’Avignon et la Sacd, sont dorénavant un rendez-vous pérenne et incontournable. Huit créations, huit courts spectacles, huit questionnements, huit explorations. Ici se retrouvent la chorégraphie, le théâtre, la création musicale, le cirque, la mise en scène, la performance, autant de disciplines dont la Sacd a pour fonction de représenter les auteurs auxquels, une nouvelle fois, l’occasion est donnée d’échanger et de se mêler. Il s’agit aussi de moments d’explorations géographiques : les artistes composant ce programme viennent de France, mais aussi de Belgique, du Congo-Brazzaville, d’Haïti, du Maroc, du Nigeria, du Portugal, de Roumanie… Car pour pouvoir se faire connaître, il faut savoir accueillir. Laurent Heynemann président de la Sacd
Programme A
8 9 10 12 13 14 À 11H
TRENTE TROIS TOURS
une commande à David Lescot
Auteur, compositeur et metteur en scène, David Lescot cherche à allier écriture et improvisation, théâtre et formes non dramatiques, notamment la musique et le chant. En 2009, cette recherche le conduit à la création de L’Européenne, un spectacle à la sensibilité musicale et à la distribution polyglotte qui témoigne de son rejet de l’idée d’uniformisation des cultures. Toujours curieux et attentif au dialogue entre les arts, il convie aujourd’hui le danseur congolais DeLaVallet Bidiefono à partager le plateau avec lui.
Onze pièces de trois minutes, comme onze morceaux sur un disque vinyle, avec entre eux aussi peu ou autant de lien. Onze duos mettant aux prises, en présence, face à face, l’auteur et musicien David Lescot et le danseur et chorégraphe de Brazzaville, DeLaVallet Bidiefono. Le thème de l’album : se battre, comme une possibilité (parmi d’autres) de se connaître.
texte et musique David Lescot chorégraphie DeLaVallet Bidiefono interprétation DeLaVallet Bidiefono, David Lescot
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VOYAGE COLA
une commande à Bouchra Ouizguen
La chorégraphe marocaine Bouchra Ouizguen débute en tant que danseuse orientale avant de rencontrer Mathilde Monnier et Bernardo Montet et de se diriger vers la danse contemporaine. Partie prenante du Bocal de Boris Charmatz, elle se fraie sa propre voie, entre modernité et tradition. Elle signe notamment une dérangeante et douce Madame Plaza où la danse libère des contraintes morales et esthétiques. Aujourd’hui, elle confronte son univers à celui du chorégraphe Alain Buffard.
Des ritournelles d’enfants, des promesses de voyages, d’ailleurs et de meilleur. Une femme, une artiste, des racines des deux côtés de la Méditerranée avec sa cohorte de clichés et de présupposés. Voyage Cola esquisse le parcours de Bouchra qui, décidément, n’est jamais aux places que lui assignent les diktats. Rebelle, ou simplement elle – n’empêche qu’elle marche de l’avant, la fille. Alain Buffard
conception Alain Buffard fabrication et interprétation Bouchra Ouizguen
Programme B
8 9 10 12 13 14 À 18H
TERRE/CRI/EFFAREMENT DE TOUTE LA TERRE LE GRAND EFFAREMENT
une commande à Guy Régis Jr
Fondateur du Nous Théâtre, premier mouvement de théâtre contemporain en Haïti par l’audace de ses formes et de ses langages, Guy Régis Jr, créateur polymorphe, est à la fois poète, metteur en scène, dramaturge, comédien et vidéaste. Impliqué tout entier dans l’expérience de l’écriture, il la vit comme une « enivrante médication ». Ici, il tente de revenir, plus d’un an après le séisme qui dévasta son île, sur ce traumatisme pour lui donner un nouvel écho avec la complicité du compositeur et improvisateur Alain Mahé.
