La putain de l’Ohio est jouée pour la première fois en France. C’est l’un des derniers textes de l’auteur israélien Hanokh Levin, écrit deux ans avant sa mort. On y retrouve ses thèmes de prédilection : la vie, la mort, le sexe, l’amour dans une écriture assez crue, rendue touchante par l’interprétation des trois comédiens.
Just A Dream. Un slogan écrit en grand sur trois affiches représentant trois images idylliques: une belle demeure au bord d’un lac, une plage aux caraïbes et une vue des gratte-ciel de New-York. Des images colorées qui contrastent avec les deux poutres métalliques posées sur un sol de gravier noir. La pièce d’Hanokh Levin est d’une noirceur extrême. Un homme âgé, mendiant, souhaite se payer un pute pour son soixante-dixième anniversaire. Après avoir négocié le prix, il s’avère être incapable d’en profiter.
Tout le monde a des envies, des espoirs, des rêves. C’est le cas du trio imaginé par Lévin. Il y a donc ce vieil homme, son fils, et une pute. Si le sexe est fortement présent dans la pièce, dans des termes très crus et sans équivoque, c’est surtout la quête de rêve qui est le thème central. Le rêve de gagner plus d’argent, d’accéder à l’eldorado, le rêve de se faire aimer par son père, le rêve d’être libéré de l’emprise de son protecteur. Ces trois personnages désespérés et fragiles sont touchants. La scénographie sombre de Laurent Gutmann renforce la noirceur de la pièce. Et dans cet espace « fin de monde » les trois comédiens Guillaume Geoffroy, Éric Petitjean et Catherine Vinatier sont remarquables. Avec une mention particulière pour Eric Petitjean, vieilli, dont la jeu va bien au-delà de la performance d’acteur lorsqu’il se roule nu dans la poussière et le gravier. On ne sort pas indemne de la pièce. Heureusement Hanokh Levin ne nous laisse pas sur une image de désespoir. La dernière phrase prononcée par la pute dans la pièce est d’une beauté saisissante: « Souriez même si c’est un rêve ».
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
LA PUTAIN DE L’OHIO HANOKH LEVIN
création
texte français de Laurence Sendrowicz
(Éditions Théâtrales, volume Théâtre Choisi V, comédies crues)
mise en scène et scénographie Laurent Gutmann
avec Guillaume Geoffroy, Éric Petitjean et Catherine Vinatier
costumes Axel Aust, lumières Yann Loric, régie générale Armelle Lopez,
production diffusion Emmanuel Magis / ANAHI 01 43 57 36 29 – 06 63 40 64 68 emmanuel.magis@gmail.com
production La Dissipation des brumes matinales (production en cours), avec le soutien de la DGCA-Ministère de la culture et de la communication.
Durée : 1h45
Du 8 au 27 juillet à 20h30
Relâche le 17 juillet
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