Le scénariste, réalisateur et dramaturge Xavier Durringer est mort à son domicile de L’Isle-sur-la-Sorgue a fait savoir son agente.
« Rien ne pouvait laisser présager cette nouvelle qui va dévaster toutes les personnes qui l’aimaient », a réagi auprès de l’AFP son agente Céline Kamina. Xavier Durringer avait 61 ans et a succombé à une crise cardiaque, selon elle. « Xavier était un immense auteur, un homme de troupe en recherche perpétuelle, à toujours vouloir approfondir son savoir, son travail », a-t-elle ajouté.
Né en décembre 1963, il commence en prenant des cours d’art dramatique à 18 ans. Il décide alors d’écrire et met en scène ses premières pièces dans les années 1980, dans un genre qu’il qualifie d’« un peu punk, qui bousculait l’institution ». En 1989, il fonde sa propre compagnie, La Lézarde, au sein de laquelle il écrit et met en scène ses propres textes et travaille avec des comédiens comme Vincent Cassel, Clovis Cornillac, Pascal Demolon, Gérald Laroche, Édouard Montoute ou Éric Savin. Ses pièces connaissent rapidement un grand succès, le Festival d’Avignon lui passe commande de deux spectacles en 1998 (Surfeurs) et 2001 (La Promise). En 1999, il met en scène Jane Birkin dans un spectacle qu’elle a écrit (Oh ! pardon tu dormais, à la Gaîté-Montparnasse). L’aventure de La Lézarde s’achève en 2001, après une quinzaine de spectacles.
Depuis le milieu des années 1990, il s’éloigne un peu du théâtre pour se consacrer à l’écriture et au cinéma. Il réalise son premier film en 1992. La Nage indienne offre un premier grand rôle à Karine Viard, qui obtient une nomination aux César pour le meilleur espoir féminin. Après 2001, il continue à écrire pour le théâtre : Acting, Chroniques 3 des jours entiers, des nuits entières, Histoires d’hommes (qu’il écrit pour Judith Magre qui obtient en 2006 le Molière de la meilleure actrice dans la mise en scène de Michel Didym), A Love Suprême (écrit pour Nadia Fabrizio à la demande de la Compagnie Dominique Pitoiset qui le crée en 2018). Il met en scène Didier Bénureau dans ses one man shows (Bobo au Splendid en 2006, Mes premiers adieux à l’Olympia en 2009), et s’essaie à d’autres genres littéraires : la poésie (Haïkus à six coups, éditions Théâtrales, 2013) et le roman (Sfumato, Le Passage, 2015, Making of, Le Passage, 2017). En 2016, il revient à ses premières amours pour la scène en créant aux Bouffes Parisiens sa pièce Acting, avec Niels Arestrup, Kad Merad et Patrick Bosso.
Au total, Xavier Durringer réalise huit films, dont La Conquête sur l’ascension vers le pouvoir de Nicolas Sarkozy entre 2003 et 2007 avec Denis Podalydès dans le rôle de l’ancien président de la République. Le film est présenté en avant-première au Festival de Cannes en 2011, hors compétition. Scénarisé par l’historien Patrick Rotman, il suscite une énorme attention médiatique, Nicolas Sarkozy étant toujours au pouvoir à l’époque. En 2017, il réalise un téléfilm pour France 2 sur la déradicalisation intitulé Ne m’abandonne pas. Produit comme un contenu pédagogique, il est projeté dans certains établissements scolaires. Il est inspiré du parcours de plusieurs jeunes femmes parties en Syrie et décroche un International Emmy Award, récompense suprême pour un programme produit ailleurs qu’aux États-Unis. En 2019, lors d’une masterclass à la Société des auteurs (SACD), il avait raconté être « entré dans ce métier par la petite porte, les petites marches ». « Écrire m’a donné un ticket pour l’existence », déclare-t-il, alors que sa mère est décédée en couche à sa naissance.
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