Au Théâtre 14, à Paris, la pièce écrite et mise en scène par Gabriel F. pâtit d’un rythme en dents de scie mais peut compter sur un joyeux trio de comédiens.
Elle a tout d’une diva. Avec sa perruque blonde, son tailleur noir, ses talons rouges et ses grands yeux, Mademoiselle Bibelot alias Mademoiselle B. attire tous les regards. Cette comédienne, aimée, adoubée, propulsée au sommet de sa carrière par son fidèle public, a déserté les planches et les écrans voilà plus d’une décennie à la suite d’un traumatisme causé par un trouble risible et néanmoins sérieux : la peur des enfants. Alors, lorsque Mademoiselle B. fait son retour sur scène devant une assemblée majoritairement composée d’individus hauts comme trois pommes, le trac, la peur et l’angoisse s’emparent de l’actrice…
Ecrit et mis en scène par Gabriel F., d’après le roman graphique (pas encore publié) de Marco Michelângelo, Le jour J de Mademoiselle B. débarque au Théâtre 14, à Paris (14e) après sa création en mars dernier à la MC2 Grenoble (Isère). Trois comédiens occupent la scène et confèrent à ce spectacle conçu comme un hommage au théâtre, une teinte queer et joyeuse ; outre le personnage principal, on dénombre aussi Ashley, nièce de Mademoiselle B. et Patrick (en réalité Bruno), technicien au regard clair et profond, entraîné malgré lui dans le costume de comédien.
En un temps record, la troupe doit monter Hamlet de Shakespeare selon la volonté de Mademoiselle B. Un choix audacieux au regard de la composition des spectateurs, tant dans l’intrigue que dans la vraie salle du Théâtre 14 ; la pièce étant une commande d’Arnaud Meunier, directeur de la MC2 Grenoble, qui a donné pour consigne de concevoir une production à destination d’un jeune public. Pas de chichis, donc, dans les décors et les costumes. Le théâtre est ici ramené à l’essentiel. La magie de la scène opère avec des bouts de tissus, des perruques et une bonne dose d’imaginaire. Comme une mise en abyme, le plateau est occupé par une mini scène de théâtre à la disposition inversée. Nous autres, spectateurs, nous tenons côté coulisses, là où le spectacle prend forme. Tandis que la scène fictive est posée au fond.
Gabriel F. et Marco Michelângelo, frères dans la vraie vie, disent avoir puisé dans les univers des cinéastes Pedro Almodovar, Wes Anderson, Tim Burton et Quentin Tarantino pour esquisser les personnages et les décors.
Une croisée des styles finalement assez peu exploitée dans cette scénographie signée Marc Lainé. L’intrigue, formée d’allers-retours entre passé et présent, de chansons et de théâtre pâtit d’un rythme en dents de scie. L’énergie des comédiens n’y est pas étrangère, par trop souvent atone là où le récit nécessite une cadence plus soutenue. Le jour J de Mademoiselle B. n’en demeure pas moins une mise en abyme du théâtre et de sa conception, à portée d’enfant et d’adulte qui y trouveront une parenthèse d’1h10, légère et à certains moments touchante.
Kilian Orain – www.sceneweb.fr
Le Jour J de Mademoiselle B
Texte Gabriel F.
Librement inspiré du roman graphique de Marco Michelângeloavec
Gabriel F.,
Marco Michelângelo,
Marti Güell
collaboratrice artistique
Parelle Gervasoniscènographie
Marc Lainé
construction décor
Atelier MC2: Maison de la Culture de Grenoble
musique
Marco Michelângelo
lumière et vidéo
Julien Soulier
costumes
Lise Bissardon
maquillage/perruques
Corinne Tassotavec le soutien de l’atelier costumes de la MC2: Maison de la Culture de Grenoble
production
MC2: Maison de la Culture de Grenoble
coproduction
La Comédie de Valence, centre dramatique national Drome-Ardèche
(en cours)
avec le soutien de la commune de Saint-Baudillede-la Tour (38)jusqu’au 21 octobre 2023
Théatre 14
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