Depuis son film « Baise-moi » co-réalisé avec Coralie Trinh Thi, Virginie Despentes est qualifiée de « sulfureuse » et de « scandaleuse ». Son dernier opus « Apocalypse bébé » va sortir lors de la rentrée littéraire 2010. « King Kong Théorie » est dont son avant dernier roman. « L’envie d’écrire ce livre, explique Virginie Despentes vient de pas mal d’endroits différents, il vient aussi de l’histoire du film « Baise-Moi » et des interviews auxquels nous avons répondu après sa sortie, pendant lesquels il a fallu beaucoup « théoriser » sur le viol, la pornographie, la violence féminine… je n’ai pas de formation universitaire, la théorie ne faisait pas partie de mes pratiques, mais on a été amenées, sur le tas, à formuler quelques concepts expliquant après coup ce qu’on avait cherché à faire en réalisant ce film[1] ».
Avec « King Kong Théorie », Virginie Despentes définit une nouvelle image de la femme : « la femme virile ». Celle qui raconte son viol, qui brise son silence. « Le conseil le plus raisonnable, pour tout un tas de raison, reste « garde ça pour toi ». Etouffe, donc, salope, comme on dit ».
Salima Boutebal incarne sur scène cette femme, « prolote de la féminité ». Plantureuse et généreuse, tout en masse, Salima Boutebal n’est pas l’archétype de la féminité des magazines qui donnent la part belle aux bimbos. Elle est une femme de caractère. Dans « Shintz » déjà mise en scène par Cécile Backlés, elle interprétait la fille boulimique que les parents cherchaient à tout pris à marier. Ici elle est la femme déterminée à contrer les discours bien-pensants. « La féminité c’est la putasserie » lance Salima langoureusement installée dans son canapé en cuir. « Pourquoi le porno est l’apanage des hommes ? »….
Salima Boutebal est cependant prisonnière d’une mise en scène légère dont le seul ressort est de la faire bouger d’un canapé vers un micro sur pied. Souvent engoncée dans le cuir de son canapé, elle ne trouve pas toujours la justesse et la force pour crier les théories de Virginie Despentes. Avec une mise en scène plus inventive, et mieux travaillée, Salima Boutebal pourrait mieux encore exprimer cette révolution féministe.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
[1] ITW Mauvaiseherbe’s Weblog
KING KONG THEORIE
De Virginie Despentes
Adaptation de Salima Boutebal et Cécile Backès
Mise en scène de Cécile Backès
Avec Salima Boutebal et la voix de Félicien Juttner
du 7 au 27 juillet 2010 à 21h05 (relâche le 19 juillet)
LA MANUFACTURE
2, rue des Ecoles – 84000 Avignon
04 90 85 12 71
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