La saison 2010/2011 se dessine alors que la crise est de plus en plus ouverte au sein de spectacle vivant

Drôle de printemps pour le spectacle, alors que les théâtres annoncent leur programmation 2010/2011, les professionnels du spectacle vivant sont de plus en plus inquiets sur l’avenir. La réforme des collectivités locales ne laisse rien de présager de bon. Beaucoup de collectivités (Conseils Généraux, Conseils Régionaux) ont déjà anticipé et commencé à opérer des coupes sombres dans leurs aides aux structures publiques. Alors que les professionnels seront dans la rue le 6 mai, l’on parle déjà de mouvements  possibles lors des festivals estivaux. Le Ministère de la Culture a pris conscience de la menace en nommant un Monsieur Réflexion sur le sujet. Il s’agit de Jérôme Bouet. Il est chargé d’ »une mission de réflexion et de propositions sur le renouvellement des partenariats entre l’Etat et les collectivités territoriales ». Il devra étudier « les rôles des différents partenaires publics tout en tenant compte de la volonté exprimée par le Président de la République de maintenir les compétences culturelles de toutes les collectivités ». Autant dire un casse-tête, car les budgets des collectivités ne seront jamais en hausse et la disposition n°11 du Comité Balladur pour la réforme est clair : « il est proposé que les départements et les régions ne puissent intervenir que dans les domaines de compétences que la loi leur attribue ». La culture n’y est pas inscrite. Les élus de gauche du Comité ont voté contre cette disposition (Pierre Mauroy et André Vallini).

Et pendant ce temps, les saisons se construisent ! Justement à l’Odéon, Olivier Py rendra hommage au père de la décentralisation : François Mitterrand, en dirigeant un « Adagio » (mouvement lent dans une oeuvre musicale) sous-titré « Mitterrand, le secret et la mort ». Pour sa quatrième saison Olivier Py, va mettre à l’honneur deux artistes novateurs, Valère Novarina et Joël Pommerat. Valère Novarina sera « auteur européen au coeur de la saison » et créera en janvier « Le vrai sang ». Joël Pommerat sera, après les Bouffes du Nord, en résidence à l’Odéon-ateliers Berthier avec la reprise de deux pièces jeune public (« Pinocchio » et « Le Petit Chaperon rouge », novembre-décembre) et la création de « Ma chambre froide » (mars). Enfin Olivier Py, fasciné par les tragiques grecs, enchaînera sur une autre création, une « Trilogie Eschyle ». La saison sera complétée par des artistes européens : Peter Stein montera Dostoïevski, Thomas Ostermeier un Lars Noren, Krzysztof Warlikowski sera de retour pour « La fin », spectacle autour de Koltès, Kafka et Coetze, et le Russe Nikolaï Kolyada présentera sa vision du « Hamlet » de Shakespeare (octobre).

A La Colline pour sa deuxième saison Stéphane Braunschwei mettra en scène la « Lulu » de Wedekind avec une John Arnold, Claude Duparfait, Philippe Girard, Chloé Réjon…, avant une tournée à Grenoble, Nantes et Toulouse. Célie Pauthe, « artiste associée », proposera au printemps « Long voyage du jour à la nuit » de l’Américain Eugene O’Neill, avec Valérie Dréville. Christian Schiaretti sera accueilli en fin de saison avec deux pièces d’August Strindberg (« Mademoiselle Julie » et « Créanciers », avec Wladimir Yordanoff), une production de son TNP-Villeurbanne. « Notre terreur » de Sylvain Creuzevault sere repris.

Nicolas Bouchaud, le comédien qui s’est fait connaître du grand public le soir de la cérémonie des Molières en lisant un texte sur l’état de la culture en France en citant Serge Daney va justement monter au Rond-Point un spectacle sur le fondateur de la revue « Trafic » basé sur ses entretiens avec Régis Debray. Dans la saison de Jean-Michel Ribes le public pour revoir: « Tatouage » d’Afredo Arias, « L’homme à la tête de chou » de Jean-Claude Gallota d’après Gainsbourg, « Sacrifice » ou encore « Christophe Alévèque ». Jacques Osinski qui a monté cette année «Le grenier » revient avec « Le Moche » un texte de Marius Von Mayenburg sur les codes de la beauté humaine et mettra en scène un autre texte du dramaturge allemand : « Le Chien, la nuit, le couteau ». Pierre Meunier mettra en scène « Le Problème » de François Bégaudeau avec Jacques Bonnaffé, Anaïs Demoustier et Emmanuelle Devos. Marie NDiaye – Prix Goncourt 2009 sera présente dans la programmation du Rond-Point avec « Toute vérité » mise en scène Caroline Gonce, mais aussi à la Colline avec « Les Grandes Personnes » mise en scène par Chrstophe Perton

Dans le privé de grosses machines sont déjà annoncées. Kad Mehrad dans une comédie musicale mise en scène par Jean-Luc Revol : « Rendez-vous » au Théâtre de Paris.  Michel Bouquet qui fêtera son quatre-vingt-cinquième anniversaire le 6 novembre, remontera sur les planches en reprenant « Le Roi se meurt » d’Eugène Ionesco à partir du 8 septembre à la Comédie des Champs-Elysées. Après « Maison de Poupée », Michel Fau continue l’aventure à la Madeleine avec un Guitry : « Nono », qu’il jouera avec Julie Depardieu et Xavier Gallais à partir du 7 septembre.

Héros récurrent du théâtre privé, Jean-Luc Moreau mettra en scène en septembre « Le Technicien » d’Eric Assous (meilleur auteur aux derniers Molières) avec le couple Giraud (Roland Giraud et Maaïke Jansen) au Palais Royal, et « A deux lits du délit » de Derek Benfield avec Arthur Jugnot à la Michodière.

Enfin la photographe Nan Goldin est annoncée comme « la grande invitée » du Théâtre de Gennevilliers la saison prochaine.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr