Pour le centenaire de la Comédie des Champs-Elysées, Didier Long met en scène la Folle de Chaillot de Jean Giraudoux avec Annie Duperey. L’occasion de redécouvrir cette farce politique et écologique, mais au lieu d’être un objet moderne, le spectacle utilise les ressorts du boulevard.
La pièce est en fait prophétique et d’actualité. Alors que l’on s’interroge sur le bienfondé de procéder à l’extraction du gaz de schiste dans le sol français, la pièce de Giraudoux parle de cela. Nous sommes à la fin du 19ème siècle, des industriels et des hommes d’affaire en quête de richesse s’apprêtent à creuser dans le sol parisien pour exploiter du pétrole. Mais c’est sans compter une comtesse clocharde qui s’oppose au projet et réunit autour d’elle la classe populaire pour faire déjouer ce projet.
Sur le fond à certains moments la pièce est en résonnance avec notre époque sur des sujets comme l’écologie, la politique, le féminisme ou la méfiance des puissants : « L’homme a choisi d’être le jockey de son globe », « L’humanité mâle est une entreprise de destruction », « Ce qu’on fait avec du pétrole. De la misère. De la guerre. De la laideur. Un monde misérable. » Mais la pièce n’est pas totalement politique comme peut l’être sur le même registre « L’ennemi du peuple » de Ibsen écrite bien plus tôt en 1882 (la pièce de Giraudoux a été créée en 1945 après la mort de son auteur). Ici c’est une farce, un conte. Et Didier Long use des ressorts du boulevard dans sa mise en scène. Le public semble ravi. Mais cela rend la pièce totalement désuète. Il y a de vrais tunnels comme la scène avec les amies de la folle au début du 2ème acte, où le faux procès du Président par le chiffonnier (Dominique Pinon).
La folle est une pièce de troupe, dix-neuf comédiens sur scène, un record pour une production du privé. Avec de beaux noms : Catherine Salviat, Jean-Paul Bordes ou Laurent Spielvogel (qui s’est noirci les veines du crâne). Mais toute la distribution n’est malheureusement pas à l’unisson.
Mention spéciale pour les costumes de Pascale Bordet et les coiffures d’Emmanuelle Verani qui ont créé pour Annie Duperey un look entre Cruella D’enfer et Yvette Horner. C’est réussi dans son style. La comédienne tient son rang, porte la troupe, mais on aurait aimé plus de finesse dans la mise en scène.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
LA FOLLE DE CHAILLOTde Jean GiraudouxAdaptation et mise en scène de Didier LongAssisté de Jeoffrey Bourdenet
Avec Anny Duperey, Dominique Pinon, Catherine Salviat, Romain Apelbaum, Jean-Paul Bordes, Stéphanie Caillol, Jacques de Cande, Franck Capillery, Fabienne Chaudat, Catherine Hosmalin, Mathias Jung, Antoni Klemm, Gaelle Marie, Adrien Melin, Jean-Jacques Moreau, Frédéric Rose, Geoffrey Sauveaux, Martin Schwietzke, Laurent Spielvogel
Décors Bernard Fau
Costumes Pascale Bordet
Lumières Laurent Béal
Musiques François Peronny
Durée du spectacle : 2h05
A partir du 2 février 2013
Du mardi au samedi 20h30
Matinées dimanche 16h00
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