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La Ruée, un bouillonnement d’êtres et d’idées

À la une, A voir, Bobigny, Danse, Les critiques
photo Damien Meyer

photo Damien Meyer

Pour ouvrir le portrait que lui consacre le Festival d’Automne, Boris Charmatz réunit, à la MC93, une constellation d’artistes aux esthétiques plurielles et avant-gardistes qui donnent corps et voix à l’Histoire de la France dans un spectacle-parcours intrigant.

Habitué aux grands espaces intérieurs ou extérieurs, Boris Charmatz a performé aussi bien sous les ors du Palais Garnier que dans le béton brut de la Tate à Londres, sur le pavé des cours de musées européens comme sur le bitume d’une friche en banlieue parisienne et le tarmac d’un aéroport fantôme berlinois. Cette fois, il investit l’entièreté des espaces publics et cachés de la MC93 où il installe quantité de performances toutes inspirées de l’Histoire mondiale de la France publiée en 2017 dans lequel Patrick Boucheron balaye et commente les faits marquants du pays de Lascaux à Foucault.

En choisissant de nommer son spectacle La Ruée, Boris Charmatz imaginait un vaste mouvement d’irruption, d’intrusion, rapide et anarchique en direction du théâtre. Cette envie a forcément été court-circuitée par le contexte sanitaire. Ce sera donc moins dans la précipitation que de manière plus rangée et maîtrisée que les spectateurs pénétreront dans le lieu après vérification du port du masque obligatoire et lavage de mains réglementaire au gel hydroalcoolique. A cela près, rien n’entame ni ne dénature en profondeur le concept original qui est proposé. En itinérance et sans trop d’effets de foule, l’assistance va et vient, forme des petits groupes et se confronte avec étonnement au débordement et à la confusion de collisions temporelles, d’entrelacs de siècles et d’événements convoqués.

La scénographie de La Ruée est assez similaire à celle d’Infini, la dernière création de Charmatz mais développée, étendue sur un espace maximalisé comprenant tous les plateaux, les dessus et les dessous de la scène nationale de Bobigny, plongée dans une pénombre brumeuse. Ce doux éclairage nocturne pourrait inviter à la rêverie s’il n’était constamment troué d’un vrombissement sonore et d’inquiétants gyrophares dont les lumières éparses et intermittentes rappellent l’état d’alerte et d’urgence d’une société obsédée par la sécurité.

La petite bande de (LA)HORDE se meut dans le hall. D’autres interprètes travaillent plus isolément. Salia Sanou danse en tension et en rondeur sur Nina Simone pour évoquer la colonisation. Si Yves-Noël Genod se fait conférencier bien hésitant et dépassionné de l’art moderne, Marlène Saldana fait merveille dans un commentaire drôle et incisif plus ou moins improvisé du célèbre discours de Dominique de Villepin aux Nations Unies en 2003, qu’elle transforme en karaoké sur fond de musique brésilienne. L’actrice reçoit à l’écart et au Champagne dans une loge saturée d’objets foutraques et décalés. « J’ai voulu faire un endroit cool  parce qu’ici on ne rit pas beaucoup » ironise-t-elle spontanément, faisant écho aux récits parfois honteux ou douloureux, graves ou inquiets qui émanent de la grande rétrospective historique proposée.

Sans doute, les diverses prestations sont un peu inégales mais toutes veulent dire avec souffle et énergie un état du monde secoué, bouleversant et bouleversé. C’est souvent sous le sous le signe de l’intranquillité que s’expriment les corps sous convulsion. Dans le tumulte du chaos, s’inventent de multiples rapports au monde, à l’Autre comme individu ou communauté. Boris Charmatz est un adepte de gestes forts qui font de la danse un art ne pouvant pas se départir de la production d’un discours. La Ruée pose des questionnements essentiels, catalyse les heurts de la société. Les mots surgissent, éclatent, comme des flashs, parviennent plus ou moins intelligiblement – c’est la limite du processus – mais, comme souvent, c’est l’engagement et la nécessité avec lesquels tous répondent à l’appel qui suscitent l’intérêt et l’adhésion des spectateurs même lorsqu’ils sont un peu déroutés.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

La Ruée
Boris Charmatz
D’après l’Histoire mondiale de la France, ouvrage dirigé par Patrick Boucheron

Conception Boris Charmatz

Avec Jessica Batut, Nadia Beugré, Fanny de Chaillé, Sidonie Duret, Kerem Gelebek, Yves-Noël Genod, Alexis Hedouin, Rémy Héritier, (LA) HORDE, Samuel Lefeuvre, Bernardo Montet, Marlène Saldana, Arthur Nauzyciel, Salia Sanou, Solene Wachter et les élèves de la promotion 10 de l’École du Théâtre National de Bretagne : Hinda Abdelaoui, Olga Abolina, Louis Atlan, Laure Blatter, Aymen Bouchou, Clara Bretheau, Valentin Clabault, Maxime Crochard, Amélie Gratias, Romain Gy, Alice Kudlak, Julien Lewkowicz, Arthur Remi, Raphaëlle Rousseau, Salomé Scotto, Merwane Tajouiti, Maxime Thebault, Lucas Van Poucke, Mathilde Viseux, Lalou Wysocka

Installation lumière Douce France – Yves Godin

Accompagnement artistique Thierry Micouin et Olga Dukhovnaya

Régie générale François Aubry

Production terrain

Une production Musée de la danse – Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne (2018)

Coréalisation MC93 — Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Festival d’Automne à Paris

Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès.

La première édition de La Ruée a été réalisée par le Musée de la danse et le Théâtre National de Bretagne à Rennes le 28 novembre 2018.

Durée : 3h (entrée et sortie libres)

Les 18 et 19 septembre 2020
Spectacle dans la MC93

Spectacle présenté dans le cadre du Portrait Boris Charmatz présenté par le Festival d’Automne à Paris.
Avec la Fondation d’entreprise Hermès.

19 septembre 2020/par Christophe Candoni
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