La rage n’a pas quitté le metteur en scène italien Pipo Delbono. Son théâtre est un éternel combat contre tous les maux de la société. La révolution est au cœur de son œuvre. Dans Orchidées il poursuit sa quête d’un théâtre libre. Le spectacle est malheureusement brouillon.
« Qui a dit qu’il faut se divertir au théâtre ! » C’est l’une des premières phrases prononcées par Pipo Delbono assis au fond de la salle. Micro en main il crie, comme souvent, son dégoût contre la société intolérante en nous projetant des images d’actualité. On y entend le discours haineux contre les homosexuels de la Manif pour tous en France. On découvre le visage hagard du pape Benoît XVI face à de magnifiques gymnastes sexy ou encore Nicole Minetti, conseillère régionale du Peuple de la liberté (proche de Berlusconi) qui défile en maillot de bain. Elle a été condamnée dans le Rubygate à cinq ans de prison pour incitation à la prostitution.
Son spectacle est un collage de scènes plus ou mois réussies. On écoute un extrait d’un opéra de Pietro Mascagni censuré par Mussolini dans une version pantomime. Il pastiche les talk show italiens sur une musique assourdissante. Des hommes nus s’enlacent. La rage est là mais le procédé s’essouffle. les scènes sont figées et pas forcément belles. On est très loin de Questo buio feroce (Cette obscurité féroce) spectacle qui donnait une dimension fellinienne à son œuvre ou Dopo la Battaglia, son précédant spectacle plus cohérent et tenu.
Ici Pipo Delbono bifurque dans beaucoup trop de directions. Entre l’évocation de la fin de vie sa mère, au pied cassé de Bobo, en passant par son premier voyage en Afrique, il entend dénoncer la société du divertissement face aux atrocités du monde.
Un actrice dit « notre metteur en scène n’aime plus les acteurs qui disent des textes« . Le spectacle est moins puissant. Mais son public est fidèle. Et lorsque les comédiens se lancent dans un tarentelle italienne, il demande à la salle de reproduire la gestuelle, une sorte de quenelle à l’envers, la quenelle de la tolérance. Alors beaucoup de spectateurs le suivent dans ce moment de communion.
Avec Pipo Delbono on est séduit une fois sur deux. Comme dans La Menzogna , il revient à un théâtre plus expérimental, fait de cris, de rythmes endiablés, de sons assourdissants, qui ne servent pas au mieux le propos. On s’est profondément ennuyé.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Orchidées
texte et mise en scène Pippo Delbono
avec Dolly Albertin
Gianluca Ballarè
Bobò
Pippo Delbono
Ilaria Distante
Simone Goggiano
Mario Intruglio
Nelson Lariccia
Julia Morawietz
Gianni Parenti
Pepe Robledo
Grazia Spinella
images Pippo Delbono
musiques Enzo Avitabile
lumières Robert John Resteghini
traduction Danièle Jeammet, Christian Leblanc
costumes Elena Giampaoli
direction technique Fabio Sajiz
régie générale Gianluca Bolla
administration de production (Italie) Alessandra Vinanti, Silvia Cassanelli, Raffaella Ciuffreda
administration de production (France) Christian Leblanc
production Emilia Romagna Teatro Fondazione, coproduction Nuova Scena – Arena del Sole / Bologne, Teatro di Roma, coproduction Théâtre du Rond-Point, Maison de la Culture d’Amiens – Centre de création et de productions, remerciements à la Cinémathèque Suisse
spectacle créé le 25 mai 2013 à Modène, Italie
Durée: 2h
23 et 24 janvier 2014 Centre Dramatique National de Normandie , Caen (14)
Théâtre du Rond-Point
29 janvier – 16 février 2014, 21h
dimanche 15h, relâche les lundis et le 2 février
19 – 22 février 2014 TNT – Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées , Toulouse (31)
Pour l’auteur de l’article , l’Opera n’est pas de Puccini mais de Pietro Mascagni. le titre est Nerone.
Cela me semble étrange de commettre une telle erreur et parler d’un spectacle. Question de crédibilité