Un homme seul peut-il changer le monde ? Ibsen en écrivant Un ennemi du peuble en exil en 1882 après l’échec des Revenants, ne pensait certainement pas que près de 150 ans plus tard cette pièce continuerait de résonner. Elle est d’autant plus d’actualité avec toutes les affaires qui secouent le monde politique et le monde des affaires. Dans la pièce, le docteur Stockmann découvre que l’eau de la station thermale de la ville est polluée. D’abord soutenu par les médias et par l’opinion, il se retrouve seul. Seul à résister aux pressions des politiques (le Maire est son frère) et des associations locales.
La pièce est rarement jouée, et l’on se demande bien pourquoi, elle est tellement d’actualité. C’est un thriller politique et social. Avec une montée en puissance, des rebondissements, et une véritable réflexion sur la société, sur les politiques qui nous gouvernent, et les technocrates qui les téléguident. « Les technocrates ce sont eux qui gouvernent », dit Stockman.
Malheureusement la mise en place de Thierry Roisin est lente et laborieuse, linéaire. Il n’y a pas de tension dramatique dans la première partie. Le metteur en scène ajoute des effets – deux scènes se figent dans un halo bleu, des intermèdes de percussions viennent ponctuer les scènes – on se demande bien pourquoi. On se raccroche à l’intensité du texte et au jeu parfait de Yannick Choirat (qui avait déjà joué sous la direction de Thierry Roisin l’excellent Montaigne). Et puis tout bascule à la reprise. La pièce devient enfin férocement politique et la mise en scène devient aussi un manifeste politique. Stockman organise une conférence pour explique sa théorie et dénoncer les manœuvres. « Je veux défendre ce qui est juste et vrai ». Thierry Roisin prend le public en témoin. Stockman tente de parler mais ses détracteurs ont pris place dans le public et l’en empêchent. Le public prend alors fait et cause pour lui, siffle le Maire, et applaudir le courage de Stockman. Thierry Roisin réussit ainsi son pari de tenir en haleine les spectateurs. On devient acteur de cette farce politique. Le tour est joué. Stockman revient ensuite dans sa maison vandalisée, dévastée. Il a tout perdu et retrouve sa famille. Seul au monde, il n’a pas pu changer le cours des choses, mais il est resté digne.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Ennemi Public
D’après Un ennemi du peuple d’Ibsen
MISE EN SCÈNE de Thierry Roisin
TRADUCTION ET ADAPTATION de Frédéric Révérend
COLLABORATION ARTISTIQUE d’Olivia Burton
AVEC
xavier brossard
éric caruso
yannick choirat
noémie develay-ressiguier
didier dugast
dominique laidet
florence masure
SCÉNOGRAPHIE de laure pichat
LUMIÈRES de gérald karlikow
COMPOSITION MUSICALE de françois marillier
COSTUMESde laurianne scimemi
Durée : 2h20 (avec entracte)
Du 12 au 29 janvier 2012
2 et 3 février 2012
Du 7 au 9 février 2012
Bourges – Maison de la Culture
Le 24 février
Rennes – Théâtre National de Bretagne
Du 20 au 28 mars (relâche le 25)
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