Thomas Jolly était attendu au tournant après l’immense succès critique et populaire de son Henry VI depuis deux ans. Le metteur en scène s’est attribué le rôle titre. Ce Richard III est décapant et bouillonnant.
Cela débute comme dans un spectacle de stand up, Richard III est seul face au public dans un monologue tiré de Henry VI. Un plateau nu, quelques éclairages latéraux, des échafaudages en guise de décor qui rappellent la Tour de Londres, Thomas Jolly a placé son Richard III dans l’épure scénique.
Le comédien, courbé, claudique sur la scène, la bave de la tyrannie au coin des lèvres. Il est entouré de ses sujets aux visages blafards, corbeaux maléfiques sortis tout droit de la Famille Adams prêts à tuer tout ce qui bouge pour permettre à Richard, duc de Gloucester de prendre le pouvoir. Thomas Joly incarne un Richard III mélange de Freddy Mercury et d’Iggy Pop qui se mue en star du rock pour manipuler les foules lors de l’accession au trône.
Thomas Jolly entonne « I am a dog » (chanson de Clément Mirguet) qui fait se soulever la salle juste avant l’entracte. Sommes-nous encore dans une salle de théâtre ou dans un Zénith ? L’usurpation du pouvoir par la tyrannie et par cette chanson endiablée est la très belle illustration de la manipulation du pouvoir sur les masses populaires. La chanson fait mouche et fait réfléchir.
La mise en scène de Thomas Jolly utilise aussi les ressorts de la comédie burlesque avec des assassins plus clowns que tireurs d’élite. Il rend aussi hommage au noir et blanc. On regrette par moment un systématisme dans la mise en scène avec ses énormes portants sur roulette qui ouvrent et ferment l’espace, quelques scènes où la tension retombe, un jeu un peu forcé (surtout sur les personnages féminins) mais on applaudit l’utilisation intelligente des éclairages. C’est du jamais vu sur une scène de théâtre. Thomas Jolly a fait appel à deux spécialistes (François Maillot et Antoine Travers) qui viennent de monde de la danse et des shows musicaux. Ils utilisent des projecteurs qui sont des robots animés qui structurent l’espace pour suggérer un monde déshumanisé. C’est totalement bluffant et cela fonctionne à merveille !
Au final, le public est debout pour acclamer ce spectacle qui est totalement revigorant.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Richard III de Shakespeare
Avec Damien Avice, Mohand Azzoug, Etienne Baret, Bruno Bayeux, Nathan Bernat, Alexandre Dain, Flora Diguet, Anne Dupuis, Émeline Frémont, Damien Gabriac, Thomas Germaine, Thomas Jolly, François-Xavier Phan, Charline Porrone
Mise en scène Thomas Jolly
Collaboration artistique Alexandre Dain, Pier Lamandé et Julie Lerat-Gersant
Assistant à la mise en scène Mikaël Bernard
Lumières François Maillot, Antoine Travert et Thomas Jolly
Musiques originales et création son Clément Mirguet
Costumes et accessoires Sylvette Dequest, Christèle Lefèbvre et Sylvain Wavrant
Production La Piccola Familia
Production déléguée Théâtre National de Bretagne/Rennes
Coproduction Odéon – Théâtre de l’Europe
La Piccola Familia est conventionnée par la DRAC Haute-Normandie, la Région Haute-Normandie, la Ville de Rouen et soutenue par le Département de Seine Maritime.
Durée: 4h45 avec un entracte de 30 minutes après 2h30TNB -Rennes
Du 2 au 4 octobre 2015
Martigues, Scène nationale Les Salins les 5 et 6 novembre 2015
Paris, Odéon – Théâtre de l’Europe du 6 janvier au 13 février 2016
Evreux, Théâtre des Louviers le 26 février 2016
Vélizy-Villacoublay, l’Onde les 18 et 19 mars 2016
Comédie de Caen les 24 et 25 mars 2016
Toulon, Théâtre Liberté les 31 mars et 1er avril 2016
Théâtre National de Toulouse du 6 au 10 avril 2016
Lyon, les Célestins du 17 au 20 mai 2016
Quimper, Théâtre de Cornouaille les 25 et 26 mai 2016
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