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Gwenaël Morin branche Dandin et Andromaque sur 220 volts

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Pierre Grosbois

Au Centre Pompidou, Gwenaël Morin poursuit son expérimentation d’un théâtre à nu initiée avec « Les Molières de Vitez ». Menée tambour battant par une troupe de neuf talentueux comédiens, elle sied davantage à la prose comique de Molière qu’aux vers tragiques de Racine.

« Dandin + Andromaque ». Durée : « Environ 2 heures ». Habitué à ces deux pièces de Molière et Racine dont les durées respectives sont plutôt comprises entre 1h30 et 2 heures, on a d’abord cru à une erreur comme il en existe parfois dans les bibles de spectacle ; et puis on s’est souvenu des « Molière de Vitez », tétralogie composée de « L’Ecole des femmes », « Dom Juan », « Tartuffe » et « Le Misanthrope », que Gwenaël Morin avait expédiée il y a quelques mois en un marathon de sept heures « seulement ». Nouveau volet d’une série inspirée de l’expérience menée par Antoine Vitez en 1978 au Festival d’Avignon – où s’est également inscrit l’assemblage des trois tragédies de Sophocle « Ajax, Œdipe, Electre » – « Dandin + Andromaque » en reprend les codes, on ne peut plus radicaux. Sans costumes ni décor, sans lumières ni musique, neuf comédiens – Gael Baron, Michael Comte, Cécilia Gallea, Florence Girardon, Jules Guittier, Barbara Jung, Amine Kara-Kidia, Antoine Mazauric et Ulysse Pujo – expérimentent un théâtre à l’état brut uniquement propulsé par la puissance de leur jeu et la force des textes, distribués à l’entrée et conservés dans leur intégralité.

Pour le public habitué aux froufrous scénographiques, l’exercice de style est désarçonnant. Son austérité détonne autant que sa rapidité étonne. Tout va vite, très vite. La prose de Molière est déversée dans un tsunami verbal que seule la versification racinienne semble être en mesure de freiner. La cadence imposée aux comédiens est infernale. Leur performance relève de la prouesse scénique et leur impeccable maîtrise met en valeur cet art de la diction, trop souvent négligé. Sans filet, l’expérimentation aurait pu se transformer en simple récitation. Et pourtant, grâce à la fine lecture de Gwenaël Morin et au talent de sa troupe presque intégralement renouvelée, l’espace neutre s’emplit de ces images qui naissent parfois lors d’intenses lectures. De la fenêtre de George Dandin à l’assassinat de Pyrrhus, les voyages initiaux proposés par les deux dramaturges sont intégralement préservés.

En écho à la fameuse règle des trois unités – de temps, de lieu et d’action – chère au théâtre classique, Gwenaël Morin crée ses propres unités de temps, de lieu et d’acteurs pour réunir les sœurs ennemies, comédie et tragédie, matérialisées en fond de scène par le symbole des deux masques, l’un riant et l’autre pleurant. A ce petit jeu, « Andromaque » se plie toutefois moins volontiers que « George Dandin ». Comique par essence, la pièce de Molière conserve tout son potentiel dans ce savant ping-pong orchestré face public. Servie en deuxième partie, la tragédie de Racine se révèle beaucoup plus retorse. Maladroitement dispersés dans la salle, les comédiens réclament un surplus d’attention à des spectateurs déjà très mobilisés. Constamment en mouvement, délaissant la scène, ils usent d’un jeu inutilement appuyé et rendent les vers raciniens moins audibles que la prose de Molière. Plutôt que de prendre aux tripes, le tragique tend alors à se diluer, noyé par le rythme intense imprimé sur la langue complexe de Racine. Tourneboulé, on se perd alors un peu dans la chaîne amoureuse à sens unique dessinée par « Andromaque », dont seuls les deux actes finaux parviennent réellement à convaincre. Comme si, même dompté par le talent de Gwenaël Morin, l’art de la tragédie était finalement bien moins docile que celui de la comédie.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Dandin + Andromaque
d’après « George Dandin ou le mari confondu » de Molière et « Andromaque » de Racine
Mise en scène Gwenaël Morin
Avec Gael Baron, Michael Comte, Cécilia Gallea, Florence Girardon, Jules Guittier, Barbara Jung, Amine Kara-Kidia, Antoine Mazauric et Ulysse Pujo
Production Théâtre du Point du Jour (Lyon)
Le Théâtre du Point du Jour est soutenu par la ville de Lyon, la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes/ministère de la Culture et la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Durée : 2 heures

Centre George Pompidou
du 21 au 25 février 2018

22 février 2018/par Vincent Bouquet
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