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Marianne Pousseur dans l’opacité de Phèdre

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre musical

photo Marco Sallese

Au Théâtre de l’Athénée, Enrico Bagnoli associe trois figures mythologiques aux éléments naturels. Entre Ismène (l’eau) et Ajax (l’air), voici Phèdre (le feu) incarnée avec force et beauté par Marianne Pousseur, chanteuse et performeuse belge, qui hypnotise en plongeant dans la nuit ténébreuse d’une femme esseulée.

Assise, immobile, recluse, au centre du plateau – l’obscurité ne permet que de légèrement deviner la blondeur de ses cheveux, la pâleur de son teint – elle est une femme entre deux âges, le corps couvert d’un manteau de fourrure tandis que, sans apprêt particulier, elle porte une simple nuisette blanche. Seule, elle n’a pour compagne que son ombre immense qui se reflète sur les murs sombres. Phèdre délire sur Hippolyte qu’elle ne nommera pas mais présente comme un chasseur idéalisé pour sa jeunesse et sa bravoure ardentes. Prisonnière de son enfermement comme de son désir coupable, Phèdre livre un soliloque chaotique entre la parole et le chant, entre le cri et le murmure. Loin des vociférations paroxystiques des tragédiennes classiques, Marianne Pousseur fait de son souffle et de son chuchotement une étrange musique souffreteuse qui dit autant la jouissance que la douleur.

Le texte de Yannis Ritsos paraît bien opaque. Démythifiée, sa Phèdre puise évidemment son propos aux origines du théâtre tout en se faisant actuelle. Le poète grec a bandé un solide arc entre l’antiquité et notre époque pour dire l’universalité d’un amour aussi irrépressible, transgressif et tragique que celui de son personnage et l’attente toujours prégnante de la catastrophe.

La force de l’interprète et l’esthétique choisie par Enrico Bagnoli – qui compte parmi ses collaborateurs artistiques Guy Cassiers dont on reconnaît bien la signature – font pénétrer dans une conscience totalement déréglée et aliénée. Celle-ci se consume entre de longues lances rouge feu et sang qui chutent des cintres et déchirent l’espace comme des blessures qui ne se referment pas. Quelques onguents fument par bouffées dans des lampes ou des coupelles déposées au sol. La dépouille d’une bête sauvage n’est pas sans rappeler le Minotaure. C’est un paysage visuel et sonore particulièrement signifiant qui sert d’écrin où rien n’est directement illustré mais tout tient de l’évocation. Les pulsations d’un cœur qui bat, le galop d’un cheval, des stridences amères et feutrées ménagent un spectaculaire cataclysme final. La mort apparaît comme seule possible consolation.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

La trilogie des éléments
CONCEPTION : MARIANNE POUSSEUR ET ENRICO BAGNOLI
MISE EN SCÈNE, ESPACE ET LUMIÈRES : ENRICO BAGNOLI
SON ET DÉCOR SONORE : DIEDERIK DE COCK
INTERPRÈTE : MARIANNE POUSSEUR
ISMÈNE
MUSIQUE ORIGINALE : GEORGES APERGHIS
COLLABORATION MUSICALE : JEAN-LUC PLOUVIER
COLLABORATION ARTISTIQUE : GUY CASSIERS
ACCESSOIRES : CLAUDINE MAUS
PHÈDRE
MUSIQUE : MARIANNE POUSSEUR
COLLABORATION ARTISTIQUE : GUY CASSIERS ET JOSSE DE PAUW
ASSISTANAT : ILARIA MOZZAMBANI
COSTUMES : CHRISTINE PIQUERAY
TRAVAIL CORPOREL : NIENKE REEHORST
TRADUCTION FRANCOPHONE DE GÉRARD PIERRAT – ADAPTÉE PAR MARIANNE POUSSEUR
AJAX
TRADUCTION, ADAPTATION, INTERPRÉTATION ET MUSIQUE : MARIANNE POUSSEUR
ASSISTANAT : EMILIENNE FLAGOTHIER & ILARIA MOZZAMBANI
COSTUMES : CHRISTINE PIQUERAY
TRAVAIL CORPOREL : NIENKE REEHORST
AIDE À LA TRADUCTION : TONI MALAMATENIOS, HÉLÈNE DIMITRIADIS, HÉLÈNE TROUPI BOURILLON

Théâtre de l’Athénée
Mais 2017
mer. 3 – 20h00 Ismène
jeu. 4 – 20h00 Ismène
ven. 5 – 20h00 Ismène
sam. 6 – 20h00 Ismène
mer. 10 – 20h00 Phèdre
jeu. 11 – 20h00 Phèdre
ven. 12 – 20h00 Phèdre
sam. 13 – 20h00 Phèdre
mer. 17 – 20h00 Ajax
jeu. 18 – 20h00 Ajax
ven. 19 – 20h00 Ajax
sam. 20 – 20h00 Ajax

12 mai 2017/par Christophe Candoni
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