Deux femmes perchées sur une colline après une grande catastrophe. Pour révéler l’effroi. Leur effarement. Leur grand dédain du mal. Du mâle. L’effort de devoir vivre encore. Exister après cette chose indicible. Le rituel de la continuation. Deux femmes. D’elles-mêmes d’autres gens. Sur d’autres territoires éteints. Après une grande guerre. Une épidémie effroyable. Après le dur passage du mal. Du mâle. Elles ne terminent pas de parler. Elles ne terminent pas de se taire. Ne finiront jamais par tout dire. Comme jamais on ne finit jamais par tout dire au théâtre. Ressasser l’humaine condition. Le charme de la désolation. Guy Régis Jr
texte Guy Régis Jr composition sonore Alain Mahé interprétation Ese Brume, Nanténé Traoré
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HOW TO BECOME INVISIBLE
(Comment devenir invisible)
une commande à Eduard Gabia
Avant de signer ses propres chorégraphies, Eduard Gabia a dansé pour Karine Ponties, Thomas Plischke ou encore Thomas Lehmen. Avide d’expérimentations, le jeune chorégraphe roumain se plaît à explorer les limites physiques et à jouer avec les notions de temps. Dans cet esprit, il a participé au projet Brouillon mené par Boris Charmatz, une occasion d’investir la frontière entre espace d’exposition et performance. Aujourd’hui, il se lance dans une nouvelle expérience avec le chorégraphe, scénariste et acteur Rui Catalão et le producteur de musique électronique Minus.
Nous ne voyons aucun intérêt à produire un travail qui resterait caché aux yeux du public. Il nous faut aborder adroitement cette pièce, afin qu’une telle expérience, un spectacle invisible, puisse exister. Il serait bien naïf de penser que quelque chose n’est invisible que parce qu’il est caché. La question de l’invisibilité est beaucoup plus vaste que cela. Beaucoup de choses restent invisibles dans le processus de travail, cela s’appelle le surplus. Qu’est-ce qui, de nous, est visible ? Qu’est-ce qui reste invisible ? Ce qui reste invisible appartient à Dieu, mais si Dieu n’existe pas… Que choisir ? Eduard Gabia et Rui Catalão
chorégraphie Eduard Gabia conception Rui Catalão musique Minus interprétation Rui Catalão, Eduard Gabia, Minus
Programme C
19 20 21 23 24 25 À 11H
CONTES TORDUS
une commande à Julie Nioche
Interprète pour plusieurs compagnies et codirectrice avec Rachid Ouramdane de la compagnie Fin Novembre de 1996 à 2006, Julie Nioche, ostéopathe et chorégraphe, crée en 2007 A.I.M.E., Association d’Individus en Mouvements Engagés, qui travaille autour des cultures et des représentations du corps dans les champs de la danse, du travail social et médical. Ses pièces donnent une place radicale à la scénographie, la lumière et la musique. Elles impliquent les interprètes dans des danses « sensorielles et sensuelles », dimension oubliée de la fabrique politique des corps. Ici, elle rencontre pour la première fois Christophe Huysman, poète de la scène.
L’histoire de ce duo est une rencontre de deux interprètes, chorégraphe et auteur. Nous construisons avec nos corps imaginaires et nos histoires secrètes des contes. Dans une boîte à musiques, à couleurs, à paroles et à danses : le goût de la vie, la petite fille penchée, le garçon instable, je vous ai cherché quatre jours et quatre nuits. Julie Nioche et Christophe Huysman
chorégraphie Julie Nioche textes Christophe Huysman décor Gilles Gentner musique Alexandre Meyer costumes Anna Rizza
interprétation Christophe Huysman, Julie Nioche
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SOUS LES FEUX…
une commande à Pedro Pauwels
Formé chez Rosella Hightower à Cannes, Pedro Pauwels débute en tant qu’interprète au sein de la compagnie Karine Saporta et travaille avec Odile Duboc pour la création du Projet de la matière. Adepte du mélange des arts, il n’hésite pas à convoquer le théâtre, la danse hip-hop, les musiques improvisées mais aussi le cirque, comme en témoigne Libellule, la pièce qu’il a créée pour le jongleur Jérôme Thomas. Il continue cette expérience en faisant appel aujourd’hui au circassien Jörg Müller.
