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Le faiseur: la fable financière de Balzac

Agenda, Coup de coeur, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Jean-Louis Fernandez

Quelle riche idée a eu Emmanuel Demarcy-Mota de ressortir cette pièce de Balzac très rarement jouée. Et on se demande bien pourquoi car c’est un petit bijou. Le directeur du Théâtre de la Ville en donne une version truculente admirablement bien servie par sa troupe. Un petit bonheur.

Honoré de Balzac n’a écrit que sept pièces durant sa carrière. Ce Faiseur est une fable sociale sur le rapport à l’argent et sur le monde de la finance. Un sujet toujours d’actualité et les mots de l’auteur font mouche dès les premières minutes du spectacle. « Quelle Nation pourrait dire: nous ne serons jamais débiteurs ! » dit l’un des personnages. On se délecte de ces premières missives et on n’est pas au bout de nos surprises. Un peu plus tard on entend: « Avoir son personnel à soi, c’est comme si un Ministre avait sa presse à lui » ou encore « Nous allons être aussi pauvres que l’Espagne ! » Cette pièce est donc tout d’abord un délice littéraire. Les bons mots succèdent aux aphorismes, dans une langue harmonieuse et pensée, les dialogues fusent. On se demande bien pourquoi peu de metteurs en scène s’emparent de ce texte inscrit au répertoire de la Comédie-Française (Michel Aumont est le dernier interprète du rôle de Mercadet en 1993). Bernard Blier l’a interprété en 1972 à Versailles au Théâtre Montansier.

Le Faiseur est une pièce de troupe. Elle colle donc très bien à l’esprit insufflé par Emmanuel Demarcy-Mota qui souhaite créer un répertoire avec ses comédiens. Et ils sont tout épatants. A commencer par Serge Maggiani dans le rôle de Mercadet, l’industriel fauché et poursuivi pas ses créanciers qui n’a d’autre issue que de marier sa fille (Sandra Faure) pour éponger ses dettes. Il croit avoir trouvé le mari idéal: Michonin de la Brive qui s’avère être un usurpateur. C’est Philippe Demarle qui tient ce rôle de dandy rocker. Et tout cela sous le regard de Madame Mercadet incarnée par Valérie Dashwood, totalement déjantée et décalée. Elle est très drôle. La maison de Mercadet est tenue par trois domestiques espiègles et perfides qui tentent tant bien que mal de maintenir l’édifice à flots.

Pour figurer la grandeur et la décadence de la maison Mercadet, Emmanuel Demarcy-Mota et son scénographe Yves Collet ont imaginé un plancher articulé en trois parties peint dans une très belle couleur lingot d’or. Au gré de l’action ce plancher se lève ou se baisse, demandant aux comédiens une belle agilité pour se maintenir à l’équilibre. L’effet est réussi et souligne avec finesse les turpitudes et l’instabilité de cet industriel empêtré dans ses histoires financières. Les lumières sont magnifiques. Et la scène de la rencontre de la fille Mercadet avec le fameux futur époux ripoux est croquignolette. Elle est orchestrée dans un tourbillon chorégraphique au tempo haletant. Pour pimenter le tout, Emmanuel Demarcy-Mota fait chanter à sa troupe les tubes Money de Abba et Pink Floyd. C’était risqué tant cela est téléphoné. Mais dans frénésie endiablée, cela passe comme une lettre à la poste.

Et puis dans cette pièce on attend Godeau. Oui vous avez bien lu. Godeau et non Godot. C’est l’ancien associé de Mercadet, celui qui finira par le sauver de la banqueroute. C’est l’absent de la pièce. On le cite tout le temps et on ne le voit jamais, comme son faux cousin dans la pièce de Beckett. Heureux hasard car Beckett n’a eu connaissance de la pièce de Balzac qu’après avoir écrit la sienne. On savoure cette référence.

Voilà donc une farce politique et sociale fortement réjouissante, totalement d’actualité et déjantée. Une des très bonnes surprises de ce début de printemps.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Le faiseur de Balzac

mise en scène
Emmanuel Demarcy-Mota
assistant à la mise en scène
Christophe Lemaire
scénographie & lumières
Yves Collet
musique
Jefferson Lembeye
costumes
Corinne Baudelot
maquillages
Catherine Nicolas
accessoires
Clémentine Aguettant
collaboration artistique
François Regnault

avec
La Troupe du Théâtre de la Ville

Durée: 1h50

 

Théâtre des Abbesses

Du 26 mars au 11 avril 2015

 

19 mars 2015/par Stéphane Capron
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