Prendre la parole et la partager, habiter la ville autrement. Entre impromptu artistique, conte, conférence gesticulée, débat, slam, lecture, théâtre, poésie et chanson, le festival Chahuts mélange les genres avec appétit et sensibilité. Et ça fait 30 ans que ça dure. L’édition 2021 se déroule du 10 au 20 juin 2021.
30 ans, c’est l’âge de la maturité, mais c’est aussi celui de l’invention, du renouvellement des formes, de la recherche, pour créer toujours plus d’occasions de tisser des liens.
Le 10 juin 2021, ce sera le coup d’envoi de Chahuts, qui souffle depuis toutes ces années un vent de folie douce sur le quartier Saint-Michel, et au-delà. Mais cette 30e édition se prépare dans un climat sanitaire particulièrement difficile. L’épidémie qui frappe notre planète a des conséquences sanitaires, humaines et sociales qu’on ne peut encore dénombrer. Le secteur culturel est durement impacté. Mais ce sont aussi les liens entre les personnes au sein des familles, des quartiers, des lieux de travail qui sont mis à mal. Or, Chahuts n’a de sens que si le projet artistique est relié à celles et ceux qui le vivent, qui l’animent, qui s’y investissent.
Un PresqueChahuts dans une situation sanitaire incertaine
La situation est encore très incertaine, mais nous souhaitons inventer pour juin 2021 un format porteur de sens, où “faire festival” ne se limite pas à programmer des spectacles, mais se vit comme une aventure collective, qui embarque tous ceux qui le souhaitent. Nous imaginons un format à la hauteur de ce 30e anniversaire, où le récit urbain se vit sous différentes formes, moins spectaculaires, plus en porosité avec la ville et son quotidien. Nous proposons d’inventer une forme de festival « en pandémie », un PresqueChahuts !
« Presque » Chahuts parce qu’amputé de sa Chahute – le quartier général festif incontournable, l’épicentre dans le centre d’animation de la rue Permentade. C’est là qu’on prend le café du matin, que les artistes se mêlent aux bénévoles et aux curieux. C’est aussi là qu’on fait la fête, le soir, et jusqu’à 3 heures du matin… autant de joyeusetés remises à des temps plus cléments. « Presque » aussi parce que dépourvu de grands rassemblements dans l’espace public : concert, bal ou banquet sur la place, battle de hip hop… « Presque » enfin, parce qu’en jauge réduite, spectateurs à distance et bien évidemment, masqués.
Le projet emblématique de ce 30e anniversaire est sans aucun doute Légendes, une installation monumentale de la Vaste Entreprise déployée des Capucins à la flèche Saint-Michel, qui se propose de commémorer, non pas des gens célèbres et des évènements importants, mais des gens inconnus et des faits ordinaires. Faire apparaître l’invisible à la surface de la ville, et légender le quartier d’une multitude d’histoires intimes ou personnelles.
Autre invitation remarquable, dans le cadre d’une carte blanche proposée par la Saison culturelle de la Ville de Bordeaux : les commandos poétiques. Les Souffleurs, compagnie artistique d’envergure internationale, fouleront les rues de Bordeaux pour la première fois. De la place Calixte Camel à la Benauge, du Pont de Pierre au quartier Saint-Michel, ils chuchoteront des secrets poétiques, philosophiques et littéraires dans les oreilles des hommes et des femmes qu’ils rencontrent, à l’aide de cannes creuses (les Rossignols). Ils opposent ainsi à l’incertitude générale du signalement la posture provocante de la tendresse.
Pour poétiser la ville, nous avons le plaisir d’accueillir aussi au Marché Saint-Michel Souk, une autre histoire du Maghreb, de Dalila Boitaud, mais également Mathias Forge et Yoann Coste, qui L’air de rien, viennent nous permettre d’écouter la ville autrement. Le collectif Monts et Merveilles nous offre avec B. Mon Amour, un road movie dans un petit train touristique, bien loin des sentiers battus. Et la rencontre avec les espaces naturels de la périphérie n’est pas en reste, avec la résidence de la compagnie bretonne L’instant dissonant, lauréate de l’appel à projets TRAFFIC pour sa veillée paysage, L’Île sans nom, mais aussi avec Thomas Ferrand et ses Balades sauvages, à la rencontre des plantes sauvages comestibles de notre environnement.
