Le moral à zéro

Stéphanie Cléau a adapté le roman d’Eric Reinhardt, Le moral des ménages qui est une radioscopie de la France des classes moyennes. On n’a pas été emballé et on se désespère de voir une bonne mise en scène d’un texte d’Eric Reinhardt.

Après l’échec de la mise en scène de Frédéric Fisbach Elisabeth ou l’équité qui était le premier texte d’Eric Reinhardt écrit pour la scène, on se réjouissait de voir ce Moral des ménages en guise de séance de rattrapage. Manque de peau, la pièce nous est totalement passée au dessus de la tête, comme si la plume d’Eric Reinhardt avait été vidée de son encre. On aime le romancier. Ses livres sont de magnifiques histoires qui racontent la France. Sa pièce Elisabeth se lisait d’ailleurs comme un roman. Mais il n’a pas encore trouvé le metteur en scène qui sache mettre en valeur son écriture.

Mathieu Amalric incarne ce Manuel Carsen, auteur de chansons. A ses côtés, Anne-Laure Tondu incarne tous les autres personnages féminins: la mère castratrice, la fille rebelle…Le duo se démène avec professionnalisme dans un spectacle qui donne le sentiment d’avoir été raboté pour ne laisser que le squelette de l’œuvre d’Eric Reinhardt et ne devenir qu’une pièce anecdotique.

C’est dommage car il y a matière à raconter d’innombrables choses sur cette France de la classe moyenne qui remplit les caddies, qui achète des maisons dans des zones pavillonnaires et qui arpente les centres commerciaux. Et qui au bout du compte n’est pas si heureuse que cela. On a essayé de se raccrocher à la scénographie séduisante, à ces portiques de vêtements rangés par couleur en fond de scène. Mais rien à faire. Le spectacle s’effiloche très rapidement, sans aucune passion. Alors on vous conseille de vous plonger dans le dernier roman d’Eric Reinhardt, L’amour et les forêts, un livre magnifique sur l’émancipation d’une femme exceptionnelle, en espérant voir un jour une adaptation réjouissante sur scène.

Stéphane CAPRON – sceneweb.fr

Le moral des ménages
d’après le roman d’Eric Reinhardt
adaptation et mise en scène Stéphanie Cléau
interprétation
Mathieu Amalric
Anne-Laure Tondu
dessins
Blutch
lumières et vidéo
Sylvie Garot
costumes
Alexia Crisp-Jones
régie générale et régie lumière
Matteo Bambi
régie son
Marc de Frutos
production/diffusion
Françoise Lebeau
Ce spectacle a bénéficié du programme de résidence du CentQuatre. Il a été créé salle 200 le jeudi 30 janvier 2014.
Production lebeau & associés. Coproduction le CentQuatre, PULP Festival/La Ferme du Buisson-Scène nationale de Marne-la-Vallée, La Filature-Scène nationale de Mulhouse, Le carré-les colonnes, Scène conventionnée, le Théâtre Molière-Scène nationale de Sète. Remerciements à Film(S) et l’association du 48.
Ce spectacle bénéficie du soutien de la DRAC Ile-de-France. Réalisation Théâtre de la Bastille.

Théâtre Bastille
Du 22 au 31 octobre 2014 à 20 h, relâche le dimanche et du 3 au 20 décembre à 21 h, relâche les dimanches