Cette mise en scène était attendue. Murielle Mayette-Holtz dirige Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare avec des comédiens qui ne veulent pas qu’elle rempile pour un troisième mandat. Et soudain le miracle du théâtre se produit. Le tumulte fait place au spectacle.
Tumulte en coulisse et tumulte dans la salle pour débuter cette version du Songe. Les comédiens investissent les premiers rangs. Le public est aux premiers loges et témoin des amours contrariés entre Hermia, Démétrius, Lysandre et Héléna et de l’amour des futurs époux Thésée et Hyppolyta. Michel Vuillermoz et Julie Sicard, vieux routards de la salle Richelieu sont à l’aise. Ça cabotine un peu, juste ce qu’il faut. C’est plaisant.
Ce qui l’est un peu moins, c’est le dispositif scénique. Muriel Mayette et Didier Monfajon, le scénographe ont opté pour un plateau nu, avec en fond de scène un large cyclo blanc. Soit. On se dit que lorsque Obéron, Puck ou Tatiana vont surgir de la forêt, un brin de féerie va envahir l’espace. Il n’en est rien. Tout est basé sur le jeu des acteurs. La troupe est mise en avant par l’administratrice, ce qui est bonne chose. Il n’y pas d’artifice, sauf des colonnes en PVC très moches qui descendent des cintres. Comme tout est basé sur le jeu, quand celui-ci faiblit, la pièce toussote. C’est le cas avec les scènes des quatre jeunes amants. Ce sont des adolescents attardés un peu gaga. Laurent Lafitte, Sébastien Pouderoux, Suliane Brahim et Adeline D’Hermy ne sont pas à leur avantage. Heureusement on se console avec l’entrée en scène des comédiens dirigés par Lecoing. Ils sont jeunes et donnent l’impression de mener par le bout du nez leur metteur en scène – tiens, tiens, un clin d’œil ?
Et puis il y a le couple Obéron/Titiane. Et là c’est un délice. Christian Hecq et Martine Chevalier sont formidables et sulfureux. Christian Hecq adopte une démarche de chimpanzé totalement désopilante. Son pouvoir comique continue de faire mouche. Martine Chevalier est débordante de vitalité. Et au milieu, Louis Arène incarne un Puck facétieux.
Puis à la fin, Thésée et Hippolyta reviennent dans la salle pour assister à la représentation des comédiens. Et là c’est le bonheur. Cette dernière partie est très réussie. Les élèves de la Comédie-Française emmenés par Stéphane Varupenne sont au niveau du reste de la troupe. On sort donc finalement enchanté de cette représentation qui donne bonne figure à une maison fortement chahutée ces derniers temps.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Le songe d’une nuit d’été
De Shakespeare
Mise en scène Muriel Mayette-Holtz
Martine Chevallier: Titania
Michel Vuillermoz: Thésée
Julie Sicard: Hippolyta
Christian Hecq: Obéron
Stéphane Varupenne: Lecoing
Suliane Brahim: Hermia
Jérémy Lopez: Bottom
Adeline d’Hermy: Hélèna
Elliot Jenicot: Egée et La Fée
Laurent Lafitte: Démétrius
Louis Arene: Puck
Benjamin Lavernhe: Flûte
Pierre Hancisse: Philostrate (en alternance)
Sébastien Pouderoux: Lysandre
Élèves-comédiens :
Fleur des Pois : Heidi-Eva Clavier
Toile d’Araignée : Lola Felouzis
Groin : Matëj Hofmann
Latige : Paul McAleer
Grain de Moutarde : Pauline Tricot
Etriqué : Gabriel Tur
Scénographie : Didier Monfajon
Assistante à la scénographie : Dominique Schmitt
Costumes : Sylvie Lombart
Lumières : Pascal Noël
Musique originale et direction des chants : Cyril Giroux
Maquillages : Carole Anquetil
Dramaturge : Laurent MuhleisenDurée: 2h15
Salle Richelieu
Du 8 février 2014 au 15 juin 2014
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