C’est quoi la ville rêvée ? Vaste question pour un projet théâtral. La pièce d’Olivier Coulon-Jablonka et Eve Gollac explore plusieurs pistes narratives. De Hugo à Offenbach, en passant par les travaux d’urbanistes sur le Grand Paris, la pièce est riche et le propos un peu trop noyé. Dommage.
L’idée de départ est excellente: comparer la ville du baron Haussmann au projet du Grand Paris. Olivier Coulon-Jablonka et Eve Gollac croisent pour cela plusieurs histoires. On débute par les interrogations d’une troupe de théâtre qui cherche à dépenser les 290 euros de leur cagnotte commune. Que faire avec ? Un resto branché, un resto français, boire des coups à la Bellevilloise, dîner au Guest (dans le 17ème), au Café Chérie (dans le 19ème) ou au Café Charbon (dans le 11ème). Ça sent le « guide du fooding » bobo branché mais c’est bien joué, on marche dans la combine. Puis arrive le pianiste du groupe et l’on est propulsé chez Offenbach avec les airs de La Vie Parisienne. Cela reste plaisant. Raoul de Gardefeu accueille le baron et la baronne de Gondremarck et leur promet de leur faire visiter « la ville splendide ». C’est le temps de l’expo universelle de 1867. Les comédiens changent aisément de personnage, cela reste jouissif.
Un troisième niveau de lecture intervient alors sur la ville d’aujourd’hui, sur l’élargissement de Paris au delà du périphérique. On écoute les discours rodés des entrepreneurs qui ont investi Saint-Denis. C’est assez subtilement tourné en dérision. Mais ce n’est pas tout, un quatrième niveau de lecture vient littéralement parasiter la pièce. Après Haussmann, Offenbach, Saint-Denis, il est question de la Commune. De très beaux textes du journaliste et historien Hippolyte Prosper Olivier Lissagaray et de Victor Hugo viennent compléter la dramaturgie. Et là cela devient trop. La pièce sombre alors dans le bavardage, on perd en tension, les allers-retours d’une histoire à l’autre deviennent fatigants. On a bien compris le propos: « L’univers sans la ville, ce serait comme une décapitation« , mais ce théâtre utopique tombe dans le travers d’une dispersion narrative qui noie la belle idée de départ.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Paris nous appartient
compagnie MOUKDEN THEATRE
D’aprés La Vie Parisienne d’OFFENBACH
Texte et adaptations Eve GOLLAC et Olivier COULON – JABLONKA
Mise en scèneOlivier COULON – JABLONKA
Lumière Anne VAGLIO | Chef de Chant Lucie DEROïAN | Scènographie Grégoire FAUCHEUX Costumes Delphine Brouard
Avec Jean-Marc LEYER, Guillaume RIENT, Malvina PLEGAT, Eve GOLLAC, Florent CHEIPPE, Julie BORIS, Johann CHAUVEAU, Jérémie BERGERAC
Production Moukden Théâtre. Théâtre de Sartrouville et des Yvelines Centre Dramatique National. La Comédie de Béthune Centre Dramatique National. Le Forum Scène Conventionnée du Blanc Mesnil Avec le soutien artistique du Jeune Théâtre National, avec l’aide du Théâtre l’Echangeur Cie Public Chérii et du Théâtre de la Vignette à Montpellier Co-réalisation L’ECHANGEUR Cie Public Chéri
Durée 2h10
Festival des Illusions du Monfort
Du 10 au 20 mars 2016
JEU 10 – 21H
VEN 11 – 21H
SAM 12 – 21H
DIM 13 – 17H
JEU 17 – 21H
VEN 18 – 21H
SAM 19 – 21H
DIM 20 – 17H
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