La Biennale des écritures du réel 2022 se déroulera du 16 mars au 12 juin 2022, à Marseille et ses alentours. La Biennale défend la vision d’un théâtre engagé et partagé qui explore de nouvelles relations entre artistes et chercheur·euses, auteur·rices, enseignant·es, habitant·es, jeunes publics…
Sans voix : en un sens, nous l’avons toutes et tous été, pris dans ce bouleversement collectif. Après l’attente contrainte, c’est aujourd’hui avec une grande joie mais aussi un profond désir de partage et d’engagement que nous ouvrons cette sixième Biennale des écritures du réel. Ces dernières années n’ont cessé de nous alerter sur la transformation nécessaire de nos sociétés. Alors, aujourd’hui plus encore qu’hier, une question s’impose à nous, théâtres et structures culturelles : que peut l’art, ou plutôt, que doit l’art, face à l’ampleur de cette tâche ? Cette édition 2022 émerge comme une tentative de réponse. Pour tendre l’oreille. Faire résonner. Éclairer. Bousculer. Rendre imaginable. Esquisser des futurs désirables.
« Sans voix » désigne tous les états de sidération ou d’invisibilisation qu’il nous faut combattre. Et sur lesquels il est indispensable de remettre des mots. « Sans voix » nous parle de tous les systèmes, tous les ordres, toutes les violences qui nous affectent, individuellement et collectivement, et dont les logiques échappent à notre compréhension. Toutes les souffrances sans parole pour les dire. Tous ces cris qui nous parviennent assourdis, car trop lointains ou trop étrangers à nous-mêmes. En somme, tous les langages qu’il nous manque.
Alors, redonner de la voix, c’est l’élan qui nous anime. Opposer des mots, opposer des luttes à toutes les réalités qui nous délitent en tant que peuple et communauté humaine. Parce qu’il est des choses que non. Simplement non. Contre les concours de brutalité, contre les tentations de repli, contre l’oubli des autres, il nous importe aujourd’hui plus que tout d’aller à la rencontre des clameurs, des pensées, des colères qui s’élèvent au présent pour revendiquer de nouvelles manières de nous tenir ensemble, sur cette Terre.
Sens, vois, vis le monde avec les yeux des autres… Peut-être que tout commence par cette disposition d’empathie envers celui ou celle qui n’est pas soi. Précisément, les « écritures du réel » n’ont d’autre préoccupation que ce corps à corps avec le réel, pour une exploration de l’humain, du vivant, comme territoire infini. L’artiste du réel traverse, autant qu’il ou elle se laisse traverser par l’expérience de l’autre. Nous en sommes intimement convaincu·es, ce monde en devenir n’aura pas d’autre impulsion possible que nos capacités, multiples et protéiformes, à faire lien.
Alors oui ! Cent voix en action, en rebond, comme un fil tendu de toi à moi, de nous à nous. Cent voix pour un « nouons-nous » en quête d’intelligences collectives. Et cent voix parmi lesquelles celles de la jeunesse, comme une manière de dire : grandissons ensemble. Nous prenons ainsi la route avec des artistes, écrivain·es, chercheur·euses, qui dans leurs disciplines respectives sont porteurs et porteuses de cette énergie transformatrice, de cette force de renversement qui pointe résolument vers d’autres destinations.
Ces voix, jamais comme des « sauve-qui-peut » ou des « attendons demain », nous accompagnent et nous aiguillent, en éclaireurs, continuellement dans un souci d’ajustement et de réciprocité. Elles tracent les cent voies d’une nouvelle carte pour habiter le monde, comme un appel à bifurquer, à frayer de nouveaux chemins d’humanités. Et ces sentiers, nous vous proposons de les arpenter aux quatre coins de notre ville, dans les théâtres et partout ailleurs : un lycée, un collège, le parc d’un hôpital, une usine, un terrain de pétanque, un centre social, une librairie, un foyer d’aide aux jeunes travailleur·euses, une bibliothèque, une église, un cinéma, sur les places, dans les rues, à votre rencontre.
C’est ici que nous nous tenons, à la croisée de l’art et de la pensée, du « voir » et du « faire », vous invitant chaleureusement à inscrire vos présences, au gré de vos aspirations et sensibilités, dans l’intimité de nos espaces partagés. Alors venez, on s’accompagne, on s’entremêle, on s’entrechoque ! Merci à celles et ceux qui participent et participeront à ouvrir ces nouvelles fenêtres sur le monde.
Laura Falzon
coordinatrice de la Biennale,
avec toute l’équipe du Théâtre La Cité
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