Le programme du GiraSole du 6 au 29 juillet 2011
Après le formidable succès de la première année (8000 spectateurs dont 1000 professionnels), cette deuxième édition se veut être la confirmation de ce que nous comptons faire du théâtre GiraSole ; un lieu d’exigence convivial, un partage d’aventures scéniques mnésique au service de tous les publics, des artistes et des passeurs.
Nous commençons avec Renart & 1/2, spectacle subtil et drôle pour les plus ou moins jeunes. Odile Macchi et sa bande revisitent six aventures du Roman de Renart. Avec leur machine à raconter à base d’arts numériques bidouillés, les deux comédiens, très joueurs, jonglent avec les morales animalières singulières pour souligner la manipulation qu’engendrent pouvoir des mots et force de l’apparence.
Nous poursuivons avec Buno, volere volare. Ce clown pataphysicien et burlesque élabore des mécaniques qui s’enrayent avec malice. Il s’enfonce dans l’absurde et met à mal nos zygomatiques. Entre Django Edwards et Slava Polunine, ce professeur tournesol version Beethoven démonte les pianos, inonde la scène d’hélicoptères en papier et s’envole comme une note de musique.
Ex-Voto fait aussi partie des spectacles qui revigorent. Ces Romeo et Juliette du bitume dérivent entre riffs de guitare et aires d’autoroute. Abonnés aux galères, ils ne renoncent jamais à inventer ce bonheur qu’une société droguée à la réussite et à la pensée unique leur refuse. Un road movie théâtral à forte adrénaline, un concentré d’humanité, une ode à l’amour et à la liberté.
Cette année, le Théâtre GiraSole fait aussi le pari de la danse. Hélène Cathala propose La jeune fille que la rivière n’a pas gardée, chrysalide chorégraphique avec capteurs. C’est énigmatique, enlevé, envoutant et traverse le corps de la danseuse comme ceux des spectateurs. Une preuve si besoin était que la danse parle admirablement, même sans un mot.
Prométhée poème électrique revisite le mythe d’Eschyle à la lumière de notre aujourd’hui. François Chaffin sait partager le pain de ses enthousiasmes et le vin de ses foucades. Accompagné de Benjamin Coursier aux guitares flamboyantes et d’haikus vidéo, il s’interroge, s’amuse, se rappelle, interpelle, chante, crie, boit ; on aimerait volontiers prolonger cet échange politique autour d’un apéro jusqu’au bout de la nuit.
La langue d’Annie Ernaux est admirable de cruauté et d’élégance. Elle ne se complait jamais. Le talent de Jean-Michel Rivinoff et de sa comédienne est de se mettre totalement à son service. On ressort de
L’Evénement rincé, tétanisé, noué et avec l’impression d’être moins aveugle, moins idiot, plus ouvert, plus riche. Le récit de cet avortement est d’une telle intimité qu’il en devient universel et toujours actuel.
Prix SACD 2010 de la mise en scène, Marion Bierry propose La Ronde, version cabaret mutin et ludique. Avec ses comédiens enfiévrés, elle restitue la fin de l’empire austro-hongrois avec finesse et nous tend un miroir ; si les pantins de la pièce fuient leur inanité et leur mort inéluctable dans le lucre, quel carrousel aujourd’hui nous grise et nous ment avec notre bénédiction ?
Enfin, le diptyque sur Notre politique de l’amour aborde la scène singulièrement. Entre les 80 kilos de miel de “Tout le monde se fout de Mademoiselle d’Escalot” et le vin amer de “Ranger (sa vieille maitresse)”, Anne Monfort réunit deux spectacles en un seul pour faire sens. Une performeuse, un musicien, des comédiens traversent des textes forts (Barthes, Aragon, Duras, Barbey d’Aurevilly, …) et nous offrent un voyage sensoriel aux accents philosophiques et existentiels.
Philippe Puigserver, Directeur Artistique
Théâtre GiraSole
24 bis rue Guillaume Puy
84000 Avignon
+ 33 (0)4 90 82 74 42
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