Les arts de la parole et du récit seront à l’honneur avec plusieurs artistes : Rachid Akbal et Adèle Zouane qui viennent nous ravir une nouvelle fois de leur verve philosophique et parfois humoristique. Nous accueillons pour la première fois Sofia Teilletavec sa conférence sur la Sexualité des orchidées et Alex Cecchetti, performer italien, qui maîtrise l’art de la rhétorique à tel point qu’il peut faire revivre dans n’importe quel espace les salles du plus célèbre musée du monde : Louvre. Chahuts, c’est aussi le temps du débat, de la discussion, du militantisme. La slameuse belge Joëlle Sambi débarque pour la première fois avec son flow de mots, de colère et de poésie féministe. Et les maîtres de la conférence gesticulée que sont Franck Lepage et Anthony Pouliquen, tous deux déjà familiers de nos scènes, ressurgissent avec une nouvelle conférence en forme d’interpellation, Et vous, vous vous sentez cultivés ? Quant à Bernard Friot, avec Je veux décider du travail jusqu’à ma mort, nous explique son expérience et sa théorie sur le salaire à vie.
Les projets participatifs sont au cœur du travail de Chahuts, ils ont permis pendant toute l’année à des personnes de s’exprimer sur le travail et le chômage avec Chœur de Chômeuses, proposé par Mariele Barizol, Dina Khuseyn et Emilie Houdent, sur leur œuvre d’art préférée avec Les Amateurs, initié par Laura Bazalgette, sur Saint-Michel, quartier tant aimé mais pourtant quitté avec NPAI (N’habite plus à l’adresse indiquée) animé par Laurence de la Fuente.
Les enfants, dont la parole est souvent « invisible », sont à l’honneur avec entre autres, le Colloque des enfants, produit par Chahuts avec l’école des Menuts et avec Chère Benauge, un projet de Louise Heugel avec les enfants de l’école de la Benauge, sur leur perception de leur quartier.
La programmation ne serait pas complète sans une part belle faite à la musique avec notamment en ouverture du festival un concert de San Salvador, dont les voix et les percussions réchaufferont nos cœurs endoloris. La langue occitane sera à l’honneur également avec le trio Matsutaké qui invite Juliette Minvielle.
Et pour conjurer l’absence de grande fête collective pour les 30 ans, nous concoctons quelques petites surprises, dont par exemple un anniversaire invisible en forme de carte blanche à la GK Collective, en petit comité, dans divers endroits cachés. Histoire de retrouver la joie du rituel, de rire de nos manques et d’inventer, encore et toujours de manières d’être vivants. Ensemble.
En attendant de connaître le cadre sanitaire du mois de juin, nous espérons ces retrouvailles, pour restaurer les liens humains qui nous manquent.
Avec les artistes : Rachid Akbal , Mariele Baraziol, Émilie Houdent, Dina Khuseyn et leur chœur de chômeuses, Laura Bazalgette, Coliseum, Alex Cecchetti , Laurence de la Fuente, Héloïse Dravigney, Marion Duclos, Matsutaké invite Juliette Minvielle, Thomas Ferrand, Mathias Forge, Bernard Friot, Louise Heugel, L’établi, la Compagnie 5h38, la Compagnie des Limbes, l’Instant Dissonant, La Compagnie Née d’un doute, la Compagnie Uz et coutumes, la GK collective, Emmanuel Lambert, La Polyphonie du Massif Central, La Vaste Entreprise, le collectif Monts et Merveilles, Franck Lepage, Les Araignées philosophes, Les Lubies, Les Souffleurs Commandos poétiques, Cécile Maurice, Anthony Pouliquen, Joëlle Sambi et Hendrickx, Cheikh Sow, Sofia Teillet, Adèle Zouane.
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