Les temps ont changé, les gays d’aujourd’hui ont changé. Grâce aux combats de leurs ainés dans les années 70 et 80, les gays vivent mieux leur homosexualité dans la grande majorité (surtout dans les grandes villes). Le regard de l’hétérosexuel n’est plus tout à fait le même. Et même s’il y a toujours des inégalités entre gays et hétérosexuels (homoparentalité, mariage…), le gay fait partie de la société française, assume des postes à responsabilité, et ne se cache plus. Il n’est donc plus cantonné au rôle de « folle » ou « fiotte » comme il y a trente ans. Malheureusement ce n’est pas le cas pour Alain Marcel qui est resté sur cette idée : un gay aime forcément se travestir, prendre le rouge à lèvres de sa mère. Il est maniéré et ne sort que dans le ghetto (Le Marais pour les parisiens). Et bien non ! Il n’a pas fallu toutes ces années de lutte pour réduire encore une fois le gay à une « tarlouze ». De fait la moitié du spectacle d’Alain Marcel est rageante. Il tombe dans les clichés, les stéréotypes et la caricature. Il efface d’un revers de la main l’évolution de la société.
Et puis dans la dernière demi-heure, Alain Marcel ébauche enfin des vrais thèmes importants. Le SIDA, avec une très belle chanson sur un homme mur amoureux d’un minet et qui va se battre pour vivre, parce que l’amour est plus fort. Il évoque aussi le rapport à la religion avec un titre intitulé « Sol, do, mi !» et met sur un même pied d’égalité les trois religions monothéistes. Il ébauche aussi les difficultés des gays dans les banlieues. Enfin dernier moment touchant, le rappel de la déportation des gays pendant la 2ème guerre mondiale, et le sort actuel des gays lapidés ou emprisonnés dans leur pays. Alors pour cette dernière demi-heure plus militante, et politique, le spectacle trouve son utilité. Dommage qu’il faille supporter toutes les chansons du début.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Encore un tour de pédalos
écrit, mis en musique et mis en scène par Alain Marcel
collaboration artistique Grégory Antoine
avec Yoni Amar
Philippe d’Avilla
Steeve Brudey
Djamel Mehnane
arrangements et piano Stan Cramer
lumières Pierre Peyronnet
costumes Jef Castaing
production Théâtre du Rond-Point / Le Rond-Point des tournées
coproduction Théâtre Marigny
Durée : 1h45
23 novembre – 31 décembre, 21h
Théâtre du Rond-Point
Dans la continuité des représentations au Théâtre du Rond-Point, le spectacle sera joué au Théâtre Marigny, coproducteur, pour trente-deux représentations à partir du 18 janvier 2011
La Cage aux Folles et les Frères Jacques repasseront… Dans cette nouvelle pièce musicale sans concession d’Alain Marcel les artistes chantent l’homo condamné, comme sur les fiottes honteuses d’une bourgeoisie has been. Chansons grotesques et amusantes, chorégraphies synchrones et furieuses fustigent ou exaltent le monde gay.
J’ai eu beaucoup de plaisir à prendre ces photos, grâce à mon lumbago je dois dire. C’était comme si j’avais un essaim de guêpes dans les lombaires. J’avais le train d’arrière qui se désagrégeait sur le strapontin ! Le metteur en scène semblait fort aise de voir sa pièce photographiée et nous simplifia la tache en ralentissant certaines scènes pour la pose des acteurs. L’enthousiasme régnant, je lui demandais l’autorisation de me déplacer autour de la scène et ce dernier me donna aimablement le feu vert. Debout, je me sentais enfin mieux, je me joignais aux acteurs/danseurs, trop heureux de sortir de mon confinement parmi les autres photographes assis.
Photos visibles de la pièce d’Alain Marcel :
http://sergebouvet.com/2010/11/encore-un-tour-de-pedalos/