Ballet connu pour sa modernité et considéré comme précurseur de la diversité, le Alvin Ailey American Dance Theater revient en France, après une longue absence, avec deux programmes qui font briller son entrain, son élégance et son approche réjouissante de la musique, malgré une esthétique parfois un peu datée.
Elle revient sur les scènes françaises après sept ans d’absence. La compagnie Alvin Ailey American Dance Theater, fondée par le chorégraphe noir américain en 1958, dévoile des créations et des pièces emblématiques à l’occasion d’un double programme au Palais des Congrès. Dans le programme A, ce Ballet modern jazz, pionnier de la diversité, révèle deux oeuvres inédites en France : Me, Myself and You d’Elizabeth Roxas-Dobrish et CENTURY d’Amy Hall Garner, qui côtoient Survivor d’Alvin Ailey et Mary Barnett et le tube Revelations. Les danseurs y déploient, avec élégance et fougue, la danse vibrante, intimement liée à la musique, d’Alvin Ailey, où cohabitent académisme et culture afro-américaine.
Me, Myself and You (2024) ressemble à un pas de deux dans les coulisses de Broadway. Créée par la chorégraphe Elizabeth Roxas-Dobrish, interprète emblématique de la compagnie, cette pièce fait virevolter une danseuse perdue dans ses souvenirs. Dans une ambiance tamisée, sa danse souple se déplie, faite de développés, de grands jetés et d’arabesques, puis de portés complexes dans un pas de deux sensuel et tourbillonnant. D’abord en peignoir argenté, puis en justaucorps noir, la danseuse dodeline sur le jazz envoûtant du titre In A Sentimental Mood de Damien Sneed et Brandie Sutton.
CENTURY (2023) de la chorégraphe Amy Hall Garner explose avec entrain sur les titres de Ray Charles, Count Basie ou The Dirty Dozen Brass Band. Les costumes, corsets et vestes lamées rose bonbon des danseur·euses invoquent sur scène une ambiance de music-hall festive. Dans une succession de brefs tableaux, ils rebondissent, sautent et ondulent avec une gaieté contagieuse, faisant apparaître des gestes qui évoquent les danses de salon, le contemporain et les danses africaines. Alors que l’énergie jazz semble bouillonner dans les corps, la danse est encore une fois portée par la musique, tout en la sublimant.
Côté répertoire, Survivor (1986) d’Alvin Ailey, plus narratif, raconte la détresse de Nelson et Winnie Mandela, militants de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Dans un décor lugubre de prison, la danse fait briller l’expressivité et la puissance des émotions pour dénoncer les injustices envers les personnes noires. Un peu daté, cet ensemble est franchement dépassé par Revelations (1960), l’une des pièces cultes d’Alvin Ailey. Elle traverse en plusieurs tableaux une palette d’émotions et d’hommages à l’héritage afro-américain, au blues et au gospel des églises baptistes texanes de l’enfance du chorégraphe. Quant à l’écriture de la danse, elle rayonne par sa modernité, et fait dialoguer une énergie jazz et des techniques modernes, dont la méthode de Lester Horton, à laquelle Alvin Ailey a été formée.
Bien que les pièces de répertoire soient un peu datées et que les créations s’avèrent sans originalité majeure – tant du côté de la chorégraphie que des thématiques abordées –, les interprètes du Alvin Ailey American Dance Theater restent de très bons entertainers. Ils débordent d’énergie du début à la fin, tout en déployant une technique virtuose, souple et expressive, qui rend un bel hommage à l’esprit du chorégraphe. Et c’est sûrement son approche émotive et enjouée de la musique qui rend cette compagnie toujours aussi pertinente.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Alvin Ailey American Dance Theater
Programme A :
Survivors
Chorégraphie Alvin Ailey, Mary Barnett
Nouvelle mise en scène Masazumi Chaya
Musiques Max Roach, Peter Philips
Décor original Douglas Grekin
Costumes Tonie-Leslie James
Lumières Tim HunterMe, Myself and You
Chorégraphie Elizabeth Roxas-Dobrish
Musique Duke Ellington
Arrangements Damien Sneed
Costumes Dante Baylor
Lumières Yi-Chung Chen
Conception scénique Elizabeth Roxas-Dobrish, Joseph Anthony GaitoCentury
Chorégraphie Amy Hall Garner
Associé de répétitions Natrea Blake
Musiques Count Basie, Duke Ellington, Rebirth Brass Band, The Dirty Dozen Brass Band, Cyrus Chestnut
Créateur de costumes Susan Roemer
Lumières et décoration de la scène Nicole PearceRevelations
Chorégraphie Alvin Ailey
Style musical Traditional Spirituals
Robes de Move, Members, Move Barbara Forbes
Décors et costumes originaux Lawrence Maldonado
Décor et costumes de la reprise Ves Harper
Lumières Nicola CernovitchDurée : 2h05 (entractes compris)
Programme B :
Following the Subtle Current Upstream
Chorégraphie Alonzo King
Associé de répétitions Meredith Webster
Musiques Zakir Hussain, Miguel Frasconi, Miriam Makeba
Costumes Robert Rosenwasser
Lumières originales Axel Morgenthaler
Lumières Al CrawfordDancing Spirit
Chorégraphie Ronald K. Brown
Assistants du chorégraphe Arcell Cabuag, Tiffany Quinn
Musiques Duke Ellington, Wynton Marsalis, Radiohead, War
Costumes Omatayo Wunmi Olaiya
Lumières Clifton TaylorRevelations
Chorégraphie Alvin Ailey
Style musical Traditional Spirituals
Robes de Move, Members, Move Barbara Forbes
Décors et costumes originaux Lawrence Maldonado
Décor et costumes de la reprise Ves Harper
Lumières Nicola CernovitchDurée : 2h (entractes compris)
Palais des Congrès de Paris
du 18 au 26 octobre 2024
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