Anne Kessler a construit une belle romance autour de ce stratagème amoureux. Un Marivaux léger et bien interprété. La distribution est d’une belle fraîcheur. Ce n’est pas le spectacle le plus bouleversant de l’année, mais il est divertissant.
Dans le foyer des artistes reconstitué par le décorateur Jacques Gabel, les comédiens de la troupe répètent les scènes de l’Acte I de ce Marivaux. Dans cette pièce où il est question de double jeu, les acteurs se transforment en personnage. L’idée est séduisante d’autant qu’il règne sur le plateau un petit esprit léger. Les élèves-comédiens de la Comédie-Française vont et viennent, gigotent, ricanent, apportent les accessoires et transforment deux chaises en une baignoire imaginaire qui nous permet d’admirer les fesses de Loïc Corbery. C’est charmant. Oui voilà charmant c’est le mot pour désigner cette comédie au parfum potache.
Marivaux décrit le stratagème de la classe dominante sur les classes populaires. Thème séculaire et toujours d’actualité. Le Prince (Loïc Corbery) use de ses pouvoirs pour conquérir le cœur Sylvia (Adeline D’hermy) et la prendre à Arlequin (Stéphane Varupenne) avec la complicité de Flamina (Florence Viala). La distribution est bien équilibrée et suit bien dans le tempo de cette histoire romancée, très fleur bleue. Adeline D’hermy incarne une Sylvia divinement ingénue. Loïc Corbery joue les grands séducteurs et montre ainsi qu’il est encore un jeune premier malgré le jeune génération qui commence à pousser derrière lui. On a beaucoup aimé le personnage de Trivelin incarné par Eric Génovèse. On s’interroge sur l’intérêt de faire jouer un seigneur par Catherine Salviat, outre le fait de retrouver avec plaisir cette grande comédienne.
La mise en scène d’Anne Kessler sent le vent frais de la jeunesse dorée insouciante qui passe son temps à se divertir en jouant des balades brésiliennes à la guitare. Dans l’acte II des buissons et des arbres s’ajoutent au décor. C’est bucolique. On se croirait par moment dans un conte à la sauce Disney, avec un arrière goût de comédie musicale. Dans le dernier acte, Arlequin et le Prince s’expliquent devant une balustrade, en avancée de scène et donnent le sentiment de plonger vers le public. On a passé un moment agréable avec ce spectacle léger sans prétention qui s’avère être un bon divertissement. Cela fait parfois du bien aussi au théâtre de laisser vagabonder son esprit…
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La double inconstance de Marivaux
Mise en Scène de Anne Kessler
Catherine Salviat: Un Seigneur
Éric Génovèse: Trivelin
Florence Viala: Flaminia
Loïc Corbery: Le Prince
Stéphane Varupenne: Arlequin
Georgia Scalliet: Lisette
Adeline d’Hermy: Silvia
Élèves-comédiens :
: Claire Boust
: Ewen Crovella
: Charlotte Fermand
: Thomas Guené
: Solenn Louër
: Valentin Rolland
Équipe artistique :
Mise en scène : Anne Kessler
assistée de : Gabriel Tur
Dramaturgie : Guy Zilberstein
Scénographie : Jacques Gabel
Costumes : Renato Bianchi
Lumières : Arnaud Jung
Réalisation sonore et vidéo : Nicolas Faguet
Maquillages : Véronique Nguyen
Coiffures : Cécile GentilinDurée: 2h15
Comédie-Française – salle Richelieu
Du 16 octobre 2015 au 14 février 2016
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