Deux univers radicalement opposés Darius Milhaud et Charles Gounod sont l’antinomie, l’inverse, le négatif, le creux, le contraste, l’opposé, l’antipode, l’antithèse l’un de l’autre et pourtant, ils rassemblent ici en deux pièces distinctes, des condensés d’humanité. Comme l’ombre révèle la lumière, le mariage de ces deux œuvres expose tout à trac la tragédie humaine. L’exercice de style est intrigant, il faut s’y plonger tout entier, sans retenue, jouer la différence, accepter la disparité.
La Colombe expose, sans pudeur les chaînes de l’amour, l’enfermement de l’amoureux. Le livret tissé sur la fable de Boccace et La Fontaine, édulcorée par Barbier et Carré, laisse transparaître une ardeur violente qui enflamme tous les personnages. L’objet du désir, comme une hydre, sait renouveler ses grâces, raflant tous les cœurs au passage. On regarde, on juge, on s’identifie, on se conforme à la morale de l’histoire. Le Pauvre Matelot a la beauté brute d’une tragédie sans appel, un scénario taillé à la serpe, un fait divers sans cause décelable. Le texte de Cocteau n’use d’aucun artifice. Il plante un décor rudimentaire et exige que les âmes soient simples. La rudesse est provocante, il n’est pas la peine d’en rajouter. L’amour y est inconditionnel, sans concession.
Impossible d’être juge, on ne peut que se laisser surprendre, suffoqués par les choix criminels. Les contours de chacun des opéras laissent en creux la place de l’autre. La frivolité chez l’un est fidélité absolue chez l’autre, le sacrifice symbolique de l’oiseau répond au meurtre sacrificiel du mari, aux vocalises et circonvolutions mélodiques. Chez Charles Gounod, répond la ligne directe, tranchante, aux accents populaires, de la musique de Darius Milhaud. Aucune comparaison possible, chacun s’inscrit dans l’espace laissé vacant par l’autre. Note d’intention de Stéphane Vérité – février 2014
La colombe/ Le pauvre matelot
La colombe
opéra de Charles Gounod
livret Jules Barbier et Michel Carré
suivi de
Le pauvre matelot
opéra de Darius Milhaud
livret Jean Cocteau
direction musicale Claude Schnitzler
mise en scène Stéphane Vérité
Orchestre Lamoureux
La Colombe, opéra-comique en deux actes, sera suivi du Pauvre Matelot, complainte en trois actes
direction musicale Vincent Monteil
mise en scène, décors, lumières, conception des images
numériques
Stéphane Vérité
costumes Hervé Poeydomenge
conception des images numériques Romain Sosso et Stéphane Vérité
production des images numériques Romain Sosso
assistant à la scénographie Max Pace
assistante à la mise en scène Marianne Pichon
avec
Gaëlle Alix Sylvie
Jean-Christophe Born Horace
Sévag Tachdian Maître Jean
Lamia Beuque Mazet
Sunggoo Lee le Matelot
Kristina Bitenc sa femme
David Oller
Fernand Bernadi
et les musiciens de l’Orchestre Lamoureux
remerciements au Comité Jean Cocteau avec l’aimable autorisation de Pierre Bergé, président
production : Opéra national du Rhin
coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
du 11 au 15 juin 2014
mercredi 11, vendredi 13 et samedi 14 juin à 20h, dimanche 15 juin à 16h
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