Après « The Servant », grand succès de la saison 2014-2015, le Théâtre de Poche-Montparnasse met de nouveau à l’honneur une pièce anglaise, « La Version Browning » de Terence Rattigan. Jean-Pierre Bouvier y incarne un Andrew Crocker Harris saisissant.
Un professeur de lettres classiques a pris la décision de quitter l’établissement dans lequel il enseigne après 18 ans d’ancienneté, pour un poste moins prestigieux et moins bien payé. Il prétexte pour cela un problème de santé, mais on comprend bien vite que les humiliations dont il est victime depuis des années l’ont conduit à faire ce choix. Il quitte l’école en laissant l’image d’un professeur poli à l’administration et terrifiant auprès de ses élèves.
Un soir de juillet, on assiste à l’ultime défilé dans l’appartement du professeur. L’ambiance de l’été naissant est palpable, Patrice Kerbrat fait le choix d’une mise en scène réaliste : papier peint et uniforme plantent le décor. Un élève, Taplow, a rendez-vous avec Crocker Harris pour une dernière leçon de rattrapage, il croise Hunter, autre enseignant et amant de l’épouse de Crocker Harris. Ils moquent le vieux professeur. Le directeur et le remplaçant de Crocker Harris visiteront à leur tour le héros. Chacune de ces entrevues sera une nouvelle épreuve humiliante pour celui-ci, mais contre toute attente, il restera d’une dignité toute britannique, encaissant les pires blessures morales sans se mettre en colère.
Le Poche-Montparnasse mise de nouveau sur un auteur anglais peu monté, comme il l’avait fait avec « The Servant » durant la saison 2014. Mais ici, la pièce est moins complexe et tout repose sur l’interprétation de Jean-Pierre Bouvier. Celui-ci incarne un professeur harassé, fourbu par les épreuves, malade mais d’une dignité à émouvoir les pierres. Face à chaque coup, à l’horreur du sort qui s’acharne, il flanche mais ne sombre pas. Il se tient droit, contre vents et marées : privé de pension, cocu conscient de l’être, moqué de tous, il reste vivant jusqu’au bout alors que les spectateurs du Théâtre de Poche-Montparnasse en viennent à se demander pourquoi il ne se suicide pas. On retient difficilement ses larmes, et cette critique acerbe des mœurs britanniques un peu désuète est en fait prétexte à une performance d’acteur sublime.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
« La version Browning » de Terence Rattigan
Mise en scène : Patrice Kerbrat
Avec, Jean-Pierre BOUVIER, Marie BUNEL, Benjamin BOYER, Pauline DEVINAT, Philippe ETESSE, Nikola KRMINAC, Thomas SAGOLS – John Taplow
Décor : Édouard LAUG
Lumière : Laurent BÉAL
Costumes : Caroline MARTEL
Assistante à la mise en scène : Pauline DEVINAT
Production Théâtre de Poche-Montparnasse
Durée 1h30Poche Montparnasse
A PARTIR DU 1er SEPTEMBRE 2016 – 21h du mardi au samedi, dimanche 15h
Relâches exceptionnelles les 21 – 22 octobre et 05 – 15 novembre 2016
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