Stanislas Nordey a présenté aujourd’hui la saison 2022/2023 du Théâtre National de Strasbourg, sa dernière en tant que directeur puisqu’il quittera son poste à la fin de l’année. L’occasion pour le metteur en scène de faire le point sur l’avenir de l’institution qu’il dirige depuis 2014. Et le sien.
À l’occasion de sa dernière présentation de saison en tant que patron du Théâtre National de Strasbourg, Stanislas Nordey arborait un tee-shirt Mickey Mouse. Un détail anecdotique, certainement… Un détail symbolique, on aimerait le croire, tant le metteur en scène semble quitter le TNS qu’il dirige depuis 2014 avec sérénité et décontraction. Au terme d’une conférence de presse d’une bonne heure, il répondait à nos questions avec un sourire au moins aussi large que celui de l’emblématique souris de Disney. « Oui, je n’ai aucun regret à quitter Strasbourg, expliquait-il. Et non, ça n’est pas parce que ma candidature pour la direction du Théâtre national de Marseille n’a pas été retenue (le ministère de la Culture et la Mairie de la cité phocéenne ont choisi Robin Renucci, ndlr) que je voudrais rempiler pour un troisième mandat au TNS. Cette direction est l’une des plus épuisantes de France. Huit ans, c’était déjà énorme et magnifique. Et je sais qu’après moi ce sera encore mieux. »
En effet, Stanislas Nordey avait annoncé son départ pour Strasbourg avant sa candidature pour Marseille ; il n’y a donc pas de corrélation entre les deux. Mais une source d’agacement, tout de même : ne pas avoir pu préparer la passation avec la prochaine directrice ou le prochain directeur un an avant, comme il nous l’avait expliqué le 10 décembre dernier. « J’ai tout essayé, commentait-il. J’ai même fait irruption dans le bureau de Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture de l’époque, pour la convaincre qu’une telle succession se travaillait bien en amont. Mais pour des raisons liées à l’agenda électoral, ça n’était pas possible. C’est anxiogène pour les équipes. C’est compliqué pour les élèves de l’école. Mais c’est comme ça. » Quid, de la suite, alors ? « Je suis artiste, je vais continuer à jouer, à créer et à m’engager dans la construction du théâtre public. » Que ses fans se rassurent : Stanislas Nordey n’ira pas pointer à Pôle Emploi l’an prochain.
En attendant, le directeur restera en fonction jusqu’en décembre 2022 et devrait assurer la programmation de l’automne 2023. Les noms qui bruissent en coulisse sont les mêmes qu’au printemps dernier : Julien Gosselin, Sylvain Creuzevault, Olivier Py… Pas de femme pour l’instant.
Place à la saison 2022-2023 ; une belle saison, si l’on s’en fie au programme commenté par le directeur. Parmi les têtes d’affiches fédératrice, citons une Iphigénie réécrite par Tiago Rodrigues et mise en scène par Anne Théron (qui fera l’ouverture du prochain festival d’Avignon), Fraternité, conte fantastique de Caroline Guila Nguyen découvert à la Cité des papes l’année dernière, Comme tu veux de Luigi Pirandello par Stéphane Braunschweig, le patron du Théâtre de l’Odéon et Tout mon amour, du romancier Laurent Mauviginer mise en scène par Arnaud Meunier, directeur de la Maison de la Culture de Grenoble. Stanislas Nordey sera très présent sur les planches, s’illustrant dans The Silence de et par Falk Richter, Berlin mon garçon écrit par Marie NDiaye (qu’il met en scène), Mon absente de et par Pascal Rambert. Troisième axe programmatique : la musique. Mathieu Bauer et Sylvain Cartigny proposeront donnez-moi une raison de vous croire de Marion Senton avec le Groupe 46 de l’École du TNS. Bachelard Quartet de Marguerite Bordat et Pierre Meunier nous intrigue avec la promesse d’improvisations instrumentales. Nous aurons l’occasion d’y revenir, longuement, passionnément.
Igor Hansen-Love – www.sceneweb.fr
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