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Dans le Nid de Cendres, il était une fois une épopée

À la une, Coup de coeur, Les critiques, Paris, Théâtre
Simon Gosselin

photo Simon Gosselin

Avec son Nid de Cendres, Simon Falguières nous entraîne dans non pas un, mais dans deux mondes vertigineux. Dans deux contes épiques qui avancent en parallèle pour finir par s’entrelacer. Et les histoires, et le théâtre vécurent heureux et eurent de nombreuses autres histoires.

« Il était deux fois… ». Si après les six heures du Nid de Cendres de Simon Falguières, notre mémoire mise à rude et belle épreuve tentait de retrouver les premiers mots de la pièce, ce sont ceux-là qu’elle nous dicterait. Elle nous mentirait, bien sûr, mais d’une manière vraie, comme l’auteur et metteur en scène qui présente sa propre création avec Charlaine Nezan à la manière d’un conteur aussi fantasque que la grande fable interprétée par seize comédiens – lui y compris – qu’il a créée. Les très nombreuses ramifications qui constituent son Nid s’organisent en deux grandes catégories : celles qui poussent envers et contre tout dans un Occident en pleine crise et celles qui s’épanouissent dans un pays de contes qui ne va pas mieux. Deux foyers où naissent des histoires qui ne sont pas sans en rappeler d’autres, plus anciennes, et qui assument parfaitement leurs filiations, notamment dans le domaine de l’épique. Avec un humour qui rime toujours avec amour.

Anne et Gabriel au pays des malheurs

Sous l’œil attentif du metteur en scène – conteur, qui avec son assistante zélée s’assure que son Nid de Cendres ne s’installe jamais trop longtemps dans le giron douillet de l’illusion, l’épopée s’ouvre par deux naissances qui donnent le ton des deux univers que Simon Falguières déploie d’abord en parallèle, puis de manière de plus en plus entrelacée. D’un côté, celui des hommes, où vient au monde Gabriel (Lorenzo Lefebvre) dans un ballet hystérique de blouses blanches qui n’est pas sans évoquer une certaine actualité. Pas forcément d’ailleurs celle dont parle l’auteur dans le dossier du spectacle, où évoque une scène d’attentat, écrite au lendemain du 13 Novembre avant d’expliquer : « Je tends à parler du monde d’aujourd’hui, de ce mouvement de l’histoire que traverse notre génération, non pas en essayant de le montrer tel qu’il est mais dans la langue des contes ».

Supervisé par un stagiaire (Frédéric Dockes) qui vit la chose comme une tempête – Shakespeare, déjà, n’est pas loin. Il le sera de moins en moins – et hisse les voiles autour de la mère (Manon Rey), près d’un père (Stanislas Perrin) dépassé par les événements, l’accouchement est tout sauf un long fleuve tranquille et réaliste. Régi par l’absurde, avec des accents burlesques bien marqués, cette entrée en matière nous présente un Occident qui n’est pas le centre du monde. Pas plus que ne l’est l’univers du conte, où la naissance de la princesse Anne (Pia Lagrange) est tout aussi catastrophique que celle de Gabriel, mais dans un style différent. Dans une féérie bricolée et bancale, dont les motifs classiques – un couple royal, un château et de grandes quêtes – sont traversés par bien des tremblements. À commencer par ceux de la reine (Mathilde Charbonneaux) lorsqu’elle donne la vie à sa fille, si forts qu’ils menacent sa vie et donc celle du royaume.

Une odyssée de tréteaux

Dans Nid de Cendres sont ainsi réactivés, ravivés deux types de récits populaires : le conte et l’épopée. Si ses héros ont beaucoup moins de qualités que leurs prédécesseurs Ulysse, Alice et compagnie, ils héritent de leur penchant pour l’imaginaire et l’aventure. S’ils ont quelque chose de notre époque, c’est plus d’une façon métaphorique que concrète qu’ils l’expriment, sur un plateau prompt à toutes les métamorphoses. La scénographie d’Emmanuel Clolus est pour beaucoup dans ce miracle à répétitions. Entre autres collaborateur de Wajdi Mouawad, envers qui Simon Falguière nourrit une admiration qu’il exprime volontiers – plusieurs de ses comédiens ont aussi travaillé avec l’auteur et metteur en scène de la trilogie Littoral, Incendie, Forêts –, ce fin créateur d’espaces de jeu réussit grâce à un ensemble d’échafaudages mobiles à évoquer les nombreux changements de lieux de la pièce tout en rappelant constamment l’endroit où nous sommes : le théâtre.

