Le clown Howard Buten, connu pour son personnage Buffo, et auteur d’une dizaine de livres, dont le best-seller Quand j’avais cinq ans, je m’ai tué, est mort vendredi à l’âge de 74 ans, a-t-on appris auprès de sa compagne et traductrice.
Né à Détroit aux Etats-Unis en 1950, l’artiste américain, qui était atteint de la maladie d’Alzheimer, s’est éteint « paisiblement dans son sommeil » à Plomodiern, dans le Finistère, où il résidait, a annoncé Jacqueline Huet, qui traduisit certains de ses livres. Avec son visage blanc, son nez rouge, ses mitaines et ses longues chaussures noires, le clown Buffo était reconnaissable entre mille. Sous ce déguisement, Howard Buten provoquait toujours le même attendrissement et les rires du public, par des sketches muets, des petits tours de danse, des gestes maladroits et des mimiques ahuries.
C’est dans son pays que ce personnage lunaire, qui était aussi danseur, chanteur et musicien, s’était façonné, au cours d’un numéro de music-hall qui s’allongea au fil du temps. Dans les années 1970, il totalisait déjà un millier de représentations. Buffo avait avec lui ses instruments de musique (violon, piano, trompette), son poulet plastique vindicatif, ses ustensiles ménagers récalcitrants. Il fut même un temps ventriloque.
Issu d’une famille lituanienne qui avait émigré aux Etats-Unis, Howard Buten s’installe en France en 1981 à la sortie de son premier livre, Burt en anglais, traduit et publié en français sous le titre Quand j’avais cinq ans, je m’ai tué, qui fut un best-seller. En 1986, il devient docteur en psychologie clinique, puis se consacre aux enfants autistes à Saint-Denis, dans le Centre Adam Shelton qu’il a créé en 1996. Parmi ses autres livres, certains abordent aussi ce sujet, comme Il y a quelqu’un là-dedans : les autismes ou Ces enfants qui ne viennent pas d’une autre planète : les autistes. En 1987, sa carrière débute en Europe. Buffo est révélé à Paris au Théâtre Le Ranelagh. Il se produit sur la scène de l’Olympia pendant une semaine en 1992.
Molière du meilleur one man show
Howard Buten se réfèrait au clown Grock qui lui a fait découvrir sa vocation : « Mon optique, c’est de ne jamais créer un nouveau spectacle, mais, comme celui-ci le faisait, de perfectionner à l’infini un seul numéro qui évolue au fil des années ». Dans un spectacle fixé à un souffle près, et souvent même au quart de soupir, il réinventait à chaque fois chaque gag, chaque geste.
Comment le spectacle se construit et évolue-t-il ? C’est l’incident mineur – l’archet qui « accroche », l’accessoire qui glisse, le violon qui grince – qui va contraindre l’artiste à trouver le nouveau sketch, souvent majeur, qui sera conservé ensuite dans le spectacle, jusqu’à ce qu’il en soit à son tour chassé par une nouvelle trouvaille. Tantôt, c’est l’idée lumineuse qui jaillit, qui va magistralement modifier la séquence en cours, provoquer un nouveau début, amener une autre fin. Parfois, c’est entre deux spectacles que le concept qui avait peine à se matérialiser sur scène apparaîtra subitement comme une évidence pour se traduire sur le plateau dès la représentation suivante.
En 1998, Howard Buten obtint un Molière du meilleur one man show pour un spectacle avec la violoncelliste Claire Oppert. Il avait été fait chevalier des Arts et des Lettres en 1991. Son dernier livre Buffo (2005) est autobiographique. De nombreux artistes ont adapté en France Quand j’avais cinq ans, je m’ai tué, comme Barthélémy Fortier dans une version chorale en 2022 ou Robin Causse dans une version seul en scène en 2018. « Un hommage lui sera rendu plus tard à Paris », a indiqué sa compagne.
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