Quand Janáček découvre le texte du Journal d’un disparu, qui paraît sous forme de feuilleton dans un quotidien de Brno, il a 63 ans et vient de tomber amoureux de Kamila Stösslová, une femme mariée, de trente-huit ans sa cadette. Un amour vécu comme une révélation par le compositeur accompli, qui va, après cette rencontre, entrer dans sa plus féconde période de création. Le texte qu’il découvre en 1916 dans Lidové Noviny, présenté comme le journal intime « d’un autodidacte », est constitué de vingt-trois poèmes signés par des initiales. Il est écrit dans le dialecte valaque du nord-est de la Moravie, proche de celui du village natal de Janáček. Authentique journal intime ? Écrits apocryphes d’un poète ou d’un journaliste ? Le quotidien laisse planer le doute, et la véritable identité de l’auteur restera une énigme jusqu’en 1988, où les poèmes seront officiellement attribués à l’écrivain Ozef Kalda. Le texte raconte les affres de Jan, un gardien de vaches dont tous les repères sont bouleversés par la rencontre de la jeune tzigane Zefka. Dans le contexte de la société tchèque de l’époque (mais est-ce vraiment différent aujourd’hui ?), celle-ci incarne tout à la fois la liberté, l’altérité absolue, la transgression sexuelle comme sociale. De manière évidente, Janáček s’est projeté dans le récit de ce paysan ; il se plaira d’ailleurs toujours à penser qu’il s’agit d’un véritable journal intime, superposant l’authenticité de l’oeuvre à celle de ses propres sentiments. Désir fou et impérieux, bouleversements, révélations… Pour le paysan, c’est la nature qu’il croyait si bien connaître qui se révèle étrangère et nouvelle ; pour le compositeur, c’est la musique qui se fait entendre autrement. « … La gitane brune de mon Journal d’un disparu, c’était toi », écrit-il à Kamila. « Voilà pourquoi cette œuvre est si brûlante d’émotion. Un tel feu que s’il nous prenait tous deux, nous serions réduits en cendres. En travaillant, j’ai pensé à toi sans cesse ! Tu étais ma Zefka. Zefka, avec un enfant dans ses bras, et il court après elle ! ». Extrait de la note d’intention de Christophe Crapez, d’après dossier de presse.
Le journal d’un disparu
livret et musique Leoš Janáček
direction musicale et mise en scène Christophe Crapez
version originale pour piano – spectacle en tchèque surtitré
décors Giulio Lichtner
costumes Élisabeth de Sauverzac
lumières Gérard Vendrely
avec
Christophe Crapez Jan
Éva Gruber Zefka
Séverine Étienne-Maquaire mezzo-soprano
Sacha Hatala alto
Ainhoa Zuazua soprano
Nicolas Krüger piano
durée : environ 1h15
coproduction : Le Théâtre musical de Besançon
avec le soutien de la SPEDIDAM, de l’Adami et de la ville de Paris
coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
du jeudi 13 au dimanche 16 janvier 2011
jeudi 13, vendredi 14 et samedi 15 janvier à 20h, dimanche 16 janvier à 16h
Athénée théâtre Louis-Jouvet
Square de l’Opéra Louis-Jouvet I 7 rue Boudreau I 75009 Paris
M° Opéra, Havre-Caumartin I RER A Auberlocation : 01 53 05 19 19 – www.athenee-theatre.com
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !