Le Regard du nageur, c’est une traversée du chagrin, littéralement. Traversée aux absurdités cruelles, aux déformations visuelles et émotionnelles dues au chagrin, aux anachronismes désespérés et parfois drôles involontairement, aux images compactées.
C’est une traversée du chagrin radicalisée par le langage.
Le Regard du nageur, au départ, c’est d’abord une impression négative, désagréable.
Je venais de vivre une rupture terriblement douloureuse, et je me retrouvais dans la situation de rencontrer des hommes et là m’est venue une impression. Lorsqu’on voit un visage sous l’eau, il parait déformé par la pression de l’eau. Le regard devient vitreux, un peu hagard, comme s’il perdait son intensité, sa couleur, son éclat. Et le visage lui-même ressemble plus au monde marin qu’à autre chose. Eh bien, c’est toujours la sensation que j’avais en m’approchant de ces visages. Et je me suis dit que le jour où je rencontrerai quelqu’un dont le visage ne se transformerait pas en « regard de nageur », le jour où je serai très proche, ce jour-là, j’aurai rencontré l’âme sœur.
Et ça n’est pas qu’une chose enfantine, comme un défi ridicule ou une provocation. C’était une vraie quête, persuadée que quelque chose du domaine du grand Amour surviendrait. Pas l’amour, comme on aime son chien ou son chat, mais l’Amour, celui pour lequel on est prêt à mourir. On peut mourir d’un chagrin d’amour.
Je nage beaucoup et enchaîne des longueurs à longueur de journée. Activité absurde, très solitaire, dans le but d’y trouver de la force physique, pour accéder à sa vraie nature. Pour que le lourd, le profond, l’essentiel, puisse surnager, pour que la puissance puisse exister. Pour avoir le courage d’être et de rester ce que je suis : une résistante amoureuse. L’épuisement physique pour dépasser la douleur émotionnelle, affective.
Ça vient de là, ce titre, ce texte, trouver les moyens pour endurer, résister, à force de persévérance, d’entêtement, de détermination acquise à chaque longueur, trouver le sens de la vie, après.
Défendre à tout prix ce pour quoi on est né. Je suis née pour Aimer.
Note d’intention de Christèle Tual décembre 2013
Le regard du nageur
texte Christèle Tual
mise en scène Ludovic Lagarde et Lionel Spycher
avec Christèle Tual
scénographie Antoine Vasseur
lumières Lionel Spycher
costumes Fanny Brouste
du mardi 14 au vendredi 24 janvier 2014
mardi 14, vendredi 17, samedi 18, mardi 21,
jeudi 23 et vendredi 24 janvier à 19h
mercredi 15, jeudi 16 et mercredi 22 janvier à 20h
relâches dimanche 19 et lundi 20 janvier
du 12 au 24 mai 2014 à Théâtre Ouvert
mardi à 19h, mercredi au samedi à 20h
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