La chorégraphes Anne Collod sera à la Maison des Métallos du 4 au 30 mars 2023. Elle présentera une série de propositions artistiques qui puisent dans l’histoire de la danse et plus précisément dans le répertoire d’Anna Halprin, figure de la post modern dance avec notamment sa dernière création, CommUne Utopie (2021), reprise libre de Parades & Changes de 1965 (du 10 au 12 mars 2023).
Pour approfondir cette thématique, les spectateur.ice.s pourront participer à la Blank Placard Dance, replay une performance hors-les-murs sous forme de manifestation silencieuse composée d’amateur.ice.s vêtu.e.s de blanc, muni.e.s de pancartes neutres, qui vient interroger les passants sur la nature de leurs propres révoltes (ateliers de préparation les 18 et 19 mars, performance le 25 mars de 14h à 17h).
Mais aussi : une passerelle entre mouvements et dessins proposée par la plasticienne Livia Vincenti, des ateliers pour les 8-14 ans autour du papier et de la lumière pour proposer aux enfants une première approche de la création scénique, une lecture de l’essai Rester Barbare de Louisa Yousfi et une soirée de clôture autour du jeu avec un DJ set …
De Jean-Sébastien Bach à l’Oulipo, de très nombreux·ses artistes ont joué à se surprendre eux-mêmes en s’imposant des règles du jeu ; une sorte de « conduite » à suivre avec autant de rigueur que de ruse pour défier savoir-faire et habitudes. Véritable apprentissage du désapprendre, leurs œuvres en témoignent : impossible en effet de s’installer dans une routine quand il s’agit d’inventer une phrase comportant toutes les lettres de l’alphabet, quand il faut improviser au théâtre en respectant des règles sportives, peindre les yeux fermés ou déterminer l’ordre d’une composition en jetant les dés. Il y a du jeu là-dedans, de l’humour souvent, du paradoxe toujours, car ici la contrainte féconde la liberté, repousse les limites et force l’inventivité.
Ce que l’on connaît bien concernant la musique, la peinture ou les jeux de langages est moins repéré quand il s’agit du mouvement. Et pourtant, danser sans jamais croiser le regard du public (bonjour l’équilibre !), chorégraphier à l’envers ou tenter de « dé-sauter » provoquent des courts circuits grisants pour celui qui fait comme pour celui qui regarde… Ce sont de nouvelles connexions neuronales pour de nouveaux gestes, une attitude transformée et un rapport à l’autre renouvelé qui sont en jeu.
C’est ce qui a captivé Anne Collod au point de lui faire rejouer des partitions ou protocoles créés par d’autres chorégraphes – notamment celles et ceux qui ont révolutionné la danse moderne. Avec une prédilection évidente, elle réactive des dispositifs propices aux utopies du collectif, aux contestations ludiques, au politique rieur, l’humour n’enlevant rien à l’efficacité de l’affaire, bien au contraire ! On aurait de quoi en prendre de la graine aujourd’hui, quand les contraintes environnementales nous imposent de réinventer nos façons de faire, de transformer nos conduites en étant capable, au lieu de déprimer, d’en tirer tout le potentiel pour passer du soutenable au désirable ; changer de régime de valeurs (l’addiction à la croissance en l’occurrence), quitter les sentiers battus et inventer d’autres règles du jeu et mécanismes sociaux que ceux qui nous ont conduits là où nous en sommes…
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