La comédienne Dominique Reymond est le visage de l’affiche de la saison 2021/2022 du Théâtre National de Strasbourg qui s’ouvrira en septembre par Le Passé, la création de Julien Gosselin d’après l’œuvre de Léonid Andréïev. Voici les spectacles de la première partie de la saison, de septembre à janvier. La deuxième partie de la saison de février à juin 2022 sera annoncée au mois de novembre 21. Une soirée hommage au metteur en scène Jean-Pierre Vincent au lieu en novembre.
Le Passé
10 |18 sept 2021
Salle Koltès
CRÉATION AU TNS
Le metteur en scène Julien Gosselin, après avoir exploré la littérature contemporaine avec des écrivains comme Michel Houellebecq, Roberto Bolaño ou Don DeLillo − emblématiques des
questionnements qui ont traversé le XXe siècle jusqu’à aujourd’hui − plonge ici dans le passé, au travers des œuvres de Léonid Andréïev (1871-1919). Ce qui l’intéresse chez cet écrivain russe, outre la beauté de l’écriture, c’est la radicalité avec laquelle il regarde son époque et dépeint ses contemporains. Julien Gosselin joue ici avec les codes du théâtre académique, lui alliant les outils qui lui sont chers : utilisation de la caméra, musique de scène, jeu performatif. Quel bouleversement peut déclencher en nous la réapparition d’un monde disparu?
Rothko, untitled #2
18 | 20 sept 2021
Salle Gignoux
Comment traduire le ressenti face à une œuvre d’art et le partager de manière sensorielle? Claire ingrid Cottanceau, artiste plasticienne et actrice, et Olivier Mellano, compositeur et guitariste, proposent une expérience sensorielle, rêvée à partir de la peinture de Mark Rothko (1903-1970).
Il n’est pas ici question de biographie ni de commentaire des œuvres. Elle a créé un espace fait de lumières surgies du noir, aux couleurs changeantes, comme des tableaux mouvants, et elle donne voix au Poème de la chapelle Rothko de John Taggart. Lui joue en direct de la guitare électrique, sa composition guide et accompagne la rythmique du poème et le trio lyrique des Voix imaginaires. La chorégraphe Akiko Hasegawa les rejoint ici le temps d’une performance dansée. Rothko, untitled #2 est une invitation à perdre les repères d’espace et de temps, se laisser porter par la vibration du présent.
Nous entrerons dans la carrière
29 sept | 9 oct 2021
Salle Gignoux
La nouvelle création de Blandine Savetier interroge le désir de révolution dans un monde en crise. Comment vivons-nous des transitions historiques qui nous dépassent, la tension entre le temps de l’histoire et celui de l’individu? En s’appuyant sur de jeunes acteurs et actrices de toutes origines, le roman Le Siècle des Lumières d’Alejo Carpentier, et la vie de Jean-Baptiste Belley, premier député noir à la Convention, elle confronte les aspirations à la liberté et l’égalité héritées de la Révolution française, avec les désillusions sur le monde d’aujourd’hui. Pour elle, le théâtre est le lieu où une communauté institue sa confrontation avec l’Histoire. Face au risque d’effondrement, que faisons-nous de notre désir d’un monde différent ?
Hilda
7 |17 oct 2021
Salle Koltès
Madame Lemarchand, bourgeoise d’une ville de province, convoque Frank Meyer, ouvrier précaire travaillant au noir. Elle veut recruter sa jeune épouse, prénommée Hilda, pour faire le ménage,
s’occuper de ses enfants, et lui tenir compagnie. Marie NDiaye compose un drame effroyable de la domination à la mécanique vampirique implacable, dans laquelle Madame Lemarchand, insatiable,
est poussée à demander toujours plus à Hilda. Quelles seront les armes de résistance? Élisabeth Chailloux met en scène la pièce avec l’actrice et cantatrice Natalie Dessay : une langue concrète, musicale et envoûtante, œuvrant au décalage étrange avec le réel.
Condor
13 | 23 oct 2021
Salle Gignoux
Le titre de la pièce de Frédéric Vossier fait référence à l’opération Condor : en 1975, les dictatures d’Amérique latine scellent une alliance secrète visant à l’anéantissement de toute subversion, ou révolte potentielle, incarnées principalement par les mouvements ouvriers. Torture, assassinats, seront la réponse au désir d’émancipation. Quarante ans plus tard, une femme appelle un homme au téléphone. Dès les premiers mots, on sait qu’ils se sont connus intimement. Que peut-on se dire après si longtemps ? Anne Théron met en scène une nuit de confrontation où ces deux personnages appartenant à des univers antagonistes vont se retrouver. Elle était du côté des opposants, lui a probablement été un bourreau…
Ce qu’il faut dire
6| 20 nov 2021
Salle Koltès
CRÉATION AU TNS
Que signifie se déclarer «blanc» et désigner d’autres personnes comme étant «noires»? Qui a décidé que «l’Afrique» se nommerait ainsi ? Loin de se satisfaire des formules et pensées toutes faites, l’écrivaine Léonora Miano vient bousculer les mots et les récits forgés par une Europe conquérante, détisser le langage de la colonisation et du capitalisme, pour retrouver le fil de l’humain − son désir de spiritualité et de beauté. Dans la mise en scène de Stanislas Nordey, trois actrices afropéennes interprètent les trois chants poétiques et politiques qui composent Ce qu’il faut dire. Quelle mémoire veut-on garder vivante ? Peut-on se libérer des assignations et être soi ?
