Première création à destination du jeune public signée Kader Attou, Le Murmure des songes déploie ses incessantes métamorphoses visuelles et sa chorégraphie toute en fluidité sur le grand plateau de la MAC. Et la gestuelle du chorégraphe, d’une délicatesse inouïe, de faire une fois de plus des miracles.
C’est dans le noir que commence cette divagation chorégraphique proposée au jeune public dès 5 ans. Un noir propice à l’émergence de l’imaginaire, aux rêves, aux cauchemars, aux visions fantasmatiques. En remontant à la source de sa propre enfance, Kader Attou nous invite à emprunter les chemins buissonniers de notre imagination, à ouvrir les portes des possibles et des paysages infinis, à voguer à contre-courant de l’esprit de sérieux et voir dans l’obscurité ce qui s’y cache en creux. De ce noir apparait une paire d’yeux, puis deux, puis trois, puis une flopée de regards dessinés sur fond de chuchotements chuintants. Qui n’a pas déjà, dans la solitude de sa chambre d’enfant, eut l’impression troublante d’être observé ? Qui n’a pas fixé le papier peint à motifs jusqu’à ce que ceux-ci dansent dans notre cerveau prompt à créer de la magie ? Et voilà que sur ce plateau bordé d’un écran de tulle transparent qui relègue les interprètes au statut de chimères éphémères, d’apparitions flottantes dans un monde obéissant à des règles différentes, les corps sont pris par la folie de danser, voilà que la tapisserie fleurie se transforme. Voilà que l’espace perd ses limites et ondoie comme les corps en mouvement, réveillés en sursaut et ne marchant plus droit, une paire de jambes par ci, le reste du corps par là, somnambules équilibristes évoluant dans une autre réalité. L’envers du jour, le revers de nos veilles. Nous voici au pays des songes où tout est en perpétuelle métamorphose.
En s’associant à l’illustratrice Jessie Désolée et au vidéaste Yves Kuperberg pour l’animation des dessins, Kader Attou inscrit sa danse dans un univers visuel puissant qui nous fait voguer des profondeurs de l’océan au cosmos étoilé, côtoyer les mécanismes horlogers d’une machine à rêves, traverser une forêt de loups, nager dans les nuages. A la bande son, Régis Baillet compose une partition tout aussi mouvante et atmosphérique que l’environnement esthétique, mélange d’instruments acoustiques et de musique électronique, de mélodies entêtantes et de rythmes entrainants, elle habille sans peser la gestuelle en apesanteur d’un quatuor de danseur.es remarquables, tout en grâce, souplesse et fluidité.
Une fois de plus, la chorégraphie de Kader Attou ne joue pas les gros bras et l’exercice de virtuosité. Son hip-hop a la délicatesse des plumes d’oreiller qui s’échappent des jeux de l’enfance, il fait la part belle à l’élasticité des corps, à l’amplitude des mouvements, aux brisures et ondulations. Jamais convenue, sa danse puise du côté du contemporain, voire du classique, pour mieux échapper aux chapelles et nourrir son ADN sensible. Elle est loin l’imagerie des battles et des cultures urbaines, ici on joue au ballon avec la lune, on s’enroule dans un épais édredon, les duos sont tendres et les quatuors ludiques. Et la boule à facettes égraine ses milliers d’étoiles pour couronner la délicatesse de l’ensemble.
Marie Plantin – www.sceneweb.fr
Le Murmure des songes
Chorégraphie Kader Attou
Musique Régis Baillet
Lumières Cécile Giovansili-Vissière
Vidéo Yves Kuperberg
Illustration Jessie Désolée
Interprétation Jade Janisset, Margaux Senechault, Artem Orlov, Kevin Mischel
Production Compagnie Accrorap
Coproduction Scènes et Cinés, scène conventionnée Arts en territoire ; Maison des Arts de Créteil
Avec le soutien du Département des Bouches-du-Rhône – Centre départemental de créations en résidence.
Résidence de création accompagnée La Fabrique Mimont-CannesDurée : 1h
Durée des représentations scolaires : 40 minutesVu en décembre 2023 à la MAC Créteil
Théâtre Jean-Vilar de Bourgoin-Jallieu
le 5 octobre 2024Maison de la Culture d’Amiens, Scène Nationale
les 8 et 9 octobre
Théâtre Théo Argence, Saint-Priest
du 12 et 14 octobreLe Dôme, Saumur
le 23 octobreFestival Trans’urbaines, Clermont-Ferrand
du 5 au 7 novembreLe Figuier Blanc, Argenteuil
le 24 novembreThéâtre de Namur
du 30 novembre au 2 décembreThéâtre de la Colonne, Miramas
du 18 au 20 décembreThéâtre Jean Lurçat, Scène nationale, Aubusson
les 16 et 17 février 2025Théâtre Claude Debussy, Maisons-Alfort
les 14 et 15 mars
Théâtre André Malraux, Chevilly-Larue
le 18 marsEspace Marcel Carné, Saint-Michel-sur-Orge
le 21 marsThéâtre de Saint-Maur
le 23 marsThéâtre du Vésinet
le 25 marsThéâtre des Sablons, Neuilly-sur-Seine
les 27, 28 et 31 marsPalais des Beaux-Arts, Charleroi
le 16 avril
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