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« Souriez quoi qu’il arrive », mais seulement si vous le pouvez

Décevant, Ivry, Les critiques, Lyon, Théâtre
Laurent Meininger met en scène Souriez quoi qu'il arrive de Nick Gill
Laurent Meininger met en scène Souriez quoi qu'il arrive de Nick Gill

Photo Lila Gaffiero

Présentée au TQI sous la houlette de Laurent Meininger, la pièce de Nick Gill suscite moins le rire qu’une véritable gêne, tant elle exhibe et étale exagérément la bêtise et la bassesse les plus crasses qu’elle veut pourtant dénoncer. Une contre-performance.

Le tout premier texte du jeune dramaturge, performeur et musicien britannique Nick Gill, paru en français sous le titre injonctif Souriez quoi qu’il arrive, a beau nous exhorter à la rigolade, il paraît bien impossible de se dérider et de se laisser décrocher les zygomatiques devant l’étalage de toute la médiocrité rance et repoussante qu’incarne la famille Jones au centre de son intrigue. Aussi dysfonctionnel qu’auto-satisfait, le couple bourgeois que forment Jane et John n’échappe à aucun stéréotype : elle est mère et femme au foyer, et semble ne rien vivre d’extraordinaire dans sa vie ; lui, le père, est un businessman qui gagne beaucoup d’argent en vendant des armes. Aussitôt rentré à la maison, il fait le récit logorrhéique de sa longue et soit-disante captivante journée de travail. Leurs enfants, John, étudiant en lettres à l’université, et Jenny, lycéenne de dix-huit ans sexuellement active, zonent dans la maisonnée où ils entretiennent des relations incestueuses. Tout est trouble et poisseux. Sans complexe, tous s’épient, s’exhibent, se paluchent. Un soir, au moment du dîner, la cadette présente son nouveau petit ami noir prénommé Kwesi. Le rôle est incarné avec un certain courage par l’acteur Loïc Djani, vu au théâtre dans Ils n’avaient pas prévu qu’on allait gagner de Christine Citti mis en scène par Jean-Louis Martinelli, tant le propos périlleux stigmatise la couleur de peau, le manque d’éducation, l’accent pittoresque de son personnage, qui, de plus, paraît torse nu et déhanché sur le rythme de tam-tams africains.

La mise en scène proposée par Laurent Meininger place les figures dans un espace intéressant. S’il évoque le décor d’une sitcom, il évite le réalisme en se vidant et en se délitant après s’être apparenté à un plateau télévisé, comme pour bien mettre à distance et souligner l’artifice et la superficialité des situations présentées. Placés sous un toit de lumière rasante, les personnages ressemblent autant à des pantins bouffons qu’à des souris de laboratoire. Ils nous invitent à observer à la loupe leurs traits pourtant déjà fort épais. Le code de jeu oscille entre le boulevard et l’absurde, évidemment poussé à l’extrême pour sonner faux de bout en bout. Le travail sur les costumes et les perruques va également dans ce sens. Sans se ménager, les acteurs et les actrices débordent de dynamisme et font tout ce qu’ils peuvent pour se démener avec l’inconséquente légèreté d’une partition qui affiche la prétention de brocarder, au moyen de la satire, la face obscure des sociétés occidentales ethnocentristes.

Prise au piège de ses intentions et n’entamant aucune réflexion, l’expérience ne fonctionne pas. Le texte bavard et la mise en scène chargée se surpassent en outrances, en complaisances, en vulgarité. L’un et l’autre assument pleinement de brasser et de jouer avec les pires clichés ordinairement banalisés autour de la violence, du racisme, du patriarcat, du fantasme sexuel. Stagnante et ne sachant pas trop où aller, la pièce bascule alors dans le thriller gore pour mieux s’étirer, et finir par s’essouffler.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Souriez quoi qu’il arrive
Texte Nick Gill (Éditions Presses Universitaires Du Midi, Nouvelles Scènes)
Préface et traduction Élisabeth Angel-Perez
Mise en scène Laurent Meininger
Avec Lucile Delzenne, Loïc Djani, Jeanne François, Alain Fromager, Stéphane Fromentin, Damien Vigouroux
Scénographie Laurent Meininger, Renaud Lagier
Création lumière Anna Geneste
Création son Stéphane Fromentin
Création costumes Charlotte Gillard
Décors Yan Chollet, assisté de Marie Chollet – ARTEFAB
Régie générale, plateau Simon Haratyk

Production Compagnie Forget me not
Coproduction Théâtre des Quartiers d’Ivry – CDN du Val-de-Marne ; L’Archipel – Scène de territoire pour le théâtre – Fouesnant-les-Glénan ; Les Célestins – Théâtre de Lyon ; Espace Bernard-Marie Koltès, Scène conventionnée

Soutien technique Théâtre National de Bretagne
Avec le soutien du ministère de la Culture – Drac Bretagne, de la Région Bretagne, et de Rennes Métropole

Durée : 1h40

Théâtre des Quartiers d’Ivry, CDN de Val-de-Marne
du 25 au 29 mars 2025

Les Célestins, Théâtre de Lyon
du 5 au 15 novembre

28 mars 2025/par Christophe Candoni
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