Le festival Les Invites de Villeurbanne 2024

La 18e édition du festival Les Invites de Villeurbanne se déroulera du mercredi 19 au samedi 22 juin 2024. Et proposera 100 représentations gratuites d’art de la rue et de musique.

Le festival déplace son centre de gravité et s’invite dans de nouveaux écrins pour accueillir les artistes. C’est le cas du parc des droits-de-l’homme, du quartier de l’Autre Soie, du quartier du Tonkin, du parking de l’hypermarché Carrefour, des bars et cafés villeurbannais dans le cadre du « Comptoir des vivants ». Un temps fort est imaginé au quartier du Tonkin avec le spectacle Prélude du chorégraphe Kader Attou. Neuf danseurs·ses y déploient une énergie étourdissante.

Le « Comptoir des vivants », dispositif inédit, se veut un rendez-vous populaire. Des artistes s’invitent jusque sur le zinc, dans les bars, les cafés, pour porter le théâtre dans ces carrefours de vie. Des performances, des lectures, des commandos poétiques et des putschs rock’n roll : ce sont autant d’armes pacifiques qui visent à porter le théâtre dans sa forme la plus vivante, à la rencontre de celles et ceux qui ne l’attendaient pas.

Des « Débats pas pareils » réinscriront le noble exercice de la controverse dans l’espace public. Des grandes tablées, sous forme de banquets antiques, seront le lieu de discussions nourries, animées par des journalistes rompus à l’animation de débat.

Plusieurs productions associent des bénévoles et des habitant·es pour faire des INVITES une manifestation ancrée dans la vie de la cité. Pierre Meunier convie au Théâtre national populaire (TNP), dans Rien de grave, trente danseurs et danseuses villeurbannais·es à une scène de bal boueuse et décadente. L’ensemble sera accompagné de cinquante musicien·nes de l’Ecole nationale de musique. Le collectif Plateforme conçoit un spectacle participatif sur la monoparentalité : Seul·e·s. L’artiste Zora Snake proposera un spectacle participatif aux femmes issues de la diaspora africaine qui résident à Villeurbanne, autour de son texte L’Art est une boxe : de la performance, du politique. La compagnie Uz et coutumes ouvrira un travail participatif autour du texte Une femme au pied du mur de l’autrice libanaise Valérie Cachard.

Les festivalier·ères se retrouveront au parc des droits-de-l’homme pour voir des spectacles et écouter les concerts. La programmation musicale, conçue en lien avec le Transbordeur, se veut éclectique, inattendue et engagée (Ana Tijoux, Choolers Division, Christian Olivier de Têtes Raides, Madam, Kokoko…).

LES INVITES disposent, pour la première fois, d’une programmation paritaire. Elle porte son attention sur les valeurs de la communauté LGBT+ à travers plusieurs spectacles. Le Pédé de la compagnie Jeanine Machine retrace la lutte pour les droits des minorités sexuelles et de genre dans une grande marche des fiertés. Keep on walk, and walk walk on the speakers enfreint les assignations identitaires et les nouveaux dogmes et Bien Parado explose les codes de la danse traditionnelle espagnole la Sévillane.

Soucieuse de replacer l’art dans son rôle de vigie sur les dangers qui viennent et de s’employer à ouvrir les horizons que viennent étriquer les replis sur soi, la manifestation invite plusieurs artistes engagés. Ahmed Tobasi, nominé au prix Nobel de la paix 2024 pour son oeuvre Here I Am : histoire d’un homme qui se construit par le théâtre au milieu du conflit israëlo-palestinien. La compagnie Kamchàtka ouvre quant à elle un espace de réflexion et de fraternité autour de l’exil, de la migration et de l’indifférence ou l’hostilité de la population hôte.

LES INVITES se termineront sur un point d’orgue : celui de la féérie aérienne proposée par la bien-nommée compagnie Gratte-Ciel, un ballet d’anges, un ravissement, un déluge de plumes, une douceur diluvienne, la preuve que le théâtre peut changer la ville et la vie. Ce festival décidément « pas pareil » n’a pas oublié d’où il vient.