La complexité du dispositif est à l’image de la fable. Si elle se laisse deviner, elle ne fait jamais entrave à la compréhension ni au plaisir du jeu, porté par de jeunes comédiens qui excellent dans toutes les transformations que leur offre la double partition de Simon Falguières. Pour la plupart de ses seize interprètes, Nid de Cendres a la folie et la rigueur du carnaval : les puissants – bien que déjà déchus – d’Occident se retrouvent petites gens dans l’univers du conte, et inversement. Les rationnels deviennent rêveurs, et les soumis des indisciplinés, des aspirants à la liberté.

Point de rencontre entre les deux parties du Nid, divisées elles-mêmes en quatre chapitres qui peuvent être présentés ensemble ou séparément – Jean et Julie, mélodrame, Le Roi fou, drame symboliste, Les Frères ennemis, drame familial et Le Voyage de la princesse Anne, odyssée à tiroirs –, un théâtre nomade incarne toute la belle vision du théâtre de Simon Falguières. Refuge contre les violences du monde, mais aussi régulièrement traversé par elles, il est une utopie fragile, poreuse à une réalité troublée. En attendant le retour de ce Nid de Cendres à La Tempête en 22/23, nous pourrons découvrir la saison prochaine Les Étoiles et Le Petit Poucet, deux autres parties du territoire déjà vaste de Simon Falguières et de sa compagnie Le K.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Le Nid de Cendres

Ecriture et mise en scène : Simon Falguières

Avec : John Arnold, Antonin Chalon, Mathilde Charbonneaux, Frédéric Dockès, Elise Douyère, Anne Duverneuil, Charlie Fabert, Simon Falguières, Charly Fournier, Victoire Goupil, Pia Lagrange, Lorenzo Lefebvre, Charlaine Nezan, Stanislas Perrin, Manon Rey, Mathias Zakhar

Collaboration artistique : Julie Peigné

Scénographie : Emmanuel Clolus

Création lumières : Léandre Gans

Création sonore : Valentin Portron

Création costumes : Clotilde Lerendu assistée de Lucile Charvet

Accessoiriste : Alice Delarue

Assistant mise en scène : Ludovic Lacroix

Régie Générale : Clémentine Bollée

Régie Plateau : Guillaume Rollinde

Régie Son : Charlotte Notter

Administration – Diffusion : Martin Kergourlay

Chargée de production : Justyne Leguy Genest

Production : LE K – LE THÉÂTRE DU NORD CDN de Lille – Tourcoing – Hauts de France

Coproductions : Théâtre du Nord ; Le K ; Le Tangram Scène Nationale d’Evreux-Louviers ; La Rose des vents, Scène Nationale Lille Métropole Villeneuve d’Ascq Le Réseau PAN : Le Tangram Scène Nationale d’Evreux Louviers, Le Préau Centre Dramatique National de Vire, Le CDN de Normandie-Rouen, La Comédie de Caen, DSN[1]Dieppe Scène Nationale, Le Trident Scène Nationale de Cherbourg, la Scène Nationale 61 Alençon.

Projet soutenu par : la DRAC Normandie, la Région Normandie, le Département de l’Eure, le Jeune Théâtre National, le dispositif d’insertion de l’École du Nord.

Durée : de 1h35 à 2h25 en semaine, 6h avec entracte le week-end 

Théâtre de la Tempête

Novembre-décembre 2022

Les Etoiles

25 au 27/11/21 au Préau, CDN de Vire

2 et 3/12/21 au Trident, Scène Nationale de Cherbourg

9/12/21 à DSN Dieppe

06 au 08/01/2022 au Tangram, Scène nationale d’Evreux

11 au 13/01/22 Comédie de Caen

25/01/22 à l’Eclat à Pont Audemer

28/01/22 au Piaf à Bernay

04/02/22 au Rayon Vert à St Valéry en Caux

Le Petit Poucet

29 et 30/12/2021 au Zeppelin St André lez Lille

03/02/2022 à la Chapelle sur Erdre

Du 30/03 au 01/04/22 au Théâtre de la Cité à Toulouse

27 et 28/04/22 à Boulogne Saint Martin

12 et 13/05 2022 au Rayon Vert Saint Valéry en Caux

26 mai 2021/par Anaïs Heluin
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