Andersen, Perrault, Grimm auraient aimé vivre au 21ème siècle et repousser les limites de leur écriture au plus profond de leurs fantasmes, sans craindre la censure et l’opprobre du public. Et bien Jean-Luc Revol l’a fait pour eux en imaginant un conte du 21ème siècle avec ses travestis, ses putes, ses fées désobligeantes. Il a confié l’écriture de son synopsis à Vincent Daenen, jeune écrivain belge, tout en travaillant à ses côtés, lui l’un des spécialistes français du théâtre musical.
Mimi (Christine Bonnard) est une fille plutôt moche – l’anti thèse des princesses – elle se meurt à petit feu et se transforme en plante fleurie. Seule solution pour la sauver, lui donner le baiser d’un joli prince charmant, Elliot Fall, croque-mort de son état. Et c’est la mission confiée à la gouvernante Préciosa : aller chercher avant le lever du jour le jeune homme. Alors l’on suit avec délectation cette vieille gouvernante incarnée par Denis d’Arcangelo qui a lui seul empoigne le spectacle. Toujours aussi impeccable dans ce rôle de travelote qui lui colle magnifiquement à la peau, il nous gratifie de moments uniques. Lorsqu’il trouve Elliot Fall et lui fait répéter la scène du baiser, il prend un plaisir non dissimulé et nous aussi. Il va ainsi guider le jeune Elliot (Flannan Obé) et le protéger de rencontres incongrues. Il y aura des cochons revanchards, des ours inoffensifs, et surtout un loup-garou qui tapine (Sinan Bertrand) et un Chaperon rouge de cabaret érotique qui fait fantasmer les clients. Dans ce rôle, Sophie Tellier prend elle aussi un plaisir fou, elle se lance dans un strip tease langoureux. Et c’est le deuxième grand bonheur du spectacle. Cette comédienne, danseuse, chorégraphe de renommée peut se lâcher. Elle joue aussi le rôle de la mère de Mimi, Mme Von Leska, on dirait une Judith Magre slave !
Et puis il reste les chansons puisque nous sommes dans une musicale. La musique de Thierry Boulanger est malheureusement assez linéaire. Les chansons ne mettent pas suffisamment en relief la mise en scène féérique et imaginative de Jean-Luc Revol, du coup l’impression de longueur se fait sentir. Alors on se console avec les chorégraphies bien orchestrées, dont un magnifique numéro de claquette et un tango langoureux, « le chant du cygne », réglé par Sophie Tellier et dansé avec Olivier Breitman. Tout cela est parfaitement au point.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
LA NUIT D’ELLIOT FALL
De Vincent Daenen
D’après une idée originale de Jean-Luc Revol
Mise en scène de Jean-Luc Revol
Avec Denis d’Arcangelo – Sinan Bertrand – Christine Bonnard
Olivier Breitman – Flannan Obé – Sophie Tellier
Musiciens : Julien Amedro, Thierry Boulanger, Sébastien Mesnil
DU 3 NOVEMBRE 2010 AU 27 FEVRIER 2011
du mercredi au samedi à 21h30 et le dimanche à 17h30
Vingtième Théâtre
7 rue de Plâtrières
75020 PARIS
M° Ménilmontant.
Tel : 01 43 66 01 13
j’ai A-DO-Ré !!