Poussé en permanence à être sous les feux, l’homme contemporain semble malgré tout connaître sa destinée, sa mission. Esquives, détours, acceptations, agressions, déséquilibres, il est comme un animal, soumis à une vigilance accrue pour que rien ne stoppe son avancée… Ici un homme debout, le regard plongé dans l’horizon, un homme intègre, qui s’écrase et s’éteint, un destin comme tant d’autres, une perte de confiance, une quête de reconnaissance… Pedro Pauwels
conception et chorégraphie Pedro Pauwels création musicale Raphaël Raccucia interprétation Jörg Müller, Pedro Pauwels (sous réserve)
Programme D
19 20 21 23 24 25 À 18H
NATURE AIME À SE CACHER
une commande à Jacques Bonnaffé
Comédien à part entière, engagé par ses choix au cinéma comme au théâtre, sa relation aux auteurs, son parcours avec certains metteurs en scène dont Alain Françon, Jean-François Peyret et Jean-Pierre Vincent, Jacques Bonnaffé étend sa pratique à des domaines variés, lectures ou concerts d’écritures, pièces dramatiques et radiophoniques, performances ou banquets littéraires, accordant toujours à la poésie vivante, qu’elle soit dialectale ou savante, une part privilégiée. Il se frotte aujourd’hui à un autre champ artistique en invitant le danseur Jonas Chéreau à le rejoindre pour son Sujets à Vif.
Dans cette approche par la danse, il s’agit d’inviter le spectateur à une contemplation philosophique qui place au centre la question de l’animal. Partant de deux courts textes de Jean-Christophe Bailly dans Le visible est le caché où l’animal observé est résolument d’un autre monde. Plus qu’une connaissance lointaine, c’est un savoir qu’il nous appartient d’apprécier. L’auteur, en passant par les peintures de Gilles Aillaud, interroge l’énigme du visible et de l’apparence, dans la nature et sur scène. Jacques Bonnaffé
conception Jacques Bonnaffé chorégraphie Jonas Chéreau interprétation Jacques Bonnaffé, Jonas Chéreau
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STILL / life
une commande à Qudus Onikeku
Diplômé du Centre national des Arts du cirque, interprète pour les chorégraphes Heddy Maalem et Sidi Larbi Cherkaoui comme pour les metteurs en scène Georges Lavaudant et Moïse Touré, Qudus Onikeku est fait de diversité. Son parcours est aussi bien influencé par les danses traditionnelles nigérianes, le hip-hop, la capoeira, l’acrobatie, que par le vocabulaire contemporain. Ses spectacles questionnent les notions d’exil et d’identité. Il invite aujourd’hui le danseur et chorégraphe Damien Jalet à partager le plateau pour ce Sujets à Vif.
Quand on entend parler du Nigeria ici, peu de choses viennent à l’esprit, peu de choses qui ne dépassent les clichés qu’un Occidental peut se faire d’un pays d’Afrique. Le titre STILL / life, comme ENCORE / vie, L’IMMOBILITÉ / vivant… presque paradoxal, envers et contre tout, et sa traduction non littérale en français de « nature morte » semble dire son opposé. Nous commençons ce travail avec l’utopie de rendre visible les deux faces d’une même pièce en un même temps. Faire apparaître l’arrière de ce qui se présente de manière frontale. Avant tout, mettre en tension nos contradictions et oppositions, reflets de la schizophrénie du monde dans lequel nous vivons, et utiliser l’énergie ainsi libérée comme carburant pour cette première étape de création. Qudus Onikeku et Damien Jalet
conception et chorégraphie Qudus Onikeku dramaturgie et co-écriture Damien Jalet musique Charles Amblard
interprétation Qudus Onikeku
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