Le cas Lucia J s’arrête à Artéphile

photo Simon Gosselin

Le cas Lucia J avec Karelle Prugnaud et Eugène Durif ne se joue plus au Théâtre Artéphile dans le Off depuis le 17 juillet. Alexandre Mange, son directeur, a demandé à la compagnie de quitter les lieux, suite à des dégradations sur les murs de la scène. La compagnie cherche une salle pour continuer à jouer le spectacle à Avignon.

Dans Le cas Lucia J, la performeuse Karelle Prugnaud interprète le rôle de Lucia Joyce, la fille de James Joyce (incarné par Eugène Durif, l’auteur de la pièce). Lucia Joyce a passé la majeure partie de sa vie dans des hôpitaux psychiatriques. Karelle Prugnaud incarne ce personnage schizophrène, elle joue la folie, et danse avec une chaise qui bascule et se fracasse contre les murs. « Ce moment dans la pièce n’est pas nouveau, il a toujours existé, soutient la comédienne. L’équipe du théâtre Artéphile a programmé le spectacle en l’ayant vu en tournée, et elle savait à quoi elle s’engageait ».

Alexandre Mange, le directeur du théâtre Artéphile, explique de son côté qu’il a été contraint de prendre cette décision pour protéger son lieu. « J’ai demandé plusieurs fois à Karelle Prugnaud de prendre des mesures conservatoires pour éviter l’accumulation de trous dans les murs du théâtre. Elle m’a plusieurs fois répondu qu’elle ferait attention. Mais on a constaté qu’il n’y avait pas d’amélioration, et aucune réaction de la compagnie. Et j’ai été obligé de prendre cette mesure pour protéger mon théâtre. »

Le 16 juillet au soir, à l’issue de la représentation, Alexandre Mange a fait savoir à l’équipe qu’elle devait quitter les lieux. « Il est entré dans la loge de la comédienne sans frapper ni prévenir alors que celle-ci était nue », raconte la compagnie dans un communiqué. « Il décide de nous expulser (le terme est important : expulser) de son espace sous prétexte que deux murs furent abîmés. La compagnie était bien évidemment prête à rembourser les dommages et avait déjà contacté son assurance. »

Aujourd’hui, l’équipe artistique se trouve sans théâtre pour les 10 dernières représentations. Elle souhaite pouvoir continuer à la jouer dans le Off et en appelle à la solidarité. « La compagnie a engagé des frais importants jusqu’à la fin du festival, logements, attachée de presse, attaché de production, etc. Cette décision nous place dans une situation financière dramatique. » D’autant explique Karelle Prugnaud que « beaucoup de programmateurs devaient venir d’ici la fin du festival. »

La compagnie conclut ainsi son communiqué : « Nous sommes sidérés par la violence de cette décision. Celle-ci reflète le comportement d’un certain nombre de lieux avignonnais qui bien loin de tout engagement ou démarche artistique ne voient qu’un intérêt purement financier et économique. »