L’année 2018 commence bien mal, le metteur en scène Jacques Lassalle est mort mardi à l’âge de 81 ans. Il avait dirigé le Théâtre national de Strasbourg de 1983 à 1990 puis la Comédie-Française qu’il avait du quitté en 93. Il était une des grandes figures du théâtre français depuis les années 70.
L’année dernière il aurait du présenter à la Comédie-Française La cruche cassée de Kleist. Mais la pièce avait été déprogrammée et Eric Ruf, l’administrateur l’avait remplacé au pied levé en présentant Bajazet de Racine. Jacques Lassalle, malade n’avait pas pu monter sa dernière mise en scène, très atteint par le décès de sa femme Françoise.
Jacques Lassalle, héritier des grands serviteurs du théâtre public – Jean Vilar, Jacques Copeau – a marqué la vie théâtrale française par son éthique irréprochable, son style épuré tourné vers la recherche du sens plutôt que le spectaculaire. Il débute le théâtre au Conservatoire de Nancy, puis au Conservatoire de Paris dans la classe de Fernand Ledoux. En 1966, il fonde le Studio Théâtre de Vitry. L’aventure commence dans l’animation de quartier dans les gymnases de la ville et se poursuit avec les grands classiques.
Dans les années 70 et 80, il alterne classiques et modernes (Milan Kundera, Michel Vinaver), propose sa première mise en scène à la Comédie-Française (La Locandiera de Goldoni), aborde l’opéra (Lohengrin de Wagner puis Lear de Reimann à l’Opéra de Paris). En 1983, il est nommé directeur du Théâtre National de Strasbourg en remplacement de Jean-Pierre Vincent et frappe un grand coup en créant Tartuffe avec Gérard Depardieu et François Perier.
Il reste au TNS jusqu’à sa nomination à la Comédie-Française en 1990 pour trois ans. Lorsque Jacques Toubon succède à Jack Lang en 1993, il ne renouvelle pas le contrat de Jacques Lassalle, en dépit de l’ouverture réussie du théâtre du Vieux-Colombier, orienté vers le théâtre contemporain. Son éviction – alors qu’il est soutenu par la profession du théâtre – est une blessure profonde pour Jacques Lassalle.
Sa mise en scène d’Andromaque au Festival d’Avignon en 1994 avec Christine Gagnieux est mal accueillie et le metteur en scène s’en prend violemment à la critique, allant jusqu’à annoncer qu’il arrête le théâtre. Mais deux ans plus tard, rattrapé par le démon des planches, il monte l’Homme difficile de Hugo von Hofmannsthal, à la Colline.
Son Don Juan est repris à la Comédie-Française, il monte La Cerisaie à Oslo en 1995 et il enchaîne avec des classiques et un retour gagnant dans la Cour d’honneur du Festival d’Avignon en 2000 pour Médée avec Isabelle Huppert.
La jeune génération de comédiens de la Comédie-Française lui rend hommage sur les réseaux sociaux.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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