Le temps s’égrène lentement dans cette maison au bord d’un lac norvégien, à l’aplomb d’une montagne immense (très belle toile peinte de Catherine Rankl). Il fait sombre. C’est l’automne. Les jours raccourcissent. Un couple de vieux s’ennuie. Le mari (Michel Aumont) n’arrête pas de regarder par la fenêtre. La femme (Catherine Hiegel) est accrochée à ses travaux manuels. Ils attendent le retour de leur fils. Dans cet endroit désertique, il n’y a guère que le voisin (Jean-Marc Stehlé) dans les parages. Il ne « va pas très fort », il boit. Cette pièce du norvégien Jon Fosse explore le thème de la crise de la cellule familiale. Le fils (Stanislas Roquette) amateur de musique a quitté la campagne pour assouvir sa passion, laissant ses parents dans l’isolement.
Les personnages de Jon Fosse sont froids, dénués de tous sentiments. Lorsque le fils réapparait, ses parents lui tendent la main et ne l’embrassent pas. Pour éviter de parler des vrais sujets, ils parlent de l’obscurité, des jours qui raccourcissent. La pièce est présentée pour la première fois en langue française. La mise en scène de Jacques Lassalle – dans un décor réaliste qui pourrait être pesant – s’attache avant tout à décortiquer la psychologie des personnages. Et dans cet exercice le duo Michel Aumont – Catherine Hiegel est parfait. Ce couple, totalement dépassé par l’éducation de leur fils (était-il désiré ?) n’a aucune prise sur les évènements. Connaissent-t-ils vraiment la vie de leur fils ? Se sont-t-ils intéressés à sa vie, ses passions. Ce qu’ils connaissent de lui, ce sont les racontars du voisin qui assure qu’il a fait de la prison. La pièce de Jon Fosse est d’un pessimisme glaçant, bien restitué par les comédiens qui font oublier la mise en scène classique et « plan-plan » de Jacques Lassalle.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Le Fils de Jon Fosse
Texte français Terje Sinding
Mise en scène Jacques Lassalle
Avec
Michel Aumont
Catherine Hiegel
Stanislas Roquette
et Jean-Marc Stehlé
Décor : Jean-Marc Stehlé – Catherine Rankl – Costumes : Arielle Chanty –
Lumières : Franck Thévenon – Son : Julien Dauplais
Avec le soutien de la Fondation Jacques Toja pour le Théâtre
En partenariat avec France culture
21h du mardi au samedi, 16h le dimanche
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