Le hongrois Árpád Schilling, 38 ans, est de retour en France avec sa compagnie Krétakör. Il s’était mis en retrait de la scène ces dernières années pour se consacrer à l’enseignement. Il crée à Chaillot un spectacle surprenant qui parle des Roms et des exclus de la société.
Il est difficile de définir Noéplanète. Comme le laisse entendre son titre, c’est un peu un OVNI théâtral débarqué de la planète Árpád Schilling. L’artiste qui a été invité sur les plus grandes scènes européennes, de la Schaubühne de Berlin au Piccolo Teatro de Milan en passant par le Burgtheater de Vienne souhaite avec Noéplanète « entreprendre de nouvelles démarches avec les acteurs, et envers les gens ». Ce spectacle lui « semble (être) un endroit idéal d’intervention afin d’utiliser le langage artistique pour construire, former, échanger ». On est souvent dérouté par son écriture, par son accumulation de procédés narratifs plus ou moins réussis. C’est un spectacle qui énerve parfois. On décroche souvent. Mais on est rattrapé par des instants touchants.
Tout débute par quelques fragments de textes de la Genèse. Un homme descend d’un corde, puis débute une vidéo. Elle raconte l’histoire d’une rupture dans un couple sur le thème : « tu ne me surprends plus ». Les deux comédiens sortent du film et continuent leur dispute sur scène. Puis la salle se rallume, un jeune Rom âgé de 24 ans vient raconter son histoire. Il est interrogé par une comédienne restée dans le public. Les spectateurs ont la possibilité de lui poser des questions. Ce qui a très bien fonctionné cet été chez Christophe Honoré ou chez Thomas Ostermeier au Festival d’Avignon ne prend pas ici dans l’immense salle Jean Vilar. Une spectatrice lui demande s’il a une question à poser. « Est-ce que je peux trouver du travail ici ? » demande-t-il. « Ce sera difficile » lui répond-t-elle. L’exercice ne prend pas vraiment. Puis une autre histoire prend le relai, celle d’un frère et d’une sœur sans papiers.
Dans cette variation sur l’exil et sur le sort des étrangers, la forme utilisée par Árpád Schilling est diluée et manque souvent de force. Les films de Tóth Ridovics Máté, aux images en noir et blanc léchées, font penser à des exercices de cinéma d’art et essai des années 70. Et puis arrive un moment de grâce et d’émotion. Deux enfants Roms, Cassandre et Spartacus viennent raconter leur histoire, leur arrivée en France, leur quotidien d’enfants déracinés. Ils sont touchants, intelligents, pétillants. Sur le même principe des questions/réponses un spectateur demande : « Que fait votre père ? ». Cassandre hésite puis lâche : « Il est en prison, mais on ne sait pas pourquoi ». Ils amènent un peu de fraicheur et d’humanité, et sauvent la fin du spectacle qui finit par un jeu : le public est appelé à voter pour faire monter l’un des personnages dans une voiture, et partir en exil. Le jeu de trop malheureusement.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Noéplanète
Conception, mise en scène, scénographie et réalisation du film Árpád Schilling
Assistanat à la mise en scène Adél Kollár
Compositeur Marcell Dargay
Equipe du film
Chef opérateur Marcell Rév
Assistant caméra Zágon Nagy
Ingénieur son Szabolcs Gáspár
Montage Péter Fancsikai
Décor Martón Agh
Repérages Juliette Mabille
Directrice de production Florence Cohen
Equipe du documentaire
Réalisation Tóth Ridovics Máté
Avec
Karim Bel Kacem, Vincent Brayer, Emilie Combet, Cédric Djedje, Lionel Dray, Fragan Gehlker, Nina Nkundwa, Frédéric Noaille, Lucas Partensky, Thomas Perrier, Viivi Roiha, Elisa Ruschke, Marc Vittecoq, deux enfants
Régie générale et son Alexis Auffray
Régie lumière Clément Bonnin
Régie plateau Hugues Girard
Régie vidéo Matthieu Tercieux
Production : Compagnie des Petites Heures – Paris
Coproduction : Théâtre National de Chaillot – Paris / Comédie de Genève / Printemps des comédiens – Montpellier / Krétakör – Budapest
Remerciements : Proton Cinema – Budapest et l’Institut hongrois Collegium hungaricum de Paris
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National, de l’ENSATT et de la Manufacture-HETSR
Durée 2h25
Du 17 au 26 octobre 2012
Du mardi au samedi 20h30, dimanche 15h30
Relâche lundi 22 octobre
Comédie de Reims : les 14 et 15 décembre 2012
Comédie de Genève : du 8 au 18 janvier 2013
Granit de Belfort : le 25 janvier 2013
Printemps des comédiens – Montpellier : juin 2013
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