Cette nouvelle édition sera comme celle de 2012, populaire et expérimentale. Elle gardera toute son ouverture, parce qu’élaborer une « esthétique de la diversité » reste mon credo pour faire découvrir et aimer la danse, parce que je souhaite construire une programmation avec des œuvres populaires de grande qualité, avec les perles du hip-hop (création de Kader Attou), avec la figure montante du flamenco (création de Rocío Molina), avec une pièce sophistiquée et très rare de Jiří Kylián… La compagnie de William Forsythe sera invitée pour la première fois à Lyon avec Study#3, une « étude » de mouvement qui se concentre sur l’extraordinaire langage chorégraphique forsythien, sur les qualités inouïes d’improvisateurs de ses danseurs. Avec cette 16e édition, la Biennale propose une vision de la danse encore élargie, pas seulement dans les esthétiques, mais cette fois dans le temps, avec une prise en compte de l’histoire, en redonnant la chance au public de voir des œuvres cultes du XXe siècle (Picabia – 1924, Cunningham – 1975, Jan Fabre – 1982). Ce rapport à l’histoire nous permettra de poser une question — fil rouge de la Biennale : quelle influence a exercé et continue d’exercer la performance sur les « arts canoniques » (le théâtre et la danse) ? Mon idée est de juxtaposer des pièces historiques et des créations pour soumettre le contemporain à l’épreuve d’œuvres emblématiques du XXe siècle et réciproquement. Avec 5 œuvres de référence et 5 créations (François Chaignaud et Cecilia Bengolea pour le Ballet de l’Opéra de Lyon, Noé Soulier pour le Ballet de Lorraine, Alessandro Sciarroni…) nous relancerons la réflexion sur l’intérêt actuel pour la « danse performative » dans toutes ses dimensions. Aujourd’hui, de nombreux créateurs jouent sans innocence entre culture performative et spectacle et passent d’une pratique à l’autre, sans que cela ne leur pose le moindre problème. Nous serons les premiers témoins de cette vivifiante liberté créatrice, loin des oppositions esthétiques binaires. Nous évoquerons aussi l’important mouvement performatif lyonnais des années 70, Frigo, auquel ont participé beaucoup de chorégraphes (Régine Chopinot, Dominique Bagouet…) ainsi que Charles Picq, vidéaste attitré de la Maison de la Danse pendant 30 ans et qui nous a quittés en 2012. Nous organiserons une projection commentée avec les fondateurs de Frigo, Alain Garlan et Gérard Couty, pour découvrir des archives vidéo exceptionnelles datant des années 80. Extrait de l’édito de Dominique Hervieu. Directrice artistique de la Biennale de la danse
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