La Niaque est la transposition théâtrale d’une expérience personnelle. Sur un mode intime, Nassim nous livre un an de sa vie d’adolescent de 16 ans : « suite au décès de sa mère, placé dans un foyer de la DASS, il tente de se construire par l’école, tombe amoureux de son éducatrice, et refuse avec ses camarades de foyer se soumettre à l’autorité versatile du nouveau directeur… »
Avec La Niaque, premier texte de théâtre que j’écris, j’ai repris des thèmes qui me sont chers et que j’ai abordés dans plusieurs films ; l’enfance et l’adolescence tourmentées. La Niaque tente d’épouser par ses rythmes les mouvements d’un moment charnière, ceux de l’adolescence, âge à l’impulsion vitale trop forte, débordante. Le souvenir le plus prégnant qui me reste de l’époque dont ce texte s’inspire, c’est que, malgré la dureté de nos trajectoires d’adolescents de foyers, notre quotidien était traversé par une gaîté de tous les instants, sorte de défense salvatrice, de rempart à nos tourments d’individus en devenir. Ce texte est avant tout une pièce sur l’énergie; énergie de Nassim bien sûr, mais aussi de ses camarades de foyer, aux origines multiples. Ces énergies priment sur le détail des trajectoires des uns ou des autres, dont ne nous parviennent que des bribes, préservant ainsi leurs parts d’ombres.
Au travers d’un parcours d’adolescent, La Niaque traverse la question de la « résilience ». Ce qui m’intéresse en termes de théâtre, ce n’est pas juste le parcours positif d’un adolescent, qui survit à une épreuve majeure et en sort grandi, mais que ce qui accompagne ce mouvement ; le cheminement d’un combat intérieur plus étrange et plus intime. Nassim s’applique à construire sa vie. En apparence il s’en sort. Mais en réalité, son imaginaire et son inconscient sont fortement bousculés. La lente dérive de sa mère s’est avérée insupportable pour lui. Il en a terriblement souffert, au point d’en ressentir un sentiment inavouable quand elle est morte. Il s’est senti comme libéré. Il ne peut échapper à cette contradiction qui travaille sans cesse son inconscient : il a perdu la personne la plus chère à ses yeux mais c’est justement cette perte qui lui permet enfin de s’épanouir, de vivre. Il en est sorti vivant et mort à la fois. Cette tentative théâtrale est donc aussi le récit d’une lutte intérieure obsessionnelle entre la vie et la mort d’un être en construction.
Alors qu’il tente de gouverner au mieux sa vie, son imaginaire inféode régulièrement son réel d’images qui semblent bien plus réelles, plus saisissantes que la réalité. Il voit des asticots partout, des fantômes viennent lui rendre visite la nuit… Des obsessions l’assaillent… Théâtralement parlant, c’est passionnant par avance d’imaginer ce monde intérieur tourmenté. Note d’intention de Chad Chenouga d’après dossier de presse.
La Niaque
Texte et mise en scène Chad Chenouga
Scénographie Gilles Taschet
Lumière Antoine Duris
Son Philippe Perrin
Assistants à la mise en scène Salvador Shams
Sandra Dubrulle
Collaboratrice artistique Christine Paillard
Collaboration chorégraphie Romuald Brizolier
Avec
Nassim Chad Chenouga
Danseur Wrecker (Stael Isaya-Wa)
Danseur Romuald Brizolier (en alternance)
Danseur Miguel Ortega (en alternance)
Production : Théâtre Nanterre-Amandiers.
Avec le soutien du Fond SACD Théâtre
Durée : 1h35
Le texte La Niaque est publié aux éditions de l’Amandier avec le soutien de l’association Beaumarchais et le Centre National du Livre.
Du vendredi 14 janvier au samedi 12 février 2011
du mardi au samedi à 21h, dimanche à 16h (relâche lundi)
Théâtre Nanterre-Amandiers
7, avenue Pablo-Picasso – 92022 Nanterre
RER Nanterre-Préfecture (ligne A)
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