Après d’importants travaux, l’Athénée a réouvert pour une saison principalement musicale. Mais avant de laisser place nette aux notes, Philippe Caubère occupe les lieux jusqu’à la fin du mois de novembre avec trois spectacles. Deux où il joue (« Le Bac 68 », « La Danse du Diable ») et un dernier où il met en scène Clémence Massart : « L’Asticot de Shakespeare ».
Au sommet de l’Athénée, dans la salle Christian-Bérard, la scène ressemble au premier abord à des tréteaux dressés, portant un décor simple : des accessoires éparpillés autour d’un point central. Artifices d’un cabaret de mot dont l’idée de départ est aussi intéressante que simple : il s’agit de rire avec des textes qui parlent de la mort. De Baudelaire à Jankélévitch en passant par Caussimon et Shakespeare.
Très vite, on se rend compte que le rire ne vient pas des extraits choisis, mais de l’exagération sans limite dans laquelle les plonge Clémence Massart, l’interprète. Elle ne s’embarrasse pas de faire entendre les mots et c’est bien normal, sinon ce serait difficile de rire. De plus, tout cela est assez mal joué et assez triste. Bien vite, on la confond avec une personne seule qui joue devant sa glace entourée d’un tas de vêtements qu’elle viendrait de trier. Un délire solitaire porté à la scène où Jean Giono a forcément l’accent du sud, Shakespeare l’accent british et Vladimir Jankélévitch une chapka (bien que né à Bourges) : autrement dit, un empilement de clichés bâtis seulement pour provoquer le rire gras.
L’ensemble est grotesque, suranné, du jeu à la mise en scène, c’est un cas d’école de ce que le théâtre des années 70 ou 80 a pu faire de pire, faussement intelligent et encore moins populaire. Le mauvais goût est poussé ici jusqu’à déclencher des feux d’artifices sur scène.
Le pire, c’est que les textes magnifiques sont totalement dénaturés, à l’exception de celui de Caubère , on oublie bien vite être venu voir un spectacle où les mots sont à la source pour assister à un numéro grossier où les auteurs passent au second plan. Clémence Massart écoute-t-elle seulement ce qu’elle dit ? Elle se contenterait de faire des borborygmes à la place des vers, le résultat serait le même : sans finesse.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
L’Asticot de Shakespeare
textes de Clémence Massart, Shakespeare, Baudelaire, Giono, Jankélévitch, Caubère
créé et interprété par Clémence Massart
mise en scène Philippe Caubère
costumes : Sophie Lascelles, Verasri Treethara dite Tera
son : Jean-Christophe Scottis
marionnette et nez : Freddie Hayter
production : La Comédie Nouvelle avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication I coréalisation : Athénée Théâtre Louis-JouvetAthénée Théâtre Louis-Jouvet
4 octobre > 20 novembre 2016
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