D’après un livre de Maeterlinck, Céline Schaeffer a écrit et mis en scène un spectacle jeune public qui se présente comme un documentaire imagé sur la vie trépidante d’une ruche. Joliment réalisé, La République des abeilles est tout de même trop illustratif et explicatif pour séduire totalement.
Sur le plateau des Pénitents blancs, un grand écran donne à voir une nature en noir et blanc qui retrouve ses couleurs franches et chatoyantes, puis distille ses odeurs de fleurs et de miel. La nature s’éveille sur la tonalité si singulièrement musicale d’Agnès Sourdillon qui lui prête sa voix enregistrée.
Peintre de formation, Céline Schaeffer accorde aux images et à l’esthétique une place prépondérante, sûrement un peu trop au détriment du jeu d’acteur qui, même en faisant appel à une variété de langages (corps, mots, musiques) demeure assez plat. Sa proposition est avant tout plastique et fourmille d’idées. Les scènes ne succèdent comme des tableaux vivants. On y contemple un monde à la fois lointain et familier. La scénographie regorge de matière et de trouvailles inspirantes qui répondent à la volonté de tout montrer. Cela n’était pourtant pas nécessaire. En prenant appui sur un écrit du poète symboliste belge, Maurice Maeterlinck, dont l’art est de sonder le mystère, l’inconnu, de révéler par petites touches évocatrices l’invisible et l’indicible, la monstration ne s’imposait pas. La metteuse en scène a trouvé des solutions formelles un peu lourdes, mais néanmoins séduisantes, pour représenter « artisanalement » toutes les étapes d’une année apicole, au fil des saisons, d’un essaimage à un autre.
Le royaume des abeilles se déploie sur scène entre cinq pans de murs mobiles, dont les transparences sont traversées de lumières. Ils figurent les murailles de cire sur lesquelles sont accrochés des petits paniers en osier de forme hexagonale qui représentent les alvéoles. La reine de ses ouvrières butineuses est une princesse ailée, fortement déterminée à triompher de l’adversité. La ruche s’apparente à une petite société bouillonnante, car forte d’un travail intensif bien que non acharné, un « super-organisme » que personne ne gouverne, mais qui repose sur le partage du travail et l’enrichissement collectif.
C’est de cette manière que Céline Schaeffer a imaginé construire son spectacle, en réunissant à ses côtés une large équipe de collaborateurs. Scénographe, vidéaste, chorégraphe, dramaturge, compositeur, mais aussi biologistes et apiculteurs, ont uni leurs forces pour donner à voir et à vivre le sujet qui la passionne.
La pièce célèbre avec exaltation la vivacité, la prodigalité d’une nature généreuse, bienfaitrice, et fait du plateau une irradiante prairie peuplée de fleurs et de senteurs. A la faveur du conte, elle alerte aussi les plus jeunes spectateurs sur les catastrophes écologiques, leurs conséquences ravageuses comme la disparition d’espèces, dont font partie les abeilles qu’il faut absolument préserver.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
La République des Abeilles
Texte et mise en scène Céline Schaeffer
Avec Étienne Galharague, Marion Le Guével, Polina Panassenko
Et Agnès Sourdillon (voix)
Scénographie Élie Barthès, Céline Schaeffer, Lola Sergent
Vidéo Élie Barthès
Dramaturgie et collaboration artistique Julien Avril
Musique Peter Chase
Costumes Lola Sergent
Lumière Jean-Pascal PrachtProduction Le MélodrOme
Coproduction Festival d’Avignon, Le Grand R Scène nationale de La Roche-sur-Yon, Créa Festival Momix (Kingersheim), Théâtre Montansier (Versailles), Théâtre d’Aurillac, L’Union des contraires
Avec le soutien de la DRAC Île-de-France, pour la 73e édition du Festival d’Avignon : Spedidam
Avec l’aide du Théâtre Paris-Villette, Théâtre Cinéma de Choisy-le-Roi Scène conventionnée pour la diversité linguistique, Château de Monthelon, Compagnie Sandrine Anglade, Drom Fragrances
Avec la participation artistique du Jeune théâtre national
À partir de 7 ansDurée : 1h
SAMEDI 26 JUIN > DIMANCHE 4 JUILLET 2021
JUIN
samedi 26 à 17h00
dimanche 27 à 15h30
lundi 28 à 14h30
mercredi 30 à 14h30JUILLET
jeudi 1 à 14h30
vendredi 2 à 19h00
samedi 3 à 17h00
dimanche 4 à 15h30THÉÂTRE PARIS-VILLETTE
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