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Les Damnés : la violence froide d’Ivo van Hove se perd un peu dans la Cour d’honneur

À la une, Festival d'Avignon, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre
photo Christophe Raynaud de Lage

photo Christophe Raynaud de Lage

C’est un évènement pour l’ouverture de la 70ème édition du Festival d’Avignon : le retour de la troupe de la Comédie-Française après 23 ans d’absence pour la création de la version théâtrale des Damnés d’après le scénario de Visconti. La star des plateaux, le belge Ivo van Hove est aux commandes. Entre théâtre et cinéma, sa mise en scène très fouillée perd un peu de sa force dans ce lieu emblématique, cela passera peut-être mieux en septembre à Richelieu.

Six cercueils à cour, les postes de maquillage à jardin, les portants avec les costumes en fond de cour, c’est du théâtre en construction auquel nous convie Ivo van Hove. Une musique bourdonnante nous cueille dès l’entrée pour nous plonger dans la froideur de l’histoire de cette famille d’industriels confrontée à la montée du nazisme dans l’Allemagne des années 30. Un saxophone strident déchire la nuit tombée. Chaque personnage est présenté comme dans un générique de cinéma, deux caméramans suivent en permanence les comédiens et les images (réalisées en direct ainsi que des documents d’archives) sont projetées sur un écran au centre de la scène, seule concession à la verticalité pour Ivo van Hove qui a préféré l’horizontalité dans sa mise en scène, comme Patrice Chéreau en 1988 pour Hamlet qu’il cite en exemple.

Techniquement on a été gêné par l’utilisation omniprésente de la vidéo, notre regard a été capté en permanence vers l’écran, au détriment du plateau et du jeu des comédiens, souvent dos au public. Mais les comédiens de la troupe de la Comédie-Française ne se ménagent pas. La palme revient à Denis Podalydès dans le rôle du baron Konstantin, nu pendant la scène de la nuit des Longs Couteaux, glissant sur le plateau humidifié par la bière avec le beau Sébastien Baulain dans le rôle de Janeck, embauché pour l’occasion dans la troupe. Certains rôles sont littéralement glaçants. Elsa Lepoivre est remarquable dans celui de la Baronne Sophie von Essenbeck, elle finit humiliée par Martin (Christophe Montenez), couverte de goudron et de plumes, avant de mourir avec son amant Friedrich Bruckmann (Guillaume Gallienne).

photo Christophe Raynaud de Lage

photo Christophe Raynaud de Lage

Ivo van Hove mène la troupe du Français sur des chemins qu’ils ont peu l’occasion d’emprunter. On a aimé les corps à corps, le baiser langoureux entre Olga (Jennifer Decker) et Martin cette créature androgyne, pédophile et incestueux ; merveilleux Christophe Montenez dont c’est le premier grand rôle dans la troupe. Il éructe comme un animal traqué dans un vieux cabaret berlinois et fait table rase de la vaisselle installée pour l’anniversaire de son grand père ( séduisant Didier Sandre). Gros plan sur cette vaisselle par terre. Belle nature morte.

Si l’action se passe dans l’Allemagne Nazie des années 40, la pièce trouve aussi des résonances avec l’actualité Ivo van Hove ose un parallèle entre ces jeunes gens qui se sont tournés vers le nazisme dans les années 40 avec la jeunesse d’aujourd’hui qui se tourne vers le radicalisme religieux. Martin devient un loup enragé, dominé par le nazi Von Aschenbach, magnifique Eric Génovèse, tout en retenu et en froideur. L’image de fin est saisissante, impossible de ne pas penser à la tuerie sanglante du Bataclan.

Les mots simples de Luchino Visconti font froid dans le dos. « Le nazisme c’est notre création, il est né dans nos usines ». Un texte brut. Chaque mort d’un personnage donne lieu à un rituel funéraire un peu pesant, la lumière éclaire les spectateurs. On ne sort pas indemne de cette pièce rude, aux images parfois abominables où il est beaucoup question de la violence dans notre société. Dommage on le répète que la vidéo nous ait gâché un peu notre plaisir.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Les damnés d’après Luchino Visconti, Nicola Badalucco et Enrico Medioli
Mise en scène Ivo van Hove
Scénographie et lumière Jan Versweyseld
Costumes An d’Huys
Vidéo Tal Yarden
Musique et concept sonore Eric Sleichim
Dramaturgie Bart van den Eynde
Avec la troupe de la Comédie-Française : Sylvia Bergé, Éric Génovèse, Denis Podalydès, Alexandre Pavloff, Guillaume Gallienne, Elsa Lepoivre, Loïc Corbery, Adeline d’Hermy, Clément Hervieu-Léger, Jennifer Decker, Didier Sandre, Christophe Montenez
Et Basile Alaïmalaïs, Sébastien Baulain, Thomas Gendronneau, Ghislain Grellier, Oscar Lesage, Stephen Tordo, Tom Wozniczka
Avec Bl!ndman [Sax] : Koen Maas, Roeland Vanhoorne, Piet Rebel, Raf Minten
Production Comédie-Française
Avec le mécénat de Grant Thornton et de Monsieur et Madame Henry Hermand
Avec le soutien de la Spedidam au Festival d’Avignon
Durée estimée: 2 heures 10

Festival d’Avignon 2016
Du 6 au 16 juillet à 22h sauf le 10
Salle Richelieu du 24 septembre 2016 au 13 janvier 2017

7 juillet 2016/par Stéphane Capron
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