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Une nouvelle vague de Rohmer avec Thomas Quillardet

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre
Pierre Grosbois

photo Pierre Grosbois

Présenté au Théâtre de la Tempête en diptyque avec Où les cœurs s’éprennent, adaptation de deux scénarios d’Éric Rohmer, L’arbre, le Maire et la Médiathèque est une fable aussi comique que politique. Une nouvelle fois, grâce à Thomas Quillardet, la Nouvelle Vague nous parvient, vigoureuse. Elle nous surprend.

Dans la plupart des films d’Éric Rohmer, l’idéal est une quête qui s’exprime dans un quotidien assez banal. Ou plutôt dans les petits interstices qui séparent ses différentes composantes, invariables : la famille, l’amoureux ou la petite copine, les amis… Dans Les Nuits de la pleine lune (1984) par exemple, cette recherche du bonheur, de la liberté, se situe dans le studio parisien que Louise décide d’habiter tous les vendredis pour préserver son amour avec Rémi. Dans Le Rayon Vert (1986), elle se loge comme souvent chez le réalisateur de la Nouvelle Vague en période de vacances : celles de Delphine, qui cherche tout l’été une alternative à son voyage en Grèce tombé à l’eau. Rassemblés et adaptés par le metteur en scène Thomas Quillardet sous le titre Où les cœurs s’éprennent, créé en 2017 et repris aujourd’hui au Théâtre de la Tempête, les scénarios de ces deux films font totalement écho à nos solitudes et à nos rêves intimes d’aujourd’hui.

En poursuivant avec L’arbre, le Maire et la Médiathèque sa traversée rohmérienne, c’est un autre visage du cinéaste, moins connu mais complémentaire au premier, que Thomas Quillardet partage avec nous. Dans ce film réalisé bien après les deux longs métrages cités plus tôt, en 1993 – il interrompt alors la série des Contes des 4 saisons, où les relations amicales et amoureuses donnent encore lieu à de grandes discussions –, c’est en matière politique que s’exprime la réflexion des personnages de Rohmer sur la vie. Alors que les autres ne sont situés dans leur époque que par leur mise, leur manière de se comporter avec les personnes du sexe opposé et quelques autres menus détails, ce film-là est ancré dans un contexte précis : la veille des élection régionales de mars 1992. Thomas Quillardet décide toutefois de ne pas préciser l’année du scrutin, et d’accentuer ainsi l’allure de fable du scénario de Rohmer.

Si dans sa précédente création, les cœurs s’éprennent et se détachent dans le noir de La Tempête, derrière un quatrième mur bien solide, c’est à l’air libre que s’affrontent les idées dans L’arbre, le Maire et la Médiathèque. Conçue pour être jouée partout, en extérieur, cette nouvelle pièce s’épanouit ces jours-ci dans le Parc Floral, où des ballots de paille invitent les spectateurs à abandonner leurs soucis urbains pour épouser ceux d’un Saint-Juire qui tient plus du village imaginaire que de la transposition d’un lieu réel. Faisant l’impasse sur l’étrange premier plan du film, où la figure de droite radicale Parvulesco (Jean Walter) discute à la terrasse du Lipp avec Régis Lebrun Blondet (François-Marie Banier) de la droitisation de la France, Thomas Quillardet nous place d’emblée face au personnage central du conte de Rohmer : Julien Dechaumes, maire socialiste de Saint-Juire, qui nous accueille tract à la main en nous invitant à rejoindre nos sièges de fortune.