Deux Amis
24 nov | 4 déc 2021
Salle Koltès
Charles et Stan, deux artistes de théâtre, remontent le légendaire spectacle d’Antoine Vitez de 1978, Les 4 Molière. Ils s’aiment et vivent ensemble depuis trente ans. Un SMS lu malencontreusement durant les répétitions par Charles alors qu’il est adressé à Stan, va semer la discorde. Ce texte, écrit pour Charles Berling et Stanislas Nordey, est pièce d’amour et de guerre. Rambert élabore, à nouveaux frais, une dramaturgie de l’intime mêlant réflexion sur l’art, déclaration sentimentale, collage de citations, péripétie, scène de ménage, art performatif, humour et lyrisme. Il ne cède pas, à juste titre, sur la nécessité intérieure, et parfois impudique, de livrer «le coeur humain presque à nu» (Stendhal).
Chère Chambre
25 nov | 5 déc 2021
Salle Gignoux
CRÉATION AU TNS
Chimène Chimère est une jeune femme de vingt ans dont on pourrait dire qu’elle a tout pour être heureuse : elle est née dans une famille aimante, a une compagne dont elle est amoureuse et
aimée. Pourquoi décide-t-elle un soir de quitter sa chambre et d’offrir son corps à un inconnu sans-abri, atteint d’un mal contagieux et incurable ? Comment ses proches vont-ils réagir en apprenant ce geste gratuit, incompréhensible, et sa mort inévitable? Écrite et mise en scène par Pauline Haudepin, la pièce s’ouvre sur un drame familial pour atteindre des dimensions oniriques. La maladie vient secouer les hypocrisies sociales, réveiller les énergies vitales et la soif d’absolu. La douceur peut-elle être plus subversive que la violence ?
Quai ouest
8|16 déc 2021
Salle Koltès
Koltès situe l’action de la pièce dans une zone portuaire abandonnée. Un administrateur de biens, Koch, conduit en Jaguar par sa secrétaire Monique, choisit cet endroit pour mourir. Il se jette à l’eau, mais le voilà aussitôt repêché par Abad, être silencieux et secret. Dans ce lieu en marge de la société, Koch et Monique se retrouvent exposés à des individus déclassés, étranges êtres de la pénombre : Charles, sa sœur Claire, leurs parents Rodolphe et Cécile, et un certain Fak. Cette pièce interroge les rapports sociaux, le désir (de reconnaissance), et le devenir-adulte. Ludovic Lagarde, rompu aux écritures contemporaines, propose d’explorer le continent koltésien d’une langue dense et raffinée qui sonne comme une tragédie de la mondialisation et du déracinement.
Cœur instamment dénudé
11| 22 janv 2022
Salle Gignoux
CRÉATION AU TNS
L’auteur et metteur en scène Lazare réinvente le mythe de Psyché − jeune mortelle dont Cupidon, fils de la déesse Vénus, s’éprend et rend amoureuse de lui en utilisant ses pouvoirs − pour explorer ce qu’est le désir. En quoi est-il profond, factice ou dicté ? Désir amoureux, désir d’appartenance, de reconnaissance, de possession, de croyance, d’émancipation… Entre le vieux monde des dieux, des mystères et l’abstraction et les lois du nouveau monde, Psyché va devoir trouver sa propre voix, son chemin d’être humain. Une multitude de personnages habite cette fable contemporaine composée de rencontres, de conflits, de poèmes, de solidarités, de chansons, d’élans de vie au milieu du chaos.
BIFACE
Expériences au sujet de la Conquête du Mexique 1519-1521
26 janv | 3 fév 2022
Salle Gignoux
Le metteur en scène Bruno Meyssat et son équipe se sont intéressés au choc qu’a été la rencontre entre Aztèques et Espagnols, il y a 500 ans, à l’arrivée des conquistadores. Choc visuel, culturel, religieux, rencontres faites de fascinations, de curiosité, d’aversion. L’équipe s’est plongée dans les témoignages relatant de part et d’autre cet évènement, non pour en restituer les faits dans le cadre d’une pièce documentaire, mais pour tenter d’en approcher, aujourd’hui, les sensations, les questionnements, l’essence de ce qu’est une découverte mutuelle d’une telle ampleur − presque surnaturelle. Qu’exprime finalement de nous cette mise en présence soudaine de deux manières d’être au monde ?
Le Dragon
31 janv | 8 fév 2022
Salle Koltès
Lancelot arrive dans une bourgade où l’humanité semble être résolue à la fatalité. Le lendemain, la jeune Elsa sera emmenée par le Dragon, comme tant d’autres avant elle. D’où vient que les
habitants puissent ainsi se résoudre à l’horreur sans même combattre ? L’auteur russe Evgueni Schwartz écrit cette pièce en 1944, se servant d’éléments du conte et du fantastique pour interroger les forces de résistance face à un pouvoir totalitaire. On retrouve ici l’univers du metteur en scène Thomas Jolly, sa revendication d’un théâtre à la fois populaire et spectaculaire au service de la pensée. Quelles injustices terribles sommes-nous prêts à accepter tant que nous n’en sommes pas
victimes ? Quel dragon faut-il chasser en nous ?
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