La troupe de la Comédie-Française au Printemps des Comédiens de Montpellier
Le théâtre de Victor Hugo est excessif, bruyant, enthousiaste et fougueux. Il emporte tout sur son passage. L’intrigue s’y déverse en vagues diluviennes qui noient immédiatement les « petits sentiments » sous des flots de passions, de dilemmes grandioses. Dès lors que l’acteur y met toute sa vérité, toute sa violence, tout son art se produit un effet médullaire, instinctif, tellurique, animal. Si l’on concentre son attention sur les quatre protagonistes principaux de la pièce, on voit que les sentiments d’injustice, d’abandon, de vengeance vivent dans Hernani, que le sens des affaires du monde, du pouvoir, de l’idéal, de la joie et du désir fonde le caractère de Carlos, contrairement à celui de Don Gomez, pétri d’expérience, de sagesse, du sens de l’honneur. Ce qui les unit, dans la pièce, est leur rapport à l’amour, qui les meut tous à des degrés divers, mais qui culmine, unique, absolu, ravageur, chez Dona Sol.
Mon projet à travers cette production est de porter au plus près des spectateurs, dans un espace vide et onirique, les passions de Hugo, sans oublier que le drame hugolien est aussi une tragédie, où il est permis de rire. L’un des aspects de la pièce qui « saute d’abord aux yeux », est qu’elle se trame effectivement entre quatre personnes : trois hommes et une femme. Comme si le monde autour était vide d’humains. Ou plutôt, comme si les humains étaient tous incarnés par l’un de ces quatre-là. Hugo s’est-il seulement donné la peine de faire exister les quelque 25 autres personnages de sa pièce ? Ils n’incarnent souvent que des fonctions politiques, servent en quelque sorte d’alibis à quelques actions qui se veulent spectaculaires (combats, arrestations, escortes royales) ou bien encore qui sont le cadre de complots politiques un peu convenus, un peu éculés, un peu datés aussi, alors que l’oeuvre ne l’est pas.
Le lecteur ne s’y trompe pas : Victor Hugo ne s’éloigne jamais de son quatuor de départ. Le monde autour est indiqué, raconté, ou craint. Le monde autour ne fait du bruit qu’en coulisse… Les excès, les passions des héros les ont chassés hors du théâtre : hors du théâtre, hors de nos esprits, hors de l’intrigue. L’adaptation de l’œuvre qui est proposée ici, et qui en réalité retranche peu de choses, tend à renforcer ce sentiment initial en évitant de s’éloigner des seuls personnages « réels » de la pièce, et en donnant la possibilité au spectacle de se jouer d’une traite et sans entracte…
La distribution sera complétée par deux autres personnages indispensables au déroulement de l’intrigue : Josefa, confidente et femme de chambre de Dona Sol et Ricardo, homme de confiance de Carlos. Il me semble également important d’indiquer que dans l’adaptation que je propose les alexandrins sont parfaitement respectés. Note d’intention de Nicolas Lormeau
Hernani
de Victor Hugo
mise en scène et version scénique de Nicolas Lormeau
Avec
Catherine Sauval, Josépha, le Laquais et un conspirateur
Bruno Raffaelli, Don Ruy Gomez de Silva
Jérôme Pouly, Don Carlos
Félicien Juttner, Hernani
Jennifer Decker, Dona Sol de Silva
Elliot Jenicot, Don Ricardo, un montagnard et un conspirateur
Costumes de Renato Bianchi
Lumières de Christian Pinaud
Musique de Bertrand Maillot
Collaboration artistique, Patrick Haggiag
Une production de la Comédie-Française, en coréalisation avec le Printemps des Comédiens.
Domaine d’O à Montpellier du 29 juin au 1er juillet 2012
22h
Printemps des Comédiens, 178 rue de la Carriérasse, 34097 Montpellier cedex 5
Renseignements au 04 67 63 66 67 et sur le site Internet www.printempsdescomediens.fr
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