Aux côtés de Guillaume Laloux, qui incarne le maire dont le rôle est porté chez Rohmer par Pascal Gregorry, on retrouve toute l’équipe de Où les cœurs s’éprennent, dans lequel chacun joue déjà deux rôles différents. Les comédiens de Thomas Quillardet vivent ainsi à travers ces deux spectacles une expérience qui s’apparente un peu à ceux du réalisateur, dont Fabrice Luchini dit avec une tendresse cruelle, lors d’une délicieuse ouverture de rétrospective à la Cinémathèque en 2019, qu’il les enfermait dans son espace à la manière d’une sorte de gourou. Ce qui, plaisante-t-il, les empêchait de trouver ailleurs du travail ailleurs. Le metteur en scène, toutefois, ne fait pas jouer ses acteurs « à la limite du ridicule », comme Luchini dit, feignant de se plaindre, que le faisait le réalisateur. S’ils sont parfois excessifs, parfois risibles, les protagonistes de la pièce de plein air ne sont pas aussi loin du naturalisme que ceux du film. S’ils parlent beaucoup, ils le font aussi moins longtemps, avec moins de digressions que dans les œuvres de Rohmer, où Luchini voit un sens aigu de « l’érotisation de la rétractation » – expression prononcée avec le ton ironique qu’il emploie dès qu’il évoque la critique en général, en particulier celle qui se délectait des films de Rohmer.

Incarné par Fabrice Luchini chez Rohmer, l’instituteur qui s’oppose dans L’arbre, le Maire et la Médiathèque au projet de complexe culturel porté par le maire apparaît chez Quillardet sous les traits de Florent Cheippe. Comparée à celle du célèbre acteur, sa partition met en évidence la distance de la pièce avec le fameux « jouer faux » de Rohmer. Idem pour celle de Malvina Plégat, qui a bien raison de ne pas chercher à égaler le maniérisme, la préciosité d’Arielle Dombasle, compagne du maire chez Rohmer. Se basant uniquement sur les scénarios du film, Thomas Quillardet en saisit ce qui fait le plus écho avec le présent : les préoccupations écologistes, le flou politique entre droite et gauche ou encore le rapport ville/campagne. Autant de sujets qu’Éric Rohmer a très souvent traités dans ses films réalisés pour l’ORTF, mais très peu dans ses films personnels. La nouvelle vague rohmérienne de Thomas Quillardet nous surprend. Elle nous invite à replonger dans une œuvre riche et complexe, dont elle est une sorte d’écume scintillante et joyeuse, avec ses inventions et son énergie propres.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

L’arbre, le Maire et la Médiathèque

Adapté et mis en scène par Thomas Quillardet

D’après des scénarios d’Éric Rohmer

Avec Clémentine Baert, Benoît Carré, Florent Cheippe, Nans Laborde-Jourdàa, Guillaume Laloux, Malvina Plégat, Anne-Laure Tondu, Jean-Baptiste Tur et Liv Volckman (enfant)

Costumes : Frédéric Gigout

Assistanat à la mise en scène : Guillaume Laloux

Régie générale : Camille Jamin

Stagiaires habilleuses : Camille Marques, Cécile Robion

Stagiaires régie : Elliott Legrain, Clara Yris

Direction générale de la compagnie : Fanny Spiess

Directrice de prodution/diffusion : Marie Lenoir

Directrice de production/administration : Maëlle Grange

Production : 8 avril

En coproduction avec Le Moulin du Roc–scène nationale de Niort.

8 avril est soutenue par la DRAC Ile-de-France – ministère de la culture et de la communication au titre du conventionnement et la Région Ile-de-France au titre de la permanence artistique et culturelle.
En coréalisation avec le Théâtre de la Tempête

Durée : 45 mins

Théâtre de la Tempête (Spectacle joué en extérieur au parc Floral)

Vendredi 4 juin et samedi 5 juin à 16h / vendredi 11 juin, samedi 12 juin, vendredi 18 juin, samedi 19 juin à 18h / dimanche à 14h30

Festival d’été de Chateauvallon – Scène nationale

Le 2 juillet 2021

Festival Par Has’art – Noisiel

Le 7 juillet 2021

Théâtre de Chelles (Parc des souvenirs)

Le 9 juillet 2021

Le Moulin du Roc – Scène nationale de Niort

Le 18 juillet 2021

Lieux Public – Marseille (Parc de l’Oasis)

Le 24 juillet 2021

ECLAT – Les rencontres à Aurillac (Village Saint-Simon)

Du 19 au 21 août 2021

10 juin 2021/par Anaïs Heluin
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