Cela fait quatre ans que le public attendait le retour d’Ariane Mnouchkine. Pour fêter le 50ème anniversaire du Théâtre du Soleil, elle renoue avec Shakespeare et propose une version enlevée de Macbeth, transposée au 20ème siècle.
C’est la guerre sur scène, les canons tonnent. Macbeth affronte les norvégiens. Dans la lande écossaise, sur un sol cotonneux et laineux (qui n’est pas la plus belle scène du spectacle), les trois sorcières aux coiffes hideuses plantent le décor. Des bruits d’hélicoptères retentissent, le roi Ducan et son état-major sont accueillis en héros par une foule de journalistes. Dès les premières minutes Ariane Mnouchkine nous emmène dans un tourbillon d’images. Tout va très vite, trop peut-être, on a pas le temps de s’attacher au texte de Shakespeare et à la nouvelle traduction d’Hélène Cixous, notre cerveau est comme enivré par le déferlement chorégraphique des 40 comédiens de la troupe qui s’activent comme un seul homme sur scène.
Puis le rythme ralentit un peu heureusement, on arrive dans la roseraie de Lady Macbeth, une très belle scène, et l’on commence à prendre vraiment du plaisir devant le rythme imposé par Ariane Mnouchkine et son sens de la modernité. Tout devient magique. On passe allégrement du salon des Macbeth à leur écurie (avec de faux chevaux dont on se demande pendant quelques minutes s’ils ne sont pas vrai, encore que !). Tout cela est magnifiquement bien orchestré par la patronne qui du haut de sa table de metteure en scène dans la salle n’hésite pas à reprendre ses comédiens quand ils se trompent dans une réplique.
Le public a attendu quatre ans le retour d’Ariane Mnouchkine et il n’est pas déçu. En plaçant au cœur de notre société contemporaine l’action de la pièce, Ariane Mnouchkine en profite pour égratigner le système. Comme la complaisance des journalistes vis-à-vis des hommes et femmes de pouvoir. Les Macbeth sont suivi en permanence par des paparazzi, mais sous leur apparence glamour, ce couple est sanguinaire et tyrannique.
Le jeu de certains comédiens doit encore se patiner. Lady Macbeth (Nirupama Nityanandan) doit adoucir son jeu, elle crie un peu trop. Serge Nicolaï (Macbeth) porte le spectacle avec à ses côtés des seconds rôles très efficaces, comme celui du portier (Eve Doe-Bruce) qui apporte autant d’énergie que d’humour.
Le rythme ne faiblit pas jamais, les idées s’enchainent jusqu’à la dernière seconde. On entend le sang couler, on balance la tête de Macbeth dans le public, Ariane Mnouchkine tient le public en haleine jusqu’à la dernière seconde.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Macbeth de William Shakespeare
traduit et dirigé par Ariane Mnouchkine
musique de Jean-Jacques LemêtreThéâtre du Soleil – La Cartoucherie
À partir du 23 avril 2014
mercredi, jeudi, vendredi à 19h30
samedi à 13h30 et à 19h30
dimanche à 13h30relâche lundi et